Nouvelle Litteraire

Au cœur du problème

Je ne suis pas fou ! Vous savez, je n’avais rien contre cet homme, ce vieux monsieur. Il était un voisin d’excellence. Il était beaucoup impliqué dans la vie commune du quartier, rendait de nombreux services. Pour beaucoup, il était l’homme de confiance.

Mais, il y avait quelque chose, quelque chose dans son regard. Ce regard si profond qui exprimait toute cette haine. Ce regard qui me pénétrait et faisait frémir tout mon corps. Ce regard constamment fixer en ma direction, en train de me détruire de l’intérieur. Ce regard qui faisait grandir en moi une inquiétude et une fixation hors du commun. Le regard de cet homme avait engendré en moi un énorme problème intérieur auquel une seule solution pouvait être envisagée. Une solution qui m’empêchait de dormir. Mon esprit naviguait à une vitesse fulgurante, mais aucune autre solution n’était envisageable. Je me devais de l’éliminer avant que je devienne fou.

Ce fut à ce moment que je commençai à penser à une façon de l’éliminer. J’étais dans l’obligation de procéder pour me protéger, mais aussi protéger les autres victimes potentielles de ce regard qui me détruisait lentement. Au final, je suis un peu comme le héros de l’histoire qui protège les gentils du méchant. Une inquiétude profonde d’échec s’installa alors en moi m’empêchant de dormir, de manger et de penser à d’autres choses. Le soir de mon héroïque acte, une tornade de pensées me traversait. Je ne me sentais pas tout à fait prêt pour une chose comme ça, mais il le fallait. Les évènements suivants arrivèrent à la vitesse d’une déferlante. Je ne peux me rappeler la façon dont cela se produisit en raison de l’angoisse qui s’était installée en moi à ce moment. Je me rappelle que je n’étais plus en mesure de parler et que j’avais arrêté de penser. Une fois l’acte effectuer, j’avais placé le corps sous le parquet de mon appartement.

Après être passée à l’acte, toute l’angoisse que j’avais accumulée au cours des dernières heures s’était dissipée. J’avais réussi à vaincre ce regard qui me causait tant de trouble. Une vague de soulagement et de victoire m’avait alors envahie. Pour la première fois depuis des lustres, je m’endormis dans un sommeil profond et réconfortant. J’avais enfin trouvé la paix d’esprit. Puis au milieu de la nuit, un bruit me réveilla. Ce bruit était régulier et semblait venir du parquet. Lorsque je réalisai de quoi il s’agissait, un frisson me traversa de la tête aux pieds. Ce bruit constant et étouffé, c’était celui du cœur du voisin. Ce son me glaça le sang. C’était insensé, mais je ne rêvais pas, j’entendais réellement le battement de son immonde cœur. Je l’entendais, toujours de plus en plus fort. Puis au matin, le bruit se dissipa. Mes pensées étaient brouillées et j’étais déstabilisé, je ne savais pas quoi faire. Je n’étais pas fou, j’avais réellement entendu son cœur. Toute la matinée, je n’étais pas dans mon état, j’étais troublé. Je tremblotais, j’avais de la difficulté à effectuer le moindre geste. J’étais réellement en état de choc.

C’est alors qu’un son strident me sortit de mon état second et me fit sursauter. À première vue, je crus qu’il s’agissait de nouveau du battement de cœur ce qui me glaça le sang. L’angoisse se réinstallait en moi. Mais, je réalisai vite qu’il s’agissait seulement de la sonnette de mon appartement. Je pris quelques secondes pour reprendre mes esprits puis allai répondre. Il s’agissait de deux agents de police, venus pour enquêter sur la disparition du voisin. Sachant que j’avais procédé de façons très minutieuses, je n’avais rien à craindre. Je répondis alors à plusieurs questions et je fis un effort pour garder mon calme et sembler le plus normal possible.

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