Maupassant, bel ami
Commentaire de texte : Maupassant, bel ami. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar ju ronare • 6 Avril 2021 • Commentaire de texte • 1 446 Mots (6 Pages) • 487 Vues
Maupassant est un auteur à la fois réaliste et naturaliste du XIXe siècle. Le réalisme est un mouvement
littéraire qui refuse toute idéalisation. Le romancier s’intéresse à toutes les classes sociales, mais aussi à tous
les aspects de la vie. Le naturalisme en est le prolongement, l’écrivain cherche à décrire la réalité de manière
encore plus objective que le réalisme, il s’appuie sur une approche scientifique de la société. Maupassant a
écrit des contes, des nouvelles fantastiques comme « le Horla » mais également des romans comme Une Vie
en 1883 et Bel Ami en 1885 dont Le sujet principal est l’ascension sociale d’un homme, George Duroy, prêt à
tout pour réussir. L’extrait que nous allons étudier se situe dans la première partie du chapitre 5 du roman Bel
ami. Plein de honte, Duroy vient d’avouer à Mme de Marelle qu’il préfère ne pas passer la soirée dehors parce
qu’il manque d’argent. L’extrait débute à la fin de leur rendez-vous galant. Nous nous demanderons en quoi
le rapport de Duroy à l’argent éclaire son caractère. Pour répondre à cette problématique nous montrerons
dans un premier temps que cet extrait nous confirme qu’il s’agit bien d’un un anti-héros. Puis, nous nous
intéresserons au portrait du calculateur.
Dans cet extrait où domine le thème de l’argent, nous avons la confirmation que George Duroy est
anti-héros. En effet il agit avec une apparente virilité d’homme d’action. Le besoin d’argent obsessionnel qui
fait avancer Duroy va de pair avec son avidité : « il avait faim » « un désir ardent de manger ». Même après
avoir dîné, il ne renonce pas aux « deux bocks de la soirée »
1
. Duroy cède toujours à son appétit insatiable.
L’argent, il adore en avoir, mais il déteste en devoir. Sur ce sujet, il confirme son caractère impulsif voire
brutal. D’abord surpris par sa bonne fortune « il demeura stupéfait », puis il « se pensa devenu fou ». Notons
le lexique hyperbolique, car l’auteur parle de miracle et d’argent « tombé du ciel ». Ensuite, il comprend le
don et éprouve « une colère indignée » puis par gradation, est « agité de fureur et d’indignation », ce qui
aboutit à l’exclamation « quelle honte ! » Vestige du sens de l’honneur ou simple virilité blessée ? Son
premier mouvement est de faire passer à sa maîtresse un « joli quart d’heure » dont nous pouvons observer
la litote. Même au moment du rendez-vous, « il était d’une humeur de chien enragé » qui est une métaphore
triviale et « se promettait bien de faire nette tout de suite la situation. » Le lecteur s’attend donc à une
explosion de violence verbale.
Cependant, il a en réalité un caractère faible. Ainsi, nous retrouvons en fait une posture de matamore
(cf. l’ancien sous-officier de l’incipit) qui cache mal la faiblesse de caractère, car chez Duroy l’orgueil est
combattu par la lâcheté. En effet, quelques instants plus tard, le voilà « reculant devant les premiers mots à
prononcer … » Ainsi, quand ses calculs échouent, il va vers la facilité et tend à procrastiner. Il tente par
exemple une grasse matinée pour endormir sa faim, mais renonce vite : “Cela ne m’avancera à rien. » Il
n’envisage pas de se priver pour rembourser sa dette et décide : « Bah ! Je vais déjeuner sur les vingt francs
de Clotilde. » Arrivé chez elle, il se dit « Il sera bien temps tout à l’heure ». Son inconséquence va même
jusqu’à rembourser une ancienne dette (à l’huissier) avec l’argent de sa dette nouvelle ! Nous trouvons ainsi
chez Duroy une nouvelle forme de la dualité déjà repérée dans l’incipit de l’œuvre.
Enfin, c’est un amant méprisable puisque sa première réaction est de transférer sur sa maîtresse la
honte qu’il ressent pour lui-même : « je vais la recevoir après-demain ». Ensuite, il ne songe qu’à se tirer de
la situation embarrassante quitte à lui mentir : « je n’ai pas eu le temps de m’occuper de la question d’argent »
et finalement n’osera rien dire. De sa part nous ne percevons ni confiance, ni reconnaissance, ni attachement
pour Mme de Marelle. En contraste, la douceur et l’amour sincère de Clotilde sont mis en relief : sa ruse est
maladroite, mais son mobile généreux. Ses sentiments et ses actes imposent le silence à Duroy. En effet, elle
est « tendre, empressée, pleine de craintes », « elle l’embrassa avec persistance » et son inquiétude
amoureuse se lit dans la question qu’elle se pose, au discours indirect libre : « Comment allait-il la recevoir
?
...