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Peut-on Considérer Coelio Comme Le Double D'Octave ?

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Par   •  28 Janvier 2013  •  1 586 Mots (7 Pages)  •  1 166 Vues

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Musset, Les Caprices de Marianne

Acte I, scène 1

COELIO, rentrant. - Malheur à celui qui, au milieu de la jeunesse, s'abandonne à un amour sans espoir ! Malheur à celui qui se livre à une douce rêverie avant de savoir où sa chimère le mène et s'il peut être payé de retour ! Mollement couché dans une barque, il s'éloigne peu à peu de la rive, il aperçoit au loin des plaines enchantées, de vertes prairies et le mirage léger de son Eldorado. Les vents l'entraînent en silence et, quand la réalité le réveille, il est aussi loin du but où il aspire que du rivage qu'il a quitté ; il ne peut ni poursuivre sa route ni revenir sur ses pas. (On entend un bruit d'instruments). Quelle est cette mascarade? N'est-ce pas Octave que j'aperçois ? (Entre Octave.)

OCTAVE. - Comment se porte, mon bon Monsieur, cette gracieuse mélancolie ?

COELIO. - Octave ! ô fou que tu es ! tu as un pied de rouge sur les joues !

- D'où te vient cet accoutrement ? N'as-tu pas de honte en plein jour ?

OCTAVE. - O Coelio ! fou que tu es ! tu as un pied de blanc sur les joues !- D'où te vient ce large habit noir ? N'as-tu pas de honte en plein carnaval ?

COELIO. - Quelle vie que la tienne ! Ou tu es gris, ou je le suis moi-même.

OCTAVE. - Ou tu es amoureux, ou je le suis moi-même.

COELIO. - Plus que jamais de la belle Marianne.

OCTAVE. - Plus que jamais de vin de Chypre.

COELIO. - J'allais chez toi quand je t'ai rencontré.

OCTAVE. - Et moi aussi j'allais chez moi. Comment se porte ma maison ? il y a huit jours que je ne l'ai vue.

COELIO. - J'ai un service à te demander.

OCTAVE. - Parle, Coelio, mon cher enfant. Veux-tu de l'argent ? Je n'en ai plus. Veux-tu des conseils ? Je suis ivre. Veux-tu mon épée ? voilà une batte d'arlequin. Parle, parle, dispose de moi.

COELIO. - Combien de temps cela durera-t-il ? Huit jours hors de chez toi ! Tu te tueras, Octave.

OCTAVE. - Jamais de ma propre main, mon ami, jamais; j'aimerais mieux mourir que d'attenter à mes jours.

COELIO. - Et n'est-ce pas un suicide comme un autre que la vie que tu mènes ?

Petits Classiques Larousse -5- Ruy Blas de Hugo

OCTAVE. - Figure-toi un danseur de corde, en brodequins d'argent, le balancier au poing, suspendu entre le ciel et la terre ; à droite et à gauche, de vieilles petites figures racornies, de maigres et pâles fantômes, des créanciers agiles, des parents et des courtisans ; toute une légion de monstres se suspendent à son manteau et le tiraillent de tous côtés pour lui faire perdre l'équilibre ; des phrases redondantes, de grands mots enchâssés cavalcadent autour de lui ; une nuée de prédictions sinistres l'aveugle de ses ailes noires. il continue sa course légère de l'orient à l'occident. S'il regarde en bas, la tête lui tourne ; s'il regarde en haut, le pied lui manque. Il va plus vite que le vent, et toutes les mains tendues autour de lui ne lui feront pas renverser une goutte de la coupe joyeuse qu'il porte à la sienne, voilà ma vie, mon cher ami ; c'est ma fidèle image que tu vois.

COELIO. - Que tu es heureux d'être fou !

OCTAVE. - Que tu es fou de ne pas être heureux ! Dis moi un peu, toi, qu'est-ce qui te manque ?

COELIO. - Il me manque le repos, la douce insouciance qui fait de la vie un miroir où tous les objets se peignent un instant et sur lequel tout glisse. Une dette pour moi est un remords. L'amour, dont vous autres vous faites un passe-temps, trouble ma vie entière. O mon ami, tu ignoreras toujours ce que c'est qu'aimer comme moi ! Mon cabinet d'étude est désert ; depuis un mois j'erre autour de cette maison la nuit et le jour. Quel charme j'éprouve, au lever de la lune, à conduire sous ces petits arbres, au fond de cette place, mon choeur modeste de musiciens, à marquer moi-même la mesure, à les entendre chanter la beauté de Marianne ! Jamais elle n'a paru à sa fenêtre ; jamais elle n'est venue appuyer son front charmant sur sa jalousie.

OCTAVE. - Qui est cette Marianne ? est-ce que c'est ma cousine ?

COELIO. - C'est elle-même, la femme du vieux Claudio.

OCTAVE. - Je ne l'ai jamais vue, mais à coup sûr elle est ma cousine. Claudio est fait exprès. Confie-moi tes intérêts, Coelio.

COELIO. - Tous les moyens que j'ai tentés pour lui faire connaître mon amour ont été inutiles. Elle sort du couvent ; elle aime son mari et respecte ses devoirs. Sa porte est fermée à tous les jeunes gens

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