Poésie De Verlaine " il Pleure Dans Mon Coeur "

Objet d’étude N°2 : L.A. N°2

Objet d’étude : Écriture poétique et quête du sens.

Extrait : « Il pleure dans mon cœur » in Romances sans paroles (Ce poème dédié à A. Rimbaud)

Auteur : Paul Verlaine, poète symboliste, amant durant quelques années de Rimbaud. Considéré comme un poète maudit et incompris qui exprime le plus souvent sa tristesse, ses angoisses avec un souci constant musicalité.

Mouvement littéraire : Symbolisme : mouvement essentiellement poétique qui a pour ambition de retrouver le mystère et la rêverie, à découvrir des correspondances secrètes entre la nature et l'homme. Il s'agit de créer un art pur, exigeant, où le symbole permet le passage du monde matériel au monde des idées. Avec le symbolisme, le rêve, la suggestion, le fantastique l'emportent. On retrouve les thèmes du poète exclu, solitaire, du rêve, de la musique : VERLAINE, RIMBAUD, MALLARME

Genre : Poésie

Thème(s) : La tristesse, la mélancolie, l’ennui, la monotonie

Registre(s) : lyrique (expression des sentiments) et élégiaque (sur un ton plaintif)

Introduction type : La mélancolie, appelée également le spleen par C. Baudelaire, est un thème récurrent chez les poètes symbolistes. Ainsi lorsque P. Verlaine rédige son recueil Romances sans paroles en 1874, il nous fait partager, à travers ses poèmes, ses souffrances et notamment sa tristesse. Plus encore dans le poème « Il pleure dans mon cœur » extrait de l’ouvrage, Paul Verlaine exprime sur un ton lyrique et élégiaque sa douleur. Ce poème appartient à une section intitulée « Ariettes oubliées », rappelons qu’une ariette est un petit air de musique envoutant. Cela suggère bien la musicalité de ce poème à laquelle est très attaché Verlaine. Cette courte composition poétique est rédigée en forme fixe puisqu’il est composé de quatre quatrains et d’alexandrins décomposés en hexamètres. Dès lors… (Problématique puis annonce du plan)

Lecture Analytique (et / ou linéaire) :

I. Musicalité du poème qui se justifie par :

a) Le jeu des rimes

Pour les rimes, le poème repose sur quatre notes (eur, uie, son, eine) et la reprise systématique de la même rime aux premiers et derniers vers de chaque strophe. S'y ajoutent de nombreuses rimes intérieures, au premier vers " pleure " et " coeur", au vers 5 " bruit " et " pluie ", aux vers 9 et 10 " pleure " et "coeur" à nouveau.

b) Le rythme

Le poème donne la sensation de monotonie et de répétition de la pluie. Les mêmes mots et les mêmes sons régulièrement repris reproduisent le bruit de la pluie, doucement répétitif.

c) Le vocabulaire

Dès le premier vers apparaît un néologisme " il pleure " qui reproduit le cliché d'une pluie de larmes. C'est sur les ressemblances phoniques avec " il pleut " que ce " pleure " tire sa force. Le sens et le son se renforcent, c'est de la pure poésie. " il pleure dans mon coeur" est une métaphore du chagrin.

II. Le thème de l'eau apparaît à travers :

a) La fusion des verbes pleurer et pleuvoir

Tout le charme du poème consiste à nous faire confondre la pluie et les pleurs et à nous situer, insensiblement dans une autre réalité. Nous entrevoyons l'action de la pluie une langueur qui imprègne le coeur comme la pluie imprègne les vêtements.

b) Une musique de l'âme

L'identification des sensations pleurer et pleuvoir est accentuée par l'effet sonore produit par la pluie. "Oh chant de la pluie ", l'exclamatif " ô " valorise le chant de la pluie qui peut-on penser berce l'ennui du coeur dans lequel " il pleure ". Mais le thème de la pluie serait lié métaphoriquement non seulement aux larmes mais à la douceur lyrique du texte. Il y a, dans la progression du texte, un effacement progressif du prétexte à la mélancolie (la pluie) au profit de la mélancolie elle-même, qu'atteste la disparition de la pluie après la 2ème strophe. Observons aussi la passivité des formules impersonnelles, il pleut, il pleure

c) Des échos de tristesse et de mélancolie

La note dominante du poème est le chagrin qui apparaît d'emblée " il pleure ", est ensuite repris " deuil " et confirmé par " peine". Mais ce chagrin doit être modulé et il s'agirait plus d'une sorte de spleen sans cause. Nous retrouvons dans ce texte le sentiment permanent de Verlaine entre le chagrin et la douceur, une âme vidée de toute motivation, une conscience aussi incolore que l'eau de pluie.

III- L'expression de la souffrance du poète (spleen baudelairien)

A- Un sentiment général d'ennui

Cet ennui est présent dès la première strophe. Il est marqué par plusieurs éléments :

- la répétition du même vocabulaire, « coeur » apparaît dans chaque strophe, « pleurer » est présent deux fois.

- le système des rimes est très pauvre, la rime du premier vers rime avec le même mot dans le dernier vers de la strophe. Le poème tourne en rond comme Verlaine dans sa cellule. Les mots du milieu sont comme emprisonnés.

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