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Montaigne

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Par   •  4 Décembre 2015  •  Cours  •  899 Mots (4 Pages)  •  798 Vues

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Situation

    A 55 ans Montaigne se retire dans sa "librairie" pour rédiger Les Essaies, ouvrage en trois volumes publiés de 1580 à 1595. Le passage occupe une situation stratégique au dernier chapitre du dernier livre des essaies; C'est une sorte de bilan de sa réflexion. Selon Montaigne, l'expérience est en effet le deuxième moyen après la raison que possède l'homme pour progresser vers la connaissance. Caractéristique de l'essai, le texte se présente souvent comme une réflexion désorganisée nourris d'anecdotes autobiographiques marqué par la présence d'un énonciateur fortement influencé par le courant humaniste. L'auteur y présente sa conception du bonheur et parle de l'homme qu'il est avec une grande liberté.

I- De l'expérience individuelle à l'invitation collective

    L'extrait se caractérise par le passage de l'expérience individuel vers l'invitation collective, et par l'omniprésence de l'énonciateur représenté par le pronom personnel "Je". La première partie du texte réservée à la réflexion voir à l'introspection utilise la répétition du même substantif sous deux formes différentes « solitairement » (l.1) et « solitude » (l.4). Le mot « Pensée » indique aussi un repli sur soi, une recherche de l'intimité; mouvement privilégié du dehors vers le dedans, de l'extérieur vers l'intérieur. La gradation « promenade, vergée, solitude, à moi » (l.3-4) montre l'importance de l'individu et l'aspect égocentrique de ses activités à l'image de la citation de la préface « Je suis moi-même la matière de mon livre ».

    Au fil du texte, le « Je » individuel s'efface progressivement au profit d'un « nous » collectif montrant ainsi que l'auteur souhaite partager son expérience personnelle avec ses lecteurs qu'il prend à partie de la ligne 5 à la fin du texte. Ainsi le nous cède la place au « vous » notamment à travers les questions rhétoriques des lignes 15 à 17 visant à remporter l'adhésion des lecteurs « avez-vous su prendre du repos ? », et donnant l'impression d'une conversation avec le lecteur. Cependant en essayant de partager son expérience personnelle, c'est la conception du bonheur que l'auteur transmet à son lecteur.

II- Un art de vivre paradoxal

Deux arts de vivre ou conception du bonheur s'opposent dans ce texte :

D'abord le « negotium », une conception fondée sur la recherche de l'ambition de l'entreprise, de la fortune et de l'action. Cette conception est partagé par le plus grand nombre comme l'auteur a voulu le souligné à travers les passages au discours direct : « il a passé sa vie en oisiveté, je n'ai rien fait aujourd'hui » (l.14). Ainsi pour le plus grand nombre le bonheur réside dans la réussite et la renommée comme l'indique le champ lexical du travail « grande besogne » (l.8) « laborieuses pensées » (l.12) « occupation » (l.16) « fortune exploiter » (l.19) « gagner des batailles et des provinces » (l.21-22). Une vie passée en oisiveté serait donc une vie gâchée. A cette recherche systématique de l'ambition, Montaigne oppose un art de vivre épicurien « l'otium », un bonheur fondé sur la satisfaction des plaisirs simples, naturels et nécessaire à la vie quotidienne « danser, dormir, se promener ». Selon Montaigne le bonheur consiste à rechercher ce qui procure du plaisir dans une vie tranquille et sobre comme l’indique le champ lexical des sensations « beau vergé, douceur, voluptueuse, appétit ». Etre heureux c’est donc vivre selon la nature répété deux fois dans le texte (l.4 et 19) et allégorisé par la majuscule. Comme l’affirme Montaigne à la ligne 7 de manière sentencieuse, « c’est injustice de corrompre ces règles », ce qui signifie que le bonheur n’est pas synonyme d’austérité. Paradoxalement la vie austère est une corruption. L’auteur utilise différents procédés pour montrer son degré de conviction : les verbes modalisateurs comme le verbe « dire » (l.10), l’emploi du présent de vérité général et l’utilisation de superlatifs « la plus illustre, la plus grande besogne ». Etre heureux en humaniste c’est aussi vivre le moment présent sans se soucier de postérités, ni du temps qui passe « quand je dors, je dors, quand je danse, je danse » ; Dans ces deux phrases, en effet la principal est identique à la subordonnée montrant que l’énonciateur est entièrement concentré sur son activité du moment. Pour convaincre ses lecteurs, Montaigne utilise un argument d’autorité en faisant référence à Alexandre et César qui malgré leur soif de conquête, savaient cultiver l’art de vivre, c’est-à-dire profiter des plaisirs de la vie. Vers la fin du texte, l’auteur joue avec les mots en opposant avec humour deux conceptions du bonheur : « manier sa vie » est préférable au « grand maniement » (l.16-17) ; « composer ses mœurs » vaut mieux que « composer des livres ». La démonstration se termine par une conclusion paradoxale « notre grand et glorieux chef-d’œuvre c’est de vivre à propos », c’est-à-dire profiter de l’occasion favorable pour se libérer du temps. Les deux derniers néologismes à connotation péjorative « appendicule et adminicule », viennent minimiser et ridiculiser l’importance accordé au pouvoir et à l’argent à travers l’énumération « régner, terroriser, bâtir ».

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