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Corpus: Montesquieu , Voltaire Et Fénelon

Dissertation : Corpus: Montesquieu , Voltaire Et Fénelon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Janvier 2013  •  1 489 Mots (6 Pages)  •  1 663 Vues

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C'est à la toute fin du xviie siècle, en 1699, que Fénelon publie Les Aventures de Télémaque. Les deux autres textes du corpus appartiennent pleinement au Siècle des lumières, il s'agit d'un extrait du roman épistolaire Lettres persanes, publié par Montesquieu en 1721, et du conte philosophique Candide, publié par Voltaire en 1759. Ces trois extraits ont en commun d'offrir au lecteur l'image d'une société idéale, merveilleuse ou exotique, source de dépaysement pour le lecteur. Mais leur dimension utopique confère aussi bien sûr à ces trois extraits un caractère nettement argumentatif. Dans l'extrait du septième livre des Aventures de Télémaque, Adoam se livre à la description d'un pays imaginaire : la Bétique. Ce pays utopique semble coupé du monde, isolé par « les Colonnes d'Hercule » et par la mer qui « sépara autrefois la terre de Tharsis d'avec la grande Afrique ». Par son ancrage mythologique – ce pays est décrit à Télémaque et il « semble avoir conservé les délices de l'âge d'or » –, ce pays se démarque également du monde réel. De même, Montesquieu brosse dans plusieurs lettres de son roman le portrait des Troglodytes, un peuple imaginaire, qui semble appartenir à une Antiquité polythéiste, puisqu'il est question des « fêtes en l'honneur des dieux » et toute la description de cette communauté ancrée dans la nature est menée aux temps du passé : « Le peuple troglodyte se regardait comme une seule famille. » En revanche, l'extrait de Candide ne présente pas de société merveilleuse, mais joue plutôt sur l'exotisme oriental pour un lecteur européen. Il évoque les « vizirs », le « muphti » et la vie d'une famille turque, près de Constantinople, offrant par exemple aux visiteurs du « kaïmak, […] des oranges, des citrons, des limons ». Ainsi, ces trois textes cherchent bien à dépayser le lecteur, en dépeignant des sociétés merveilleuses ou éloignées dont les membres ont su trouvé un mode de vie apparemment idéal. Ces mondes utopiques stimulent alors la réflexion du lecteur en lui proposant l'image d'une autre société possible liée à une critique de celle dans laquelle il vit. Ces trois textes ne visent pas seulement à plaire mais aussi à instruire, ils ont une dimension argumentative.

Dans les trois textes, les personnages décrits ont un rapport privilégié à la nature. Les habitants de la Bétique sont « presque tous bergers ou laboureurs », les Troglodytes sont eux aussi des éleveurs, il est question de leurs « troupeaux », et enfin le vieillard turc cultive sa ferme. Ces activités champêtres vont de pair, dans les trois cas, avec un mode de vie simple : l'agriculture et l'élevage suffisent amplement à satisfaire les besoins, des différentes sociétés. La Bétique est un pays fertile, le vieillard turc offre « plusieurs sortes de sorbets » et « du café de Moka qui n'était point mêlé avec le mauvais café de Batavia » et « la nature ne fournissait pas moins à leurs désirs qu'à leurs besoins », dit Montesquieu au sujet des Troglodytes. Dans les trois textes, les personnages se contentent de ce qu'ils ont et font preuve d'une grande modération. Le vieillard turc n'a que « vingt arpents » de terre, les habitants de la Bétique « n'estiment que ce qui sert véritablement aux besoins de l'homme ». Cet idéal de vie modérée est synonyme de bonheur : les habitants de la Bétique sont « heureux dans leur simplicité », les Troglodytes vivent dans un « pays heureux » et le « bon musulman » vit, grâce au travail, loin de « trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin ». Cependant, alors que ce bonheur passe chez les Troglodytes par la solidarité, pour le vieillard turc il repose surtout sur une forme d'individualisme. En refusant le luxe, le superflu, et en s'isolant du reste du monde, ces peuples ou personnages échappent à la corruption, à la cupidité et au malheur qui sont dénoncés dans les trois textes. Les habitants de la Bétique critiquent « ces peuples […] bien malheureux d'avoir employé tant de travail et d'industrie à se corrompre eux-mêmes », les Troglodytes évoquent « les injustices des premiers Troglodytes et leurs malheurs ». Le vieillard turc se tient éloigné des affaires publiques car ceux qui s'en mêlent « périssent quelquefois misérablement et […] ils le méritent ». Ainsi, tout en offrant une critique de notre société et une image inversée de celle-ci à travers un monde utopique, ces textes proposent une réflexion sur le bonheur.

• Emmener ses lecteurs dans un monde idéal pour mieux faire apparaître les défauts de la société de son temps, c'était le but de l'humaniste

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