Louis Nucera

Un quartier, un écrivain

I. Présentation de l’écrivain :

Je vais commencer, si vous le permettez, par vous faire une rapide présentation de Louis Nucera, l’écrivain dont il va être question aujourd’hui.

1. Naissance :

Louis Nucera est né le 19 juillet 1928, à Nice, 9 Avenue des Diables-Bleus, au cœur du quartier Saint-Roch, où il vécut jusqu'à 36 ans. Nucera qui s'écrit sans accent, signifie, selon l'étymologie italienne "Non c'era", celui qui n'était pas là. 1

2. Enfance :

Fils d'immigrés italiens qui ont fui l'Italie fasciste, Louis Nucera devient pupille de la nation à cinq ans car la "Grande Guerre" lui a volé son père. L'enfance ne fut pas rose, avec la peur des fins de mois difficiles et le noir de la robe de sa mère, rendue veuve trop jeune.

3. Passion de la lecture, passion de l’écriture :

Dès son plus jeune âge, il ne cesse de remplir des pages de cahiers de ses histoires, sