Le portrait de Don Juan par Sganarelle

        Dans cette tirade, Sganarelle présente son maître Don Juan pour répondre aux interrogations de Gusman, mais aussi pour permettre aux spectateurs de découvrir qui est Don Juan. Nous verrons donc dans un premier temps comment apparaît Don Juan. C'est un homme complexe comme nous le fait comprendre Sganarelle quand il dit : « Tu ne sais pas encore quel homme est DJ ». Celui-ci va donc nous présenter son maître en précisant successivement certains aspects de sa personnalité.         Tout d'abord, il nous le présente en utilisant une accumulation de termes négatifs comme « le plus grand scélérat... » où il utilise également un superlatif pour exagérer, comme encore « un enragé, un chien » où son maître est déshumanisé et comme enfin « un diable, un Turc, un hérétique » où il met en avant son rejet de la religion.  Il fait ensuite se succéder trois propositions relatives qui complètent ce portrait par rapport à la religion en montrant que Don Juan ne croit vraiment en rien (« qui ne croit ni ciel, ni enfer, ni loup-garou »), par rapport à la morale (« qui passe cette vie en véritable bête brute [...] Sardanapale ») et enfin par rapport à son rejet des règles sociales (« traite de billevesées tout ce que nous croyons »). Don Juan apparaît ici comme un libertin qui ne respecte rien et ne croit en rien.

        Ensuite, Sganarelle parle de la relation de DJ avec les femmes et montre qu'il ne respecte pas le mariage. En effet, pour Sganarelle, le mariage est synonyme de « contrat » à respecter, mais pour DJ c'est « un piège pour attraper les belles ». Don Juan refuse tous types de limitations qu'elles soient quantitatives (« il aurait plus fait », « il aurait encore épousé »), sociales (« dame, demoiselle, bourgeoise, paysanne ») ou encore temporelle ou géographique (« en divers lieux », « jusques au soir »). Sganarelle va même jusqu'à dire qu'il aurait épousé « toi, son chien, son chat » pour insister sur le caractère excessif de DJ. En amour également, DJ apparaît comme un libertin et un séducteur sans scrupules.

        Enfin, Sganarelle met en avant le sentiment de supériorité de DJ, mais supériorité mal placée. DJ est un « grand seigneur » qui appartient à l'aristocratie et qui profite de son statut social pour séduire tous types de femmes ou pour remettre en question les croyances établies : « [il] traite de billevesées tout ce que nous croyons ». Mais il est aussi un « méchant homme » qui n'a aucune conscience du mal, est pire que le « diable », et commet des actes qualifiés « d'horreurs » par Sganarelle. Ainsi DJ apparaît véritablement sous un jour négatif ce que Sganarelle n'apprécie pas, mais il le craint et se voit contraint de lui obéir comme nous le verrons dans la seconde partie.

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