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Montesquieu Sur L'esclavagisme

Note de Recherches : Montesquieu Sur L'esclavagisme. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Décembre 2013  •  1 762 Mots (8 Pages)  •  1 104 Vues

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Montesquieu est un écrivain et un philosophe du siècle des Lumières. Il publie en 1748 un traité de théorie politique intitulé « De l’esprit des lois ». Il s’agit ici d’un passage du chapitre cinq du livre XV dont le titre est « L’esclavage des nègres ». Dans cet extrait, Montesquieu utilise l’ironie en faisant mine d’être un partisan de l’esclavage afin de mieux critiquer cette pratique. Nous pouvons donc nous demander de quelle façon Montesquieu organise son réquisitoire contre l’esclavagisme ?

Il sera donc intéressant dans un premier temps d’analyser la technique argumentative mise en place par Montesquieu. Puis, nous pourrons nous interroger sur la logique des arguments déployés en faveur de l’esclavagisme. Enfin, nous observerons la visée critique de l’ironie de ce texte.

Tout d’abord, nous pouvons constater la structure singulière de ce texte. En effet, Montesquieu fait le choix d’une structure en dix courts paragraphes. Le premier paragraphe est une présentation de ce qui va être développé, c'est-à-dire qu’il explique que ce texte dévoile les arguments en faveur de l’esclavagisme. Ainsi, Montesquieu établie un inventaire d’arguments favorables à la pratique de l’esclavage ; et ce sentiment de catalogue d’arguments est renforcé par le fait que chaque argument est développé dans un paragraphe à part. Cette structure d’énumération argumentative permet de mettre en lumière, par un procédé d’isolement, chaque argument. Ainsi, par ce procédé, Montesquieu donne à chaque argument une importance particulière.

D’autre part, nous pouvons remarquer que Montesquieu appuie son argumentation sur des exemples. En effet, tout d’abord au sixième paragraphe nous pouvons relever un rappel aux coutumes d’autres peuples : « les peuples d’Asie qui font des eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu’ils ont avec nous d’une façon plus marquée ». Ainsi, ici Montesquieu tente de démontrer que l’esclavage des noirs peut être tolérée et ne représente pas une monstruosité, en utilisant le fait que d’autres peuples mettent les noirs en marge de leur civilisation. En s’aidant d’exemples, le but est de prouver que si nous ne sommes pas les seuls à faire quelque chose alors cette chose est forcément acceptable. Egalement, au septième paragraphe, le même argument est retrouvé : « les Egyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d’une si grande conséquence qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux ». L’argument se renforce ici, d’autant plus qu’il n’est plus question du rapport avec les noirs mais avec les roux. Autrement dit, nous pouvons comprendre que toute particularité de l’homme peut amener un ensemble d’individus ayant cette particularité à faire l’objet d’une ségrégation, d’une discrimination. Il ne s’agit donc plus seulement d’une séparation des hommes en fonction des couleurs de peau mais désormais également en fonction des couleurs des cheveux. En outre, les égyptiens sont présentés ici comme « les meilleurs philosophes du monde », ce qui permet de légitimer leurs actes. Ainsi, l’esclavagisme apparait ici comme une pratique légitime puisque d’autres peuples mettent également à l’écart de leur population une partie d’individus en raison de certaines particularités.

En outre, l’argumentation se porte également sur des appuis religieux et politiques. Effectivement, au cinquième paragraphe est évoquée la question de Dieu : « On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout bonne, dans un corps si noir ». Autrement dit, il est mentionné ici qu’il est impossible que Dieu ait donné aux noirs une bonne âme, or Dieu est celui qui ne se trompe jamais. C'est un argument d’autorité puisque si Dieu a fait une différence entre les blancs et les noirs, cela légitime le fait que les êtres humains fassent également une différence entre eux. D’autre part, dans le dernier paragraphe, un argument politique est utilisé : « De petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu’ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ? ». Cette question de rhétorique signifie que l’esclavage n’est pas une injustice car il n’existe pas de raisons pour lesquelles les princes d’Europe n’iraient pas en faveur de la miséricorde et de la pitié. Effectivement, Montesquieu écrit que les princes d’Europe font beaucoup de conventions inutiles or ils n’en font pas en faveurs des esclaves, donc c'est qu’il n’y a pas lieu d’en faire. Ainsi, l’argumentation s’appuie sur l’autorité absolue qui est Dieu et sur la bonne foi des princes d’Europe.

Les arguments développés par Montesquieu pour défendre la pratique de l’esclavagisme n’ont pas été choisi par hasard, il est intéressant de les analyser. Effectivement, tout d’abord le premier paragraphe introduit un argument basé sur des évènements historiques : « les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique pour s’en servir à défricher tant de terres ». Nous pouvons noter la présence du verbe devoir dans la proposition principale « ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique » qui amène à penser que l’esclavage est une nécessité, une obligation des peuples d’Europe. Cette nécessité viendrait du fait qu’ils auraient précédemment « exterminé ceux de l’Amérique ». Cet argument apparait donc comme complétement illogique, puisque cela signifierait que l’extermination d’un peuple justifie voire oblige l’esclavage

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