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Marcovaldo Ou Les Saisons En Ville

Compte Rendu : Marcovaldo Ou Les Saisons En Ville. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Mai 2015  •  490 Mots (2 Pages)  •  1 475 Vues

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A six heures du soir, la ville tombait aux mains des consommateurs.. Durant toute la journée, le gros travail de la population était la production : elle produisait des biens de consommation . A une heure donnée, comme si on avait abaissé un interrupteur, tout le monde laissait tomber la production et, hop ! se ruait vers la consommation. Chaque jour, les vitrines illuminées avaient à peine le temps de s’épanouir en de nouveaux étalages, les rouges saucissons de pendiller, les piles d’assiettes de porcelaine de s’élever jusqu’au plafond, les coupons de tissu de déployer leurs draperies comme des queues de paons que, déjà, la foule des consommateurs faisait irruption pour démanteler, grignoter, palper, faire main basse. Une queue interminable serpentait sur tous les trottoirs, sous toutes les arcades des rues et, s’engouffrant à travers les portes vitrées des magasins, se pressait autour de tous les comptoirs, poussée par les coups de coude dans les côtes de chacun comme par d’incessants coups de piston. Consommez ! et ils tripotaient la marchandise, la remettaient en place, la reprenaient, se l’arrachaient des mains. Consommez ! et ils obligeaient les vendeuses pâlichonnes à étaler des sous-vêtements sur le comptoir. Consommez ! et les pelotes de ficelle de couleur tournaient comme des toupies, les feuilles de papier à fleurs battaient des ailes en enveloppant les achats pour en faire des petits paquets puis, en les groupant, des paquets moyens et, avec ceux-ci, des gros paquets, chacun d’eux ficelé avec un joli noeud. Et petits paquets, moyens paquets, gros paquets, portefeuilles, sacs à main tourbillonnaient autour de la caisse en un embouteillage qui n’en finissait plus ; les mains fouillaient dans les sacs pour y chercher les porte-monnaie, et les doigts fouillaient dans les porte-monnaie pour y chercher de la monnaie. Dans une forêt de jambes inconnues et de pans de pardessus et de manteaux, des enfants égarés, dont on avait lâché la main, pleuraient.

Un de ces soirs-là, Marcovaldo promenait sa famille. N’ayant pas d’argent, leur plaisir était de regarder les autres faire leurs achats ; d’autant que, l’argent, plus il circule, plus ceux qui en sont dépourvus peuvent espérer en avoir : " Tôt ou tard, se disent-ils, il finira bien par en tomber aussi un peu dans notre poche ". Pour Marcovaldo, son salaire, étant donné qu’il était aussi maigre que sa famille était nombreuse, et qu’il avait des traites* et des dettes à payer, son salaire fondait aussitôt touché. De toute façon, tout cela était bien plaisant à regarder, surtout si on faisait un tour au supermarché.

Le supermarché était en libre service. Il y avait aussi des chariots, pareils à des paniers à roulettes, que chaque client poussait devant lui et remplissait avec toutes sortes de bonnes choses. Comme les autres, Marcovaldo prit un chariot en entrant, sa femme fit de même et aussi ses quatre gosses qui en prirent un chacun.

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