Petit Pays, ''Lettre à Laure''

Introduction :

La guerre est une fatalité qui s'abat un jour, maintenant comme hier, ici et là-bas, partout et nulle part à la fois, et qui modifie ou détruit à jamais tout ce qui l'entoure, tout ce qu'elle touche. 

''Lettre à Laure'', un extrait du roman Petit Pays de Gaël Faye, un auteur franco-rwandais mais aussi compositeur interprète, illustre une réalité dure mais, malheureusement, vraie, de la guerre, car c'est un texte qui mêle réalisme, lyrisme, et un langage riche et soutenu sous forme poétique.

Un enfant d'une dizaine d'années, Gabriel, nous confie indirectement, au fur et à mesure d'une lettre adressée à son amie Laure, comment cette réalité de la guerre a rattrapé son enfance, et son innocence de petit garçon.

Ainsi, nous nous demandons comment l'évolution du personnage de Gaby arrive-t-elle à sa fin. Nous aborderons d'abord la maturité du personnage, puis la description détaillée qu'il utilise.

I/ Maturité du personnage

a) vocabulaire adulte

-''lune eucharistique'' l. 23 / ''recouvrent l'infini, imprègnent le monde'' l. 26-27 → démontrent que la guerre, tout ce qu'il a vécu, a changé son regard sur le monde, l'a fait grandir et le pousse à utiliser des mots et des tournures de phrase qui, à son âge, ne devraient pas avoir lieu d'être

''les enfants des rues décorent des sapins […] l.5 → indirectement, il ne se désigne plus lui-même comme un enfant.

- présence de tournures poétiques → ''ciel démesuré s'emplit d'étoiles'' l. 22 / ''une buée de saison bleue'' l. 18 / ''myriade de papillons blancs'' l. 19 qui indiquent qu'il s'est déjà forgé une ouverture d'esprit, une culture, une plénitude assez conséquentes, qui étonnent venant d'un enfant de 10 ans.

- ''le dos appuyé contre une pierre tombale, je partage une cigarette avec la vieille Rosalie sur la tombe d'Alphonse et Pacifique'' l.15-16 → corruption de l'enfant qui fume déjà à dix ans, et montre que sa grand-mère elle-même le considère comme ''adulte'' puisque elle partage avec lui des moments réservés à la base aux plus âgés.

→ cette phrase montre aussi que si le pays a essuyé une guerre civile sanglante, Gaby, à son échelle, a subi également des pertes importantes.

→ d'autant plus, la situation a dans ses fondements une part un peu ''glauque'' et sinistre : Gaby fume tout de même avec sa Rosalie sur les tombes de ses oncles.

c) vestiges ''enfantins''

- ''une patinoire où les hippopotames albinos glissent sur leurs ventres mous'' l. 7-8 / ''nuages sont des moutons'' = métaphores qui démontrent que c'est bien toujours un enfant qui écrit, mais avec une certaine présence de maturité.

- ''plus rien à réparer, plus rien à sauver, plus rien à comprendre'' l. 2-3 →  répétition du mot ''plus rien à''  afin de faire impact sur le lecteur, car il signifie tout simplement la de ses rêves d'enfants, de son innocence. Quelque part, lui aussi se trouve à ''six pieds sous la glace'', enterré tout comme le sont ses oncles, Alphonse et Pacifique.

II/ Une description détaillée et poétique

a) évocation continuelle de la mort/guerre

champ lexical de la mort, lexique de la violence → ''hôpitaux vides'' l. 10 / ''prisons'' l. 11 / ''tombale/tombe'' l. 15-16 / ''ni paradis ni enfer'' l. 27-28 / ''fantômes'' l. 28 / ''immortels'' l. 29 

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