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Paroles rapportées

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Par   •  9 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  1 696 Mots (7 Pages)  •  329 Vues

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Représentations de discours autre et journaux du XIXe siècle

Au xx e siècle, la linguistique énonciative a permis d’appréhender les problématiques liées à la parole. Saussure et Benveniste ont défini la parole comme l’acte concret de la langue résultant de l’acte d’énonciation. En effet, l’acte d’énonciation est le passage de l’état virtuel de la langue à l’état concret par une exécution individuelle d’utilisation. La parole est donc constitutive de l’être humain. Comme Benveniste, nous préfèrerons le terme de « discours » à celui de « parole » pour évoquer le mode d’énonciation qui suppose l’interaction d’un locuteur et d’un auditeur insérée dans le présent de l’énonciation portant les traces de la situation d’énonciation par opposition au récit.

La représentation de discours autre (RDA), qui est une énonciation où un énonciateur va représenter dans son propre énoncé un autre énoncé, est caractéristique de la presse. En effet, « les propos d’autrui constitue une activité essentielle des journalistes ».[1] Un des buts du journalisme étant de transmettre une information en alliant faits et commentaires.

Le corpus est composé d’un témoignage (Le Figaro), d’une interview (Le Gaulois) et d’un compte-rendu de séance juridique présenté également sous la forme d’interview (L’Echo de Paris).

Comment un discours journalistique hétérogène prenant appui sur le discours direct constitué de plusieurs niveaux d’énonciations permet-il de lier oralité et écriture ?

  1. Une hétérogénéité dans le discours médiatique : une polyphonie énonciative

Rapporter les paroles ou les pensées d’autrui est un acte courant. C’est le principe du dialogisme définit par Bakhtine : tout discours constitue une entité polyphonique.

  1. Une « hétérogénéité montrée »[2] : Comme le montre Sophie Moirand, le texte journalistique est par définition polyphonique :

« Le texte journalistique devient alors une mosaïque de voix, constituée d’une pluralité de fils intertextuels». [3]

On va donc rencontrer dans le même discours journalistique des éléments liés à des sources d’énonciation différentes. L’énonciateur-journaliste va représenter dans son énoncé, un autre énoncé, un discours extérieur qui n’est pas le sien, mais qu’il va intégrer dans son propre discours. Une différence notable émane entre ces deux instances discursives que sont le discours émanant du journaliste et le discours rapporté. Le journaliste, seul à parler dans le sein même de l’article, se divise en plusieurs voix : une énonciation première liée à l’acte d’énonciation du « locuteur en tant que tel »[4] (L1), ici le journaliste considéré comme le responsable de l’énoncé. Le deuxième niveau d’énonciation est le discours représenté. Celui qui parle est considéré comme un « énonciateur », un « locuteur en tant qu’être au monde »[5] (l2), représenté par l’énonciateur premier. Cependant il n’y a pas d’actualisation dans le présent, c’est un discours représenté.

  1. Discours direct et hétérogénéité : Le corpus choisi propose de s’intéresser particulièrement au discours direct (DD). Pour bref rappel, dans cette configuration l’énonciateur (L1) prétend restituer des paroles citées d’un autre énonciateur absent. Il y a ainsi une superposition de deux énonciations: une énonciation citante qui est le discours cadre (E1) et une énonciation citée (e2) qui est le discours encadré[6]. Dans le discours représenté (e2) l’acte d’énonciation a une autonymie comprenant des mots en mention renvoyant d’abord à eux-mêmes en tant que signifiant. Ceux-ci s’opposent à l’emploi standard de la partie représentante (E1), où les mots sont en usage, renvoyant à un référent du monde. Les déictiques peuvent donc être répartis en deux systèmes de repérage différents : celui de la voix du journaliste (L1) et celui de la voix des autres énonciateurs représentés (l2). Ces discours n’ont pas les mêmes références car ils renvoient à deux situations d’énonciation différentes : le temps de l’écriture du journaliste pour la situation de L1 et le temps de la conversation pour l2.

Dans les articles, le « je » du discours représentant (E1) renvoie au locuteur premier (L1) c’est-à-dire au journaliste en train d’écrire son article :

  • « Je viens de les feuilleter » renvoie à « Parisis » (Le Figaro)
  • « J’ai voulu savoir » renvoie à « Tout-Paris » (Le Gaulois).

Dans les discours représentés (e2) le même déictique correspond aux énonciateurs seconds (l2) comme :

  • « Nous avons pris l’Opéra » renvoie aux deux directeurs de l’Opéra présentés sous une seule voix commune dans Le Gaulois, ici « nous » est une forme de « je » au pluriel.
  • « J’ai retrouvé dans le discours » renvoie au rapporteur M. Bérenger dans L’Echo de Paris.
  • « J’eus un petit geste de doute » renvoie à M. Bousquet dans Le Figaro.

Un troisième niveau d’énonciation est possible: c’est une mise en abyme du DD dans le DD visible dans Le Figaro : à travers un récit rétrospectif, l’énonciateur l2 dissémine des bribes de DD antérieures comme la conversation avec sa mère ou celle avec le proviseur. On retrouve le « je » narrant et le « je » narré.

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