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Portraits de femmes dans les liaisons dangereuses

Dissertation : Portraits de femmes dans les liaisons dangereuses. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Mars 2022  •  Dissertation  •  2 914 Mots (12 Pages)  •  431 Vues

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 Le XVIIIe siècle, ou le commencement est habituellement associé à la mort de Louis XIV qui marque en effet la fin d’une époque. Ce dernier a réduit la classe aristocratique au statut de « singes de la cour », qui a oublié les valeurs féodales et se désintéresse vivement des valeurs de la bourgeoisie. Elle partage ses plaisirs entre l’amour et la méprise de ses semblables. Le libertinage, dont le sens change au cours des siècles, est un terme péjoratif du XVIe siècle, et a obtenu une nouvelle définition dans l’Encyclopédie de Diderot où il les qualifie comme une personne ne respectant pas les mœurs, mais ne tente de les braver, dont les choix sont justifiés par l’inconstance. Il devient un mode de vie avec la régence de Philippe d’Orléans. Les philosophes des lumières qui rejettent et combattent l’obscurantisme entretenu par l’Eglise, renoncent donc à la doctrine religieuse et sont proches du libertinage d’esprit. Le roman, les liaisons dangereuses de Laclos apparait en 1782, en pleine croisée de deux genres, le roman épistolaire et le roman libertin. Il reçoit donc un grand succès et renvoie à l’image d’une aristocratie corrompue, sans aucun poids politique, vivant dans l’insouciance et dirigée par les lois de l’apparence, de la satisfaction des plaisirs. Il va présenter un modèle féminin du libertinage et défendre la cause féministe.

    On peut donc se questionner, en quoi l’ouvrage épistolaire et libertin les liaisons dangereuses de Laclos est-il un roman féministe ?      

    Pour traiter ce sujet nous aborderons en une première, les exemples des conditions de vie d’une femme de l’époque par les personnages de Cécile de Volanges et Madame de Tourvel au fil de l’œuvre, puis dans une seconde partie les abus de la société et les exemples d’inégalités femmes hommes, puis du combat féministe de la Marquise de Merteuil et l’exemple de madame de Rosemonde.

     Cécile de Volanges est un parfait modèle de vertu, mais seulement par l’éducation voir par conditionnement, cette dernière a reçu une éducation religieuse dans un couvent. Elle montre parfaitement les conditions de vie d’une jeune femme au XVIIIe siècle. En effet, elle n’est jamais libre, soumise à ses parents qui décident de son mariage, elle doit épouser un homme qu’elle n’a jamais vu, Gercourt : lettre 2 « Madame de Volanges marie sa fille […] le Comte de Gercourt », se comporte selon les normes morales que l’on lui a enseignées, elle les applique simplement : lettre 1 « Maman m’a dit »  « on ne m’a encore parlé de rien » « j’ai demandé » « comme a dit Maman » « il suffisait que je fusse » «  Maman m’a dit qu’une Demoiselle devait rester au couvent jusqu’à ce qu’elle se mariât ». Elle n’est en pas encore sortie du monde de l’enfance, on observe sa naïve et innocente jeunesse, que l’on peut remarquer par le style de ses lettres : dans lettre 1 on voit l’utilisation répétitive de « maman », « gronder », nombreuses phrases exclamatives, s’étonnant de tout, cela appuie sur son style enfantin, elle a également du mal à contenir ses émotions : lettre 1 « la main me tremble » « le cœur me bat » « bien rouge » « un cri perçant » elle confond également son futur époux avec le cordonnier, elle met encore plus en avant sa gaucherie et sa naïveté enfantine, périphrase « un monsieur en noir » antiphrase « Conviens que nous voilà bien savantes ! » elle se moque en effet d’elle-même. Elle présente donc un personnage facilement manipulable qui va se trouver victime des jeux machiavéliques de la libertine, Marquise de Merteuil qui va favoriser le rapprochement entre le Chevalier Danceny : lettre 5 « le jeune Danceny en raffole » et cette dernière, a peine sortie de l’enfance Cécile devra par la suite lutter contre ses passions, l’amour qu’elle éprouvera pour Danceny : lettre 39 hyperbole « je l’aimerai toujours », forcée de se marier à Gercourt : lettre 39 « je dois » obligation, montre qu’elle ne peut pas y échapper, elle est soumise et victime de la situation.

