L’énonciation de la guerre sous l’Ancien Régime

Objet d’étude : la question de l’homme dans le genre de l’argumentation.

Problématique : Comment la dénonciation de la guerre est illustrée par différents auteurs et différents genres littéraires de l’Ancien Régime ?

Lectures analytiques : 4 textes.

Document complémentaire : La Bruyère, Picasso.

Lectures cursives : Après moi, Hiroshima, utilisation de la lecture estivale : Les Champs D’Honneur + film.

I] Qu’est-ce que l’Ancien Régime ?

Terme historique qui désigne une période de l’histoire de la France.

1/ La notion de Régime politique

Période qui est dominée par la monarchie absolue de droit divin en France du XVIe siècle jusqu’à la révolution de 1789.

Monarchie absolue de droit divin : Régime politique centralisé où la personne du roi tirant légitimement son pouvoir de Dieu, concentre tous les pouvoirs et est lié à une société basée sur les privilèges avec la noblesse. Le roi favorise ce type de régime depuis Louis XIV, période de la deuxième moitié du XVIIe siècle.

Conséquences : Centralisation politique qui se retrouve dans le domaine culturel : importance apportée aux académies et au code. Louis XIV veut regrouper le pouvoir autour de lui, c’est le principe de la cour et de la codification des arts.

XVII = classicisme = l’idéale de la raison et de la mesure en lien avec la morale et l’inspiration de l’Antiquité, les règles et le code précis sont imposés par le goût du Roi.

2/ Le terme « Ancien » (vieux, démodé, passé = péjoratif)

Le terme « Ancien Régime », pour désigner ce système, apparaît au milieu du XVIIIe siècle et il est surtout utiliser au nom de la Révolution = l’idée d’un système dont on ne veut plus, lier au passé. On a donc un regard critique sur le fonctionnement politique.

XVIIIe siècle = libertinage

Le courant littéraire = Lumières

La raison et l’esprit critique sont mis à l’honneur. On a le principe de la relativité et du mouvement : les voyages, avec la découverte de d’autres systèmes politiques, le développement des sciences qui bouleversent nos connaissances, les modifications de la société (enrichissement des bourgeois, appauvrissement des nobles) = remise en cause du système.

Les philosophes de Lumières critiquent et contestent les institutions, les inégalités sociales…

II] Voir tableau

III] Une critique directe de la politique militaire du Roi

Lecture analytique 1 : Fénélon, lettre à Louis XIV, 1694

Corpus :

L’introduction se fait en 4 étapes :

1. Introduction générale : contexte politique, historique, courant littéraire…
2. Présentation de l’auteur + de quoi parle l’extrait
3. La problématique = met en évidence l’intérêt du texte
4. Annonce du plan

Introduction générale :

Auteur : François de Salignac de la Mothe Fénélon. Il est issu d’une famille aristocrate, et qui est peu aisé. Il entre dans les ordres (dans l’église). Il a des talents pédagogiques et devient précepteur (= professeur particulier) du Duc de Bourgogne qui est le petit fils de Louis XIV. Il produit des textes comme le roman d’apprentissage Les Aventures de Télémaque (1699). Il a une carrière brillante mais finalement, il perd l’appui et la protection du Roi par ses positions contre la guerre.

Contexte : Dernière partie du XVIIe siècle, moment du règne de Louis XIV, marqué par les conquêtes et la grande activité militaire. C’est le désir de s’imposer en Europe par des campagnes militaires et des traités. La monarchie absolue veut assoir ce pouvoir et il y a de nombreuses guerres entre 1661 et 1693, Fénélon y fait allusion dans sa lettre.

Texte : titre : lettre de Louis XIV. Lettre envoyée à Madame de Maintenon, qui est un personnage important, qui est une aristocrate mariée jeune à un vieil homme. Elle est devenue veuve et devient la préceptrice des enfants légitimes du Roi. Le Roi après la mort de sa femme, l’épouse en secret en 1683. On dit qu’elle influence beaucoup le Roi dans ses décisions politiques.

Contenu du texte : Une adresse directe au Roi pour lui combien la France va mal à cause de ses campagnes militaires. On a donc une forte critique de l’action et des décisions du Roi. Ici c’est un texte de contestation, un texte d’argumentation pour défendre une idée et prouver une position. C’est une lettre argumentative, c’est ce que l’on appelle un pamphlet.

Pamphlet : écrit critique destiné à une personne ou à une institution, texte court et incisif (=cassant), une satire (= critique violente).

Problématique : En quoi Fénélon propose-t-il une réflexion sur la manière de gouverner et sur le fonctionnement du régime par une violente critique de la politique militaire menée par le Roi ?

I] La forme de la lettre (étude de la situation d’énonciation)

1/ Un portrait de l’émetteur

Portrait qui prend des précautions, l’émetteur ne se nomme pas, c’est une lettre anonyme (plusieurs périphrase : l.1 « la personne, Sire, qui prend la liberté de vous écrire cette lettre », l.8 « la personne qui vous parle ») : personne = vague. Absence du « je » qui montre une volonté de se préserver, de ne pas se montrer.

Introduction de la lettre : 1er paragraphe

L’émetteur parle de son propre texte, présentation positive de ses motivations :

• l.2 : énumération avec la négation des motivations négatives : « ni par chagrin, ni par ambition, ni par envie de se mêler des grandes affaires » = rythme ternaire
• l.9 : énumération des nobles motivations + rythme ternaire = portrait élogieux de l’émetteur par lui-même, moyen de préparer son lecteur et de le rendre bienveillant envers lui quel que soit le contenu critique de le lettre.

2/ Le destinataire, forte présence du « vous »

Le destinataire est clairement identifié : « Sire » l.1-13-27-38-49, « votre majesté » l.13 = personne désignée par ses titres et sa fonction de Roi, c’est un moyen de capter son destinataire et d’impliquer le Roi dans son histoire.

C’est un émetteur qui fait allégeance. L’émetteur fait allégeance du Roi : l.3 «  avec toute votre puissance », l.2 « elle vous aime » = c’est la position d’un sujet envers son Roi.

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