Quelle est l'importance de Jocaste dans Oedipe Roi?

Quelle est l’importance de Jocaste dans les deux oeuvres?

OEdipe roi est une tragédie du dramaturge grec Sophocle datant d’environ -430/-425 avant JC. Le mythe d’OEdipe y est dépeint, ce jeune homme coupable d’actes parricides et incestueux sans le savoir va faire face à son destin irréfutable, d’un roi adulé il va devenir un homme souillé par ses actes. En 1967, Pier Paolo Pasolini présente la réécriture cinématographique de l’oeuvre de Sophocle l’intitulant de la même façon. Dépaysée dans le temps et dans l’espace, la pièce y est encrée dans une dimension autobiographique et représentée à travers le « complexe d’OEdipe » freudien. Mis à part le protagoniste OEdipe, un autre personnage se distingue par son importance: Jocaste. Epouse incestueuse, elle donne 4 enfants à OEdipe qui est lui même son fils, puis découvrant la vérité elle se suicide. Cette femme subit son destin sans avoir véritablement de psychologie, ce qui ne l’empêche pas d’être une figure essentielle au sein du mythe.

Nous nous demanderons donc: comment Jocaste est-elle représentée dans les deux oeuvres?

Tout d’abord, nous étudierons comment la double personnalité de Jocaste est présentée, puis nous verrons qu’elle occupe une fonction dramatique au sein des deux oeuvres.

Jocaste apparait comme une épouse aimante tout en étant une mère incestueuse. Chez Sophocle, l’inceste n’est pas directement montré, il est simplement envisagé comme avec cette réplique de Jocaste: « Ne redoute pas l’hymen d’une mère: bien des mortels ont déjà dans leur rêve partagé le lit maternel ». Ainsi, l’inceste est sous-entendu mais n’est pas rattaché directement aux deux personnages concernés, cette évocation est ancrée dans une généralité relevant du complexe d’OEdipe freudien. L’utilisation du terme « rêve » apporte une distance puisqu’elle l’associe à quelque chose d’irréel, une sorte de fantasme. L’inceste entre la mère et le fils fait donc parti du passé et n’est évoqué comme faisant parti du présent qu’au moment de la révélation. De plus, la différence d’âge est totalement invisible chez Sophocle et le mariage entre Jocaste et OEdipe ne semble pas être ambigu pendant une grande partie de la pièce, au contraire il apparait comme un mariage politique entre deux époux heureux et amoureux. Leur lien est assez explicite à partir du moment où Jocaste apparait; Oedipe discute et écoute les conseils de sa femme lors de sa dispute avec Créon. De son côté, Jocaste cherche à rassurer son mari en dénigrant les oracles et se réjouit de la mort de Polybe qui annoncerait qu’Oedipe n’ait plus à craindre de tuer son père. Jocaste se montre également protectrice en lui cachant ses inquiétudes et en faisant des offrandes aux Dieux pour diminuer les angoisses de son mari. Ainsi, son comportement reflète celui d’une épouse aimante mais également et plus implicitement celui d’une mère qui veille sur son enfant.

Chez Pasolini, l’inceste est donné à voir explicitement par les scènes d’amour entre Jocaste et OEdipe. De plus, ces séquences sont réitérés plusieurs fois puisque nombreuses sont les scènes se déroulant dans la chambre conjugale où Jocaste et OEdipe partage leur amour mutuel. L’inceste se déroule devant nos yeux et nous vivons chaque étape du destin maudit qui se réalise. Ainsi, l’interdit n’est plus seulement évoqué comme un élément du passé mais comme faisant parti intégrante du mythe. Les gestes de tendresse se multiplient mais sont marqués par une certaine ambiguité. Dans le prologue lors de la scène de la tétée, Jocaste apparait mère en allaitant son fils mais également épouse en y trouvant un plaisir relevant de l’interdit. De même, dans la scène du jardin nous retrouvons OEdipe couché sur les genoux de Jocaste; cette position nous rappelle la scène de tétée avec une symétrie mère/fils filmés en contreplongée/plongée. Jocaste apparait dès le prologue comme une figure maternelle atemporelle, ce n’est que plus tard

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