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Marivaux Marianne

Dissertation : Marivaux Marianne. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Octobre 2014  •  1 720 Mots (7 Pages)  •  732 Vues

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MARIANNE CONJURE VALVILLE DE RENONCER A L’EPOUSER Marivaux, La Vie de Marianne, IVe partie Marianne, abandonnée orpheline à Paris, trahie par un faux dévot libertin, s’est réfugiée dans une église : Mme de Miran l’y a rencontrée et placée sous sa protection dans un couvent. Elle découvre alors que Mme de Miran n’est autre que la mère de Valville, le jeune homme dont elle avait attiré l’œil à la messe, puis en se foulant le pied. Valville poursuit Marianne jusque dans son couvent, mais celle-ci a promis à Mme de Miran de le faire renoncer à ses prétentions amoureuses, et à la mésalliance qui pourrait en résulter. Valville se présente alors au parloir. Nous en étions là de notre conversation, quand Mme de Miran entra : jugez de la surprise de Valville. Quoi ! c’est ma mère, s’écria-t-il en se levant. Ah ! mademoiselle, tout est concerté. Oui, mon fils, lui dit-elle d’un ton plein de douceur et de tendresse, nous voulions vous le cacher : mais je vous l’avoue de bonne foi; je savais que vous deviez être ici, et nous étions convenues que je m’y rendrais. Ma chère fille, ajouta-t-elle en s’adressant à moi, Valville est-il au fait ? l’as-tu instruit ? Non, ma mère, lui dis-je fortifiée par sa présence, et ranimée par la façon affectueuse dont elle me parlait devant lui ; non, je n’ai pas eu le temps ; monsieur ne venait que d’entrer, et notre entretien ne faisait que commencer quand vous êtes arrivée. Mais je vais lui conter tout devant vous, ma mère. Et sur-le-champ : Vous voyez, monsieur, dis-je à Valville, qui ne savait ce que nous voulions dire avec ces noms que nous nous donnions, vous voyez comment Mme de Miran me traite ; ce qui vous marque bien les bontés qu’elle a pour moi, et même les obligations que je lui ai. Je lui en ai tant que cela n’est pas croyable ; et vous seriez le premier à dire que je serais indigne de vivre, si je ne vous conjurais pas de ne plus songer à moi. Valville à ces mots baissa la tête et soupira. Attendez, monsieur, attendez, repris-je; c’est vous-même que je prends pour juge dans cette occasion-ci. Il n’y a qu’à considérer qui je suis. Je vous ai déjà dit que j’ai perdu mon père et ma mère : ils ont été assassinés dans un voyage dont j’étais avec eux, dès l’âge de deux ans ; et depuis ce temps, voici, monsieur, ce que je suis devenue. C’est la sœur d’un curé de campagne qui m’a élevée par compassion. Elle est venue à Paris avec moi pour une succession qu’elle n’a pas recueillie ; elle y est morte, et m’y a laissée seule sans secours dans une auberge. Son confesseur, qui est un bon religieux, m’en a tirée pour me présenter à M. de Climal, votre oncle ; M. de Climal m’a mise chez une lingère, et m’y a abandonnée au bout de trois jours ; je vous ai dit pourquoi, en vous priant de lui remettre ses présents. La lingère me dit qu’il fallait prendre mon parti; je sortis pour informer ce religieux de mon état, et c’est en revenant de chez lui que j’entrai dans l’église de ce couvent-ci pour cacher mes pleurs qui me suffoquaient ; ma mère, qui est présente, y arriva après moi, et c’est une grâce que Dieu m’a faite. Elle me vit pleurer dans un confessionnal ; je lui fis pitié, et je suis pensionnaire ici depuis le même jour. C’est elle qui paye ma pension, qui m’a habillée, qui m’a fourni de tout abondamment, magnifiquement, avec des manières, des tendresses, des caresses qui font que je ne saurais y penser sans fondre en larmes ; elle vient me voir, elle me parle, elle me chérit, et en agit avec moi comme si j’étais votre sœur ; elle m’a même défendu de songer que suis orpheline, et elle a bien raison ; je ne dois plus me ressouvenir que je le suis ; cela n’est plus vrai. Il n’y a peut-être point de fille, avec la meilleure mère du monde, qui soit si heureuse que moi. Ma bienfaitrice et son fils, à cet endroit de mon discours, me parurent émus jusqu’aux larmes. Voilà ma situation, continuai-je, voilà où j’en suis avec Mme de Miran. Vous qui, à ce qu’on dit, êtes un jeune homme plein de raison et de probité, comme il me l’a semblé aussi, parlez-moi en conscience, monsieur. Vous m’aimez ; que me conseillez-vous de faire de votre amour, après ce que je viens de vous dire ? Il faut regarder que les malheureux à qui on fait la charité ne sont pas si pauvres que moi ; ils ont du moins des frères, des sœurs, ou quelques autres parents ; ils ont un pays, ils ont un nom avec des gens qui les connaissent ; et moi, je n’ai rien de tout cela. N’est-ce pas là être plus misérable et plus pauvre qu’eux ? Va, ma fille, me dit Mme de Miran, achève, et ne t’arrête point là-dessus. Non, ma mère, repris-je, laissez-moi dire tout.

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