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Pensez-vous que la comédie a pour fonction première de divertir le public ?

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Par   •  11 Novembre 2016  •  Dissertation  •  2 174 Mots (9 Pages)  •  6 969 Vues

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Extraits :

Texte 1 : Molière, l’Avare (acte V, scène 3)

Texte 2 : Molière, Tartuffe (acte V, scène 7)

Texte 3 : Molière Monsieur de Pourceaugnac (acte III, scène 3)

Dissertation :

Pensez-vous que la comédie a pour fonction première de divertir le public ? Vous examinerez la problématique suivante en vous fondant sur les extraits ci-dessus ainsi que vos connaissances personnelles.

Depuis l’Antiquité grecque, la comédie fut au théâtre le principal moyen de divertissement. Une comédie a toujours eu pour but de divertir le public. Pascal considérait la comédie comme un « divertissement », permettant à l’homme d’oublier ses soucis et la « misère » de sa condition de mortel. Cependant, il est clair que la Comédie a d’autres fonctions que de divertir et qu’elle peut également instruire et faire réfléchir le spectateur. On peut donc se demander si le but principal de la comédie est réellement d’amuser le public.

Dans une première partie, nous montrerons que la fonction première de la comédie est divertir le public grâce essentiellement à des procédés comiques. Dans une deuxième partie, nous verrons qu’elle a également pour fonction de faire réfléchir le spectateur, tout en divertissant, et que c’est peut-être même son but principal.

        Par essence, la comédie cherche à faire rire, et parfois sans autre but, ce qui pourrait s’expliquer par son origine, car la comédie est issue de la farce du Moyen Age. A cette époque, les farces ne servaient qu’à divertir le public et on n’accordait d’ailleurs peu d’importance à ces pièces. On ne peut que constater que toutes les comédies, que ce soit les comédies proches de la farce, mais également les comédies de caractère et de mœurs, cherchent à faire rire. Dans ce but, elles utilisent de nombreux procédés comiques.

Tout d’abord, il y a le comique de situation qui était déjà très utilisé dans les farces. Par exemple, dans Monsieur de Pourceaugnac, comédie de Molière très proche de la farce, on rit beaucoup des coups montés contre Mr de Pourceaugnac. A moment donné, il est forcé de se déguiser en femme et deux gardes Suisses essaient de le séduire, le prenant vraiement pour une femme. Le comique repose sur un quiproquo, malentendu qui consiste ici à prendre un homme pour une femme. On retrouve l’utilisation du quiproquo, sous d’autres formes, dans de nombreuse comédies de caractère de Molière, comme par exemple, dans l’Avare : lorsqu’Harpagon demande à Valère de confesser son « crime », il parle du vol de sa chère cassette, alors que Valère croit comprendre qu’il fait allusion à l’amour qu’il ressent secrètement pour Elise, qu’ Harpagon (son père), a décidé de marier à un vieil homme riche. Le malentendu au niveau de la compréhension de certains mots dure toute une scène, ce qui fait beaucoup rire le public. Lorsqu’Harpagon parle de « trésor », pensant à sa cassette, Valère croit qu’il s’agit d’ Élise, sa bien-aimée. Lorsque Valère parle de « l’amour », Harpagon pense à son « amour  pour ses louis d’or »…

Il y a ensuite le comique de gestes, qui était très utilisé dans les farces et la commedia dell’arte. Que de coups de bâtons, de soufflets et de chutes dans toutes les pièces de Molière,( L’Avare, les fourberies de Scapin…), de Beaumarchais (le Mariage de Figaro), de déguisements et travestissements, comme dans Monsieur de Pourceaugnac.

Dans cette dernière pièce, le comique de la scène avec les deux Suisses (citée ci-dessus)) est accentué par le comique de gestes, avec Mr de Pourceaugnac qui est tiré violemment par les deux suisses qui disent : « - l’est moy qui le veut couchair avec elle  - Moy ne vouloir pas laisser –Moy l’y vouloir, moy … ».

Comme on le constate dans cette scène, le comique de mots est également très utilisé pour déclencher le rire du spectateur, avec les répétitions de certains mots, les déformations de mots, l’utilisation d’un charabia, de mots grossiers ou vulgaires. Le comique de mots est également très utilisé dans les comédies de caractère comme l’Avare, avec par exemple des exagérations, lorsqu’Harpagon parle de « crime », d’ « assassinat », de « son sang et de ses entrailles », lors du vol de sa cassette.

       Dans toutes les comédies, les personnages ont eux-mêmes pour fonction de faire rire par leur ridicule, tel Harpagon dans l'Avare de Molière. Comme nous l’avons vu plus haut, ses réactions sont totalement disproportionnées, ce qui provoque le rire chez le spectateur. Peut-on réellement penser que Molière dénonce sérieusement le vice de l’avarice dans cette pièce ? Harpagon ne peut être un personnage réel, c’est une caricature de l’avare, et on ne peut dénoncer ce qui n’existe pas. De même, le personnage de Tartuffe (dans la comédie du même nom) n’est que la caricature d’un imposteur. Le décalage entre son masque de dévot et son vrai visage est comique. Son discours est si exagéré qu’on voit constamment qu’il ment et que tout ce qu’il dit est l’opposé de ce qu’il fait. Un tel être ne peut exister. Et même s’il existait, il ne serait pas vraiment dangereux car son imposture serait démasquée rapidement. C’ est d’ailleurs le cas dans la pièce, puisque Tartuffe est finalement démasqué par la justice. Le spectateur ne peut donc être réellement inquiété. C’est d’ailleurs le cas dans toutes les comédies puisque les dénouements sont systématiquement des dénouements heureux, ce qui a pour fonction de plaire et de rassurer le spectateur.

On peut même constater que de nombreuses scènes de comédies n’ont aucun sens argumentatif et que dans ce cas, le divertissement ne corrige en rien les mœurs, bien au contraire. C’est le cas de toutes ces bastonnades, ces soufflets que donnent les maîtres à leurs valets (dans les fourberies de Scapin, le Mariage de Figaro…) n’ont aucune morale, puisque le public rit de la violence faite aux plus pauvres par les plus riches et les plus puissants. Dans Monsieur de Pourceaugnac, la violence est particulièrement perverse. Monsieur de Pourceaugnac est la caricature du gentilhomme de province issu de la petite noblesse, dont se moquent précieux et précieuses qui trouvent à la cour de Louis XIV. Son nom fait référence au cochon contrastant avec la particule aristocratique. Le public rit de ses manières provinciales et quelque peu ridicules, et des coups montés contre lui. On

l’oblige même à se travestir en

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