Manon Lescaut

Ce texte est extrait de Manon Lescaut ; écrit en 1731 par Abbé Prévost. Dans ce passage Des Grieux retrouve Manon. Celle-ci l'a trompé auparavant. Il querelle Manon car il doute de la réciprocité de l'amour de son amante. Le passage est donc très mouvementé, proche d'une scène théatrale. Nous allons donc nous demander en quoi ce passage présente des similitudes avec le théatre. Dans un premier temps, nous étudierons la dramatisation du passage , puis nous nous intérrogerons sur ce que cache cette mise en scene à travers les comportements de Manon et de Des Grieux.

Ce passage ressemble fortement à une scène de théâtre. En effet les dialogues des personnages sont fortement ponctués ; ainsi dans le texte nous pouvons remarquer un nombre important de points d'exclamations et d'interrogations. De plus, la scène est rythmée par les déplacements de Manon et de Des Grieux. Ces mouvements caractéristiques du théâtre sont décrits dans des phrases sonnant comme des didascalies : « en venant m'embrasser » ;« en m'asseyant sur une chaise ; « je la repoussai […] je fis deux ou trois pas en arrière pour m'éloigner d'elle ». Ainsi un certain jeu de recul et de rapprochement se joue entre les personnages. L’exagération du repoussement de Des Grieux renforce cette idée dramatique puisqu'au théâtre tous les mouvements sont amplifiés.

La scène emprunte à la tragédie dû au pathétisme du passage. Par exemple dans les postures des personnages ; Manon prend les mains de Des Grieux, étant assis, pour se cacher le visage alors qu'elle est à ses genoux : « elle se laissa tomber à genoux[...] en cachant son visage de mes mains ». Mais le pathétique ne réside pas que dans les gestes des personnages. Le monologue de Des Grieux est parsemé d'apostrophes tels que des « Ah ! » qui dramatisent le discours. Dans sa tirade Des Grieux extériorise ses sentiments. En effet au théâtre les personnages sont obligés de déclamer leurs sentiments puisque le spectateur ne peut avoir un point de vue intérieur des personnages se trouvant sur scène. Ainsi, Des Grieux utilise dans son monologue lyrique, des métaphores typiques des grandes tragédies : « Mon cœur saignait » ; « J'ai le cœur percé de douleurs » ; « Je sens qu'il succombe et qu'il est prêt à se fendre ».

Ce passage est une scène de tragédie ou chaque personnage semble jouer un rôle. En effet Manon tente de se rendre pathétique pour charmer Des Grieux. Ainsi quand il entre dans la pièce « Manon était occupée à lire » ; ce qui montre qu'elle n'attendait pas son amant et qu'elle ne s'inquiétait pas de son absence. De plus sa seule intervention par la parole sonne faux, puisque Des Grieux qualifie la tendresse de Manon d'« ordinaire ». Ensuite pour que Des Grieux sente bien les – peut-être fausses- larmes de Manon, elle prend les mains de Des Grieux pour les mettre sur son visage : « en cachant son visage de mes mains. Je sentis […] qu'elle mouillait de ses larmes » . Ainsi elle attire DG physiquement en se rapprochant de lui. Si Manon reste muette face à la colère de Des Grieux c'est peut-être parce qu'elle n'a aucun arguments pour se défendre. Nous pouvons penser qu'elle chercherait

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