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Manon Lescaut - Prévost, 1731.

Commentaire de texte : Manon Lescaut - Prévost, 1731.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Novembre 2016  •  Commentaire de texte  •  1 999 Mots (8 Pages)  •  1 289 Vues

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Intro

Antoine François Prévost (1697-1763) eut une vie aventureuse et rocambolesque, en contradiction avec son titre ecclésiastique d'abbé. Sa naissance dans une famille aisée de la noblesse de robe lui a permis de suivre une éducation soignée. Il fut un érudit à l'incroyable ardeur de vivre, qui s'est lancé à découverte du monde : il s'est engagé plusieurs fois dans l'armée, a effectué plusieurs noviciats chez les jésuites, est devenu bénédictin en 1721, a effectué de nombreux voyages en Europe, notamment en Hollande ou à Londres en Angleterre : il était criblé de dettes et victime d'une lettre de cachet. Il meurt d'apoplexie en 1763.

    Manon Lescaut, dont le titre original est : Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut est le septième tome des Aventures et Mémoires d'un homme de qualité qui s'est retiré du monde. Publié une première fois en 1731 puis une deuxième fois en 1753, Manon Lescaut est une œuvre majeure du XVIIIème siècle qui s'inscrit dans le mouvement du retour de la sensibilité après le rationalisme des Lumières. L'abbé Prévost, mettant à profit son art du récit et de la mise en scène, dépeint un « exemple terrible de la force des passions ». Le personnage de des Grieux, soumis à l'amour irrésistible de Manon, est peu à peu entraîné vers la déchéance.

    Cet épisode clôt la péripétie de Nouvel Orléans en Amérique. Suite à la déportation Manon en Amérique, des Grieux et Manon vivent en paix au Nouvel-Orléans. Mais le Gouverneur du village annonce un jour qu'il donne la main de Manon à son fils, Synnelet => fuite dans le désert de Manon et des Grieux + marche de deux lieues. Manon meurt d'épuisement aux côtés de des Grieux.
    Ce passage constitue un moment stratégique du récit de des Grieux puisqu'il en est le vrai dénouement. Ce passage est raconté par le narrateur de manière décalée, ce qui laisse quand même percer le pathétique. Même avec le passage du temps, la douleur est toujours aussi présente dans le récit. Pardonnez, si j'achève en peu de mots un récit qui me tue. Je vous raconte un malheur qui n'eut jamais d'exemple. Toute ma vie est destinée à le pleurer. Mais, quoique je le porte sans cesse dans ma mémoire, mon âme semble reculer d'horreur, chaque fois que j'entreprends de l'exprimer.
     Passage etudié :
Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit. Je croyais ma chère maîtresse endormie et je n'osais pousser le moindre souffle, dans la crainte de troubler son sommeil. Je m'aperçus dès le point du jour, en touchant ses mains, qu'elle les avait froides et tremblantes. Je les approchai de mon sein, pour les échauffer. Elle sentit ce mouvement, et, faisant un effort pour saisir les miennes, elle me dit, d'une voix faible, qu'elle se croyait à sa dernière heure. Je ne pris d'abord ce discours que pour un langage ordinaire dans l'infortune, et je n'y répondis que par les tendres consolations de l'amour. Mais, ses soupirs fréquents, son silence à mes interrogations, le serrement de ses mains, dans lesquelles elle continuait de tenir les miennes me firent connaître que la fin de ses malheurs approchait. N'exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte ses dernières expressions. Je la perdis ; je reçus d'elle des marques d'amour, au moment même qu'elle expirait. C'est tout ce que j'ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement.
     Mon âme ne suivit pas la sienne. Le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez rigoureusement puni. Il a voulu que j'aie traîné, depuis, une vie languissante et misérable. Je renonce volontairement à la mener jamais plus heureuse.

En premier nous allons étudier la sobriété du récit avec les caractéristiques de la narration et ce qui fait de ce récit un récit impossible. En deuxième partie nous allons étudier une mort pathétique en utilisant le couple uni de Manon et des rieux puis le pathétique de la scène. Enfin nous verrons le sens donner la mort de Manon en expliquant si c’est un châtiment divin ou une mort rédemptrice.

ILa sobriété du récit

1. Les caractéristiques de la narration

Toute la scène est racontée du point de vue de des Grieux et témoigne de la réalité de son chagrin. 
Le discours (le commentaire) l’emporte sur le récit : Le narrateur multiplie les adresses à son interlocuteur (« Pardonnez » ; « Je vous raconte » ; « n’exigez »). Des Grieux exprime ses sentiments, sa difficulté à s’exprimer ; la souffrance vécue à nouveau à l’évocation de cette mort. Il y a des hyperboles (« Un récit qui me tue » ; « Un malheur qui n’eut jamais d’exemple  »). 
Pas de longue scène : manifestations de l’agonie. Seuls quelques signes corporels révèlent à des Grieux l’approche de la mort : mains «  froides et tremblantes » ; « Voix faible » ; « Soupirs fréquents » ; «  Serrement de ses mains » (avec une allitération en « s »).

Une nouvelle image de Manon : elle accepte son destin. Les efforts de Manon pour s’exprimer se réduisent à une annonce à laquelle, tout d’abord, il n’accorde pas d’importance qui est rapportée au style indirect (« Elle me dit, d’une voix faible, qu’elle se croyait à sa dernière heure »), puis à des «  expressions » et « marques d’amour ».


2. Le récit impossible

Des Grieux est incapable de raconter en détail : il s’en excuse auprès de ses auditeurs par deux fois à travers des impératifs de prière (« Pardonnez si j’achève en si peu de mots » ; « N’exigez point de moi »). 
Cette difficulté à dire l’indicible de la séparation, est surtout perceptible dans la phrase la plus lapidaire, qui intervient au moment fatal : « Je la perdis ».
Le mot « mort  » n’est jamais prononcé, seul apparaît le verbe « expirer ». Des Grieux recourt en revanche à de nombreux euphémismes « Un malheur » ; « A sa dernière heure » ; « La fin de ses malheurs approchait  » ; « Je la perdis » ; « Fatal et déplorable évènement » ; « Mon âme ne suivit pas la sienne ».

Un style noble et soutenu avec les figures classiques de l’atténuation telles que l’euphémisme. La mort n’est pas décrite mais suggérée selon la règle de bienséance qui proscrit toute violence. 

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