Prologue Antigone

ANOUILH, Antigone, 1944

En quoi cette scène d'exposition est-elle originale?

I Un scène d'exposition entre tradition et modernité

1) Une réécriture

- Mythe d’Antigone : sujet central dans la littérature antique grecque (5e, 4e s av JC)

- Le Prologue- personnage : respect de la tradition antique (existait chez Euripide), mais il est à la fois pge et fonction : dans un discours tout autant narratif que descriptif, il se révèle omniscient et connaît le présent, le passé et surtout le futur des pges puisqu'il annonce leur mort.

- de plus, originalité car la pièce s'ouvre sur un monologue et non pas par un dialogue in medias res (esthétique classique). + débute comme une fin "Voilà." ( normalement, terme de conclusion).

2) Une scène qui remplit sa fonction d'exposition et la dépasse

-rappel du passé : histoire collective de Thèbes; histoire individuelle des pges (sentiments surtout)

- portraits physiques et moraux des 4 pges

-annonce de l'avenir : on sait dès le début qu’Antigone et Hémon vont mourir.

= Tout (le début et la fin de la pièce) est contenu ds le prologue.

3) Mise en scène originale

- occupations originales des pges : présentation curieuse dans la didascalie initiale

activités familières et qui ne sont pas celles de pges typiques de la tragédies classiques (rois, reines...) "bavardent, tricotent, jouent aux cartes"

- destruction de l'illusion théâtrale et réflexion sur le théâtre avec :

évocation du lever de rideau

expressions " jouer son rôle" ou "vont vous jouer" : personnages présentés comme imaginaires et comme s'ils prenaient vie devant nous; le spectateur assiste à la construction du pge. De plus, l'acteur peut s'identifier plus facilement au pge car on lui signifie par là que ce pourrait être n'importe qui.

- adresse directe au spectateur : "vous" / "nous" qui inclut le spectateur = création d'un lien entre le public et la scène. on peut presque parler d'antithéâtre.

= scène d'exposition innovante.

II Une scène d'exposition qui porte déjà en elle sa fin tragique

1) La fatalité

- vbs ou expressions indiquant une nécessité inéluctable : " il va falloir", "nous qui n'avons pas à", "il ne devait", "seulement le droit de mourir". futur proche "elle va être", "elle va mourir", "il va falloir" qui marquent la certitude et la rapidité avec laquelle cet avenir inexorable se réalisera sous nos yeux de spectateurs.

- impossibilité d'échapper à son destin à travers l’affirmation : "mais il n'y a rien à faire" (la pièce n’a pas encore commencé, et on sait déjà que toute lutte est inutile)

- les personnages sont dans une situation qu'ils n'ont pas choisie

Hémon éprouve pour Antigone un amour irrationnel, qui échappe à toute logique (personne n’a jamais compris pourquoi) et qui lui sera fatal.

Créon est accablé sous le poids de responsabilités qu'il n'a pas demandées et qu'il subit; sa vieillesse ("cheveux blancs, rides") et sa fatigue indiquent que la situation est un fardeau lourd à porter, même s'il est dit qu'il est "robuste" et que peut-être il pourrait mieux agir.

Antigone est engagée dans une lutte qu'elle n'a pas voulue, mais qu'elle accepte ("se dresser seule en face du monde"); mais les raisons de ce combat ne sont pas évoquées, ce qui renforce l'idée d’irrationnel et donc de fatalité : A. a été choisie par le destin.

2) Le pge d'Antigone : une héroïne tragique

- Un être marginal

portrait du pge éponyme, qui occupe le 1er/3 du passage et qui fait d'elle un marginal

elle se tient physiquement à l'écart des autres pges, dans une attitude de repli, et éprouve la solitude de l'héroïne tragique : "que personne ne prenait au sérieux dans la famille" (l. 9); "seule" répété 2 fois.

+ sens du nom d'Antigone

- opposition aux pges insouciants :

elle est le portrait en négatif d'Ismène : les adj "blonde", "belle", "heureuse" s'opposent aux termes "maigre, noiraude, renfermée, graves, triste" qui sont utilisés dans l'évocation d'Antigone (opposition terme à terme). De plus, le côté superficiel est bien souligné par l'évocation de ses occupations : elle aime danser, s'amuser, rire et plaire, et se soucie de son apparence, ce qui contraste avec l'attitude d'Antigone. Antigone diffère de sa soeur par son physique (elle n'est pas belle) et par son attitude.

La gravité d'A. s'oppose aussi à l'insouciance et la légèreté d'Hémon. Elle est caractérisée par sa tristesse.

- seule consciente de son destin, contrairement aux autres pges

"elle sent qu'elle s'éloigne à une

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