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Maupassant, « Bel-Ami » - Lecture Analytique, Incipit

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Par   •  11 Janvier 2014  •  1 611 Mots (7 Pages)  •  1 613 Vues

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Incipit

Dans son roman, paru en feuilleton du 6 au 30 mai 1885, puis édité en volume le 11 mai, Maupassant montre l’ascension sociale de son héros, Georges Duroy, dans le milieu du journalisme politique grâce à l’appui des femmes qu’il séduit. [Pour une présentation générale, voir dans "Mes pages"]

L’incipit d’un roman exerce traditionnellement une double fonction : informer, en présentant le héros dans son décor et son époque, mais aussi séduire en créant chez le lecteur un horizon d’attente, qui lui donnera le désir de découvrir la suite. Cette dernière fonction est encore plus importante lorsqu’il s’agit d’une publication en feuilleton, pour d’évidentes raisons économiques. Nous nous interrogerons donc sur les qualités qu’offre l’incipit de Bel-Ami, et sur sa part d’originalité.  

LE PORTRAIT DU HEROS

L’intérêt premier de ce portrait est la façon dont Maupassant utilise les notations physiques pour suggérer des traits de caractère. Ainsi l’allure générale du personnage, immédiatement nommé, est mise en valeur dès le début, « Il portait beau de nature », « il cambra sa taille », et reprise en apposition dans le dernier paragraphe de l’extrait : « Grand, bien fait ». Il attire donc l’attention des femmes : elles « avaient levé les yeux vers lui ». Le premier détail évoqué, « sa moustache », lui donne un air viril : il « frisa sa moustache retroussée, qui semblait mousser sur sa lèvre ». Ce gros plan sur sa bouche annonce également son image de séducteur : il est celui que toutes les femmes voudront embrasser ! Quant à la blondeur de ses cheveux, associée à ses yeux « bleus, clairs », elle rappelle ses origines normandes, mais contraste avec les critères traditionnels de beauté du héros romantique, brun aux yeux sombres. Sa coiffure, avec « une raie au milieu du crâne » correspond à la mode de cette époque.

Mais quelques précisions associent ces traits physiques à des traits de caractère qui viennent nuancer l’impression produite par le héros. Est d’abord mentionné le regard« rapide et circulaire, un de ces regards de joli garçon qui s’étendent comme des coups d’épervier », filet que l’on lance pour capturer les poissons. L’enchaînement de la phrase suivante fait comprendre aussitôt que les poissons seront, bien sûr, « les femmes ». De même ses yeux sont « troués d’une pupille toute petite », comme s’il était aux aguets. Enfin on notera la récuurence pour sa couleur de cheveux : il est « blond, d’un blond châtain vaguement roussi ». Cette précision rappelle la couleur de la crinière d’un fauve…

=== Maupassant nous présente un personnage certes séduisant,mais qui semble un peu inquiétant par son aspect conquérant. 

La seconde originalité de l’incipit vient du choix d’un portrait en mouvement. La première action du héros correspond, en effet, à un verbe de mouvement : il « sortit du restaurant ». Puis, après un bref arrêt, le 5ème paragraphe le met à nouveau en mouvement : Il marchait », « il avançait ». Rendant le portrait plus vivant, ce mouvement semble déjà annoncer un désir d’action, de ne pas rester à la place sociale où il se trouve au début du roman.

De plus, Maupassant insiste sur ses gestes et sur sa démarche, qui se rattachent à son passé d’ »ancien soldat » : « par pose d’ancien sous-officier », il « frisa sa moustache d’un geste militaire et familier », « Il marchait ainsi qu’au temps où il portait l’uniforme des hussards », « la poitrine bombée, les jambes un peu entrouvertes comme s’il venait de descendre de cheval ». N’oublions pas que, pour le courant naturaliste, l’homme est le produit  de ses origines, de son éducation, de son histoire, car, même si Maupassant a toujours refusé l’étiquette de « naturaliste », le roman  en reprend largement les composantes.

Ainsi il possède l’allure conquérante du soldat, qui n’hésitera pas à écraser les autres quand cela lui sera nécessaire. Cela se traduit par le choix d’un lexique péjoratif, souligné par le rythme en gradation du paragraphe qui reproduit une démarche dont l’agressivité est de plus en plus flagrante : « brutalement », « heurtant les épaules », « poussant les gens ». A cela s’ajoutent les sonorités rythmées : il « battait le pavé de son talon ». Maupassant met donc en valeur la prétention et le manque de scrupules d’un personnages sans manières qui bouscule les autres « pour ne pas se déranger de sa route ». Enfin l’écrivain guide l’interprétation du lecteur avec une gradation qui amplifie son jugement critique sur un arriviste: « Il avait l’air de toujours défier quelqu’un, les passants, les maisons, la ville entière ». 

 Enfin Maupassant charge l’habillement de son héros, comme l’avait fait avant lui Balzac, d’une valeur symbolique. Le premier élément mis en relief est le « chapeau à haute forme », qui révèle son désir d’élégance. Mais des restrictions sont aussitôt apportées. D’abord il est « assez défraîchi » : même si Duroy n’a pas d’argent, il cherche à préserver son apparence séduisante. Ne sera-t-elle pas son gagne-pain ? Mais le port de ce chapeau est également révélateur : il l’« inclinait légèrement sur l’oreille ». Cela traduit une forme de désinvolture et lui donne un aspect un peu voyou, ce que confirme le commentaire final de Maupassant, avec la comparaison à un « mauvais sujet des romans populaires ». 

Puis est mentionné le « complet », dans une phrase construite sur une série d’antithèses. Son prix, « soixante francs », dont on comprend qu’il est modique par la concession « quoique », montre

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