     Madame de Tourvel est un modèle de vertu assumé, d’une bonté naturelle et sensible, elle s’épanouit dans la dévotion : elle est décrite en effet par le Vicomte de Valmont lettre 4 « sa dévotion, son amour conjugal, ses principes austères » ; et dans la lettre 6 « prude et dévote » ; « pour être adorable il lui suffit d’être elle-même » ; il énumère ensuite ses qualités physiques « sa taille ronde et souple » ; « les formes enchanteresses » ; « les plus belle dents du monde », Madame de Merteuil la décrit également dans la lettre 5 « prude », « dévote » on retrouve les même éléments de description de ceux du Vicomte, néanmoins elle critique cette dernière, elle voit sa dévotion comme néfaste ; contraire à sa doctrine libertine ; « cet entier abandon de soi-même » hyperbole afin d’insister sur sa vision de la vie éloignée ; « condamne à une éternelle enfance » métaphore, la Marquise montre sa perception de la dévotion comme un emprisonnement dans l’ignorance, et la gentillesse comme de la naïveté ; « Qu’est ce donc que cette femme ? » « toujours mise à me faire rire ! » elle utilise une question rhétorique et une phrase exclamative sous forme d’hyperbole pour montrer ouvertement sa moquerie, « paquets de fichus sur la gorge » « et son corps qui remonte au menton » hyperboles cela rajoute en effet un aspect comique, afin de se railler de celle-ci qui n’adhère pas a la mode des décotés au XVIIIe siècle. Bien qu’elle présente un modèle vertueux et d’une gentillesse innée, elle est également un exemple parfait de la condition féminine de l’époque, en effet elle a reçu une éducation religieuse, soumise à la manière de Cécile de Volanges, liée par un mariage arrangé au Prédisent de Tourvel : lettre 56 « chérie et estimée d’un mari que j’aime et respecte et mes plaisirs se rassemblent dans le même objet » elle l’aime véritablement mais est soumise à ce dernier « Je suis heureuse, je dois l’être » « s’il existe des plaisirs plus vifs je ne les désire pas » assure être heureuse et se contente de son mari, qui est un plaisir qui lui suffit amplement, mais nous témoigne également de manière implicite qu’elle n’a pas le choix.  Elle fait également partie des grandes victimes de cette œuvre, en effet prise au piège par le jeu séducteur et manipulateur du libertin Vicomte de Valmont qui tente tout pour s’approcher de cette dernière :  en effet dans la lettre 21 il se rend dans un village où il effectue un acte de charité envers les paysans, dans la misère a cette époque. Il la manipule donc, se sert de la gentillesse, de sa dévotion et de sa situation de soumission en tant que femme pour se rapprocher d’elle : « voilà l’ennemi digne de moi, voila le but que je prétends atteindre » « vainqueur de ses remords » « ma gloire » il voit Madame de Tourvel comme une conquête, un but à atteindre pour satisfaire son égo. Il mêlera également manipulation et chantages : lettre 125 « Hé bien la mort ! » il la menace, fait un chantage au suicide. Ne pouvant plus lutter contre ses passions, par peur de perdre l’homme qu’elle aime on apprend dans la lettre 128 qu’elle cède « placée par M. de Valmont entre sa mort ou son bonheur, je me suis décidée pour ce dernier parti ». En luttant donc contre ces passions qui la dévastent, elle devient un personnage tragique et pathétique : elle finira seule et désespérée on le voit dès la lettre 35 : « Valmont… Valmont ne m’aime plus, il ne m’a jamais aimée. » ; elle sombre aussi petit a petit dans la folie suite à son chagrin « La Funeste vérité m’éclaire, et ne me laisse voir qu’une mort assurée et prochaine » lettre 143 ; puis mourra au couvent de folie et de désespoir lettre 165.

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