Le Guy de Maupassant, Bel-Ami : le portrait de Laroche-Mathieu

Guy de Maupassant, Bel-Ami : le portrait de Laroche-Mathieu (Deuxième partie, chapitre II, depuis “C'était un de ces hommes politiques” jusqu'à “Rien n'était changé, en somme.”)

Introduction. Présentation de Maupassant et de Bel-Ami. Situation de l'extrait : plus d'un an après la mort de Charles Forestier et environ un mois après son mariage avec Madeleine, Georges Duroy est en pleine ascension professionnelle. Il est devenu chroniqueur politique à la suite d'un article dirigé contre le gouvernement en place. Parmi les personnes qui font campagne aux côtés du journal La Vie française pour renverser ce gouvernement, on trouve le député Laroche-Mathieu, ami du couple Duroy et de M. Walter : il vise le portefeuille des Affaires étrangères. Notre extrait dresse le portrait de cet homme politique médiocre et interchangeable (I). Mais il est aussi, plus largement, l'occasion pour le narrateur (et pour Maupassant) de se livrer à une critique féroce des milieux de pouvoir et de la société (II).

I) Le portrait d'un homme politique médiocre

A) Un personnage type

. Voir les expressions dans la première phrase : "un de ces hommes politiques", "comme il en pousse par centaines".

. Un personnage type, donc interchangeable : cette idée est reprise plus loin, mais cette fois à propos de Duroy qui est en effet qualifié de "nouveau mari de Madeleine".

B) Un opportuniste

Voir les expressions : "à plusieurs faces", "sans conviction", "gardant un équilibre de finaud entre tous les partis extrêmes", "jésuite républicain" (les jésuites étaient des religieux qu'on a souvent critiqués pour leur opportunisme et leur hypocrisie).

C) Un médiocre

. Absence de qualités : l'anaphore (4 fois) de la préposition "sans" souligne l'absence de qualités du personnage. Un personnage tiède ("sans audace") et même plutôt incompétent : "sans connaissances sérieuses".

. Le narrateur insiste sur son manque d'envergure nationale : "avocat de province", "joli homme de chef-lieu", "machiavélisme de village". (De même, "finaud" est un terme qu'on emploierait volontiers pour qualifier un paysan).

. Des expressions méprisantes et ironiques : "joli homme" (on attendrait "bel homme"), "machiavélisme de village" (antithèse entre "machiavélisme" - Machiavel était un grand penseur politique de la Renaissance italienne - et "village"), "sorte de", "champignon libéral" (voir la métaphore méprisante du sufffrage universel comme "fumier"), "nature douteuse".

. Un homme sans doute peu honnête, en tout cas intéressé par l'argent : voir ses liens avec Walter : "son collègue et son associé en beaucoup d'affaires de finances." Laroche-Mathieu est en fait lié à la finance et se sert de la politique pour son profit personnel (les affaires du Maroc, dans la suite du roman).

Transition. Le narrateur dresse donc le portrait d'un homme politique médiocre, opportuniste et intéressé. Mais, plus largement, il critique à travers lui un milieu et une époque.

II) La critique du milieu et de l'époque

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