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Portrait du roi don carlos dans Hernani

Cours : Portrait du roi don carlos dans Hernani. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Mai 2020  •  Cours  •  755 Mots (4 Pages)  •  788 Vues

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Hernani, Victor Hugo, la figure du Roi.

Don Carlos, de l’entrée de l’intrus à l’intronisation de l’Empereur.

        Le personnage de Don Carlos est intéressant à plus d’un titre, mais on peut d’emblée souligner son opposition à Hernani dont il semble bien être l’exact contraire tout en se présentant comme son rival. Son évolution dans la pièce lui permet d’ailleurs d’échapper à cette contradiction en lui conférant une grandeur, une hauteur de vue qu’il était loin de posséder au début. La métamorphose, d’ailleurs jugée comme peu crédible par les opposants à la pièce, mérite donc qu’on s’y attarde pour mieux souligner l’importance du personnage.

  1. L’évolution de Don Carlos : Il est remarquable que le personnage entre incognito sur scène, et que le spectateur n’apprenne que tardivement son identité, en même temps  que Dona Sol et Hernani. Il ne présente d’ailleurs pas les caractéristiques attendues d’un monarque, se présentant seul et de nuit chez une jeune femme dans le but de la courtiser. Ses propos ne sont pas davantage ceux d’un homme éduqué, se laissant même aller à la grivoiserie (vers 10), et son attitude envers la jeune femme se révèle souvent brutale, autoritaire, voire même grossière (il n’hésite pas à proposer à Hernani de la partager (vers 187 ‘Partageons. Voulez-vous ?...). Le spectateur découvre donc un individu sûr de lui, arrogant, qui compromet la duègne après l’avoir menacée, et se montrera tout aussi hautain face à Hernani. La confrontation entre les deux personnages est à cet égard très intéressante également car elle permet de souligner leurs différences dans un jeu de miroir inversé. Hernani se montre magnanime, généreux et sincère, quand le Roi au contraire use de son pouvoir pour le dominer. Ainsi le bandit laisse partir le monarque qui pourtant lui rappelle sa détermination à le poursuivre et ce alors même qu’il le tient à sa merci, couvrant d’ailleurs sa fuite en le revêtant de son propre manteau (vers 623 à 625, ‘Va-t’en ! Va-t’en !...). A l’amour passionné d’Hernani répond le caprice d’un Roi qui n’hésite pas à violenter Dona Sol (cf. didascalie II, 2 ‘la saisissant avec violence’) puis à marchander ses charmes, lui promettant titres et possessions (vers 538 ‘Je te donne, choisis, quatre de mes Espagnes’). Il est tout aussi irrespectueux envers le vieux Duc en exigeant que ce dernier enfreigne la loi de l’hospitalité, et n’a que peu d’égards pour les illustres aïeux de cette grande famille d’Espagne. Ainsi se moque-t-il de l’âge de Don Ruy Gomez en rappelant sa calvitie, (vers 1195, 1196, ‘Le bourreau la prendrait par les cheveux en vain.// Tu n’en as pas assez pour lui remplir la main’) et menace-t-il de raser son château en dépit de son rang. Ses courtisans enfin sont vils et soumis, prêts à tout pour obtenir quelques faveurs même si elles ne sont pas justifiées, (Don Ricardo devient ainsi Comte par inadvertance, vers 443, 444).

Mais si ce Don Carlos a un comportement qui manque de noblesse dans les trois premiers actes de la pièce, il change cependant d’attitude lors de son élection au trône d’Empereur, au moment même où il découvre le complot ourdi contre lui par les insurgés.

  1. Un ‘mauvais roi’ devenu un Empereur juste : Cette évolution psychologique de Don Carlos se justifie par son ascension politique. En effet, devenu Empereur sous le nom de Charles-Quint, il renonce à l’amour pour Dona Sol et entend désormais se consacrer tout entier à sa tâche de souverain, dont la principale qualité doit être l’aptitude à l’abnégation et à la clémence. Le monologue qui clôt l’acte IV confirme cette transfiguration du personnage, devenu par la force des choses ‘un autre homme’, et tenu, par son nouveau statut d’empereur, de se montrer à la hauteur de son rang. Ainsi l’honneur est-il sauf, et l’œuvre ne peut être perçue comme une remise en cause de la monarchie puisqu’au contraire le monarque s’amende et devient, à l’image de l’Empereur Auguste dans Cinna, la pièce de Corneille, magnanime. Il use alors de son pouvoir pour rétablir Hernani dans ses biens et ses titres, et pousse même la générosité jusqu’à lui donner Dona Sol comme épouse dans un rebondissement inattendu (vers 1757, ‘Duc, voilà ton épouse.’)

Le personnage du Roi, figure controversée lors des premières représentations de la pièce, ne constitue donc pas une mise en accusation d’un système politique vacillant puisque finalement Don Carlos sort grandi de l’histoire. Sans doute faut-il rappeler qu’alors Victor Hugo, qui se dit libéral en littérature, reste encore très conservateur sur le plan politique.

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