Pensez vous que lire des romans permet nécessairement de nous guérir de notre égocentrisme ?

Essai littéraire :

 Pensez vous que lire des romans permet nécessairement de nous guérir de notre égocentrisme ?

        Les romans sont des clés essentiels de la littérature, ils construisent un univers, posent un décor, mettent en scène des personnage, des idées, des époques, ainsi que des modes de vie, à travers des histoires fictives. Ils immergent leurs lecteurs dans un nouveau monde. Mais, pour autant, leur lecture permet elle nécessairement de nous guérir de notre égocentrisme ?

        Dans un premier temps, il me semble que le roman est un remède efficace et indispensable contre l’égocentrisme. Car ceux-ci permettent d’extraire le lecteur de ses points de vues et de ses intérêts propres pour le confronter à des figures antérieurs. Il fait donc face à d’autres sensibilités que les siennes, qui sont souvent différentes et parfois mêmes opposés. Alors, le lecteur de roman sort de lui même en s’identifiant à des personnages pour apprendre à connaître de nouvelles façons de vivre et d’autres réalités. Cela lui permet de quitter son égocentrisme, ses avis, ses préjugés, ses passions, ses traits de caractères pour comprendre, de façon inclusive, l’histoire et la pensée de plusieurs existences. Ainsi, dans un roman policier, il est possible de se retrouver dans la peau du détective menant l’enquête et chercher à trouver les indices et le coupable avec passion et ferveur. Ou bien l’on peut se projeter en le personnage de Juliette, dans ‘’Roméo et Juliette’’ de Shakespeare, tiraillée et n’arrivant pas à choisir entre son amour pour Roméo et les demandes de sa famille.

 Aussi, il me semble que la lecture de roman éveille le lecteur au monde qui l’entoure à travers la vie des personnages de roman. Par exemple, lorsque j’ai lu «Les Impatientes » de Djaiili Amadou Amal, j’ai rencontré trois jeunes filles. Celles-ci sont mariées de force, violées et vivent dans une société contrôlée par l’islam extrémiste qui brisent tous leurs rêves et les condamnent, inévitablement, à devenir des maîtresses soumises de maison. Je me suis totalement identifiée à ces femmes discriminées, pour autant  je n’ai pas les mêmes sensibilités qu’elles et ma condition est très différente de la leurs. Mais sans entraves, je me suis entièrement projetée en elles et dans les atrocités qu’elles subissent. J’ai eu le sentiment d’être face au combat perpétuel et quotidien qu’elles mènent pour survivre. Au sein de cette lecture, je n’étais donc plus moi même. Le roman, par sa  narration, nous fait vivre les maux et les pensées des personnages et c’est ce qui engendre une immersion totale. Celle-ci provoque la sortie du narcissisme du lecteur et l’oubli de ses soucis individuels. Ainsi, l’immersion fait découvrir au lecteur le monde qui l’entoure et lui fait prendre du recul sur lui même. Le roman permet donc de développer des sensibilités nouvelles et de s’ouvrir aux différents univers et personnalités inconnues qui nous environnent. Cela, donne vie à une nouvelle capacité de communication avec les êtres qui existent autour de nous et donc une meilleure compréhension de l’humain. Finalement et paradoxalement, c’est par l’absurde, l’imaginaire, le fictif qu’on découvrent des réalités, notre environnement et qu’on peut potentiellement échapper à l’égocentrisme.Selon  Tzetan Todorov, la littérature permet de « comprendre la condition humaine et [qu’] elle transforme de l’intérieur l’être de chacun de ses lecteurs »

        D’autre part, il me semble que se délivrer de l’égocentrisme par la lecture diverge en fonction du roman que l’on choisit, de son style, de son écrivain et de son genre. Car la lecture de certains romans cultivent, volontairement, l’intérêt du lecteur pour son individualité. Puisqu’ils sont rédigés pour le développement personnel avec un aspect très psychologique. Aujourd’hui notamment, avec le monde virtuel, j’ai l’impression que nous sommes amenés à rencontrer de plus en plus ce genre de roman. Les réseaux sociaux étant des lieux très propice à l’égocentrisme car ses habitants aiment s’y montrer, et s’y pavaner. Ces romans, dans enceinte virtuelle, nous y sont présenter comme des guides de compréhension à notre personnalité et du monde extérieur, ainsi qu’à notre émancipation et notre bien-être... Mais au contraire, la lecture de ces ouvrages a plutôt une répercussion négative. Le danger est de rendre ses consommateurs totalement obnubilés et centrés sur leurs être. De plus, il faut diversifier sa lecture. Car si l’on se nourrit uniquement d’un seul style de roman cela va conduire fatalement à la réduction de notre champs d’horizon. Ainsi, l’on finirait par penser que ce qu’on lit est l’unique façon de représenter, de raconter, mais aussi d’envisager et d’imaginer l’existence de l’homme.

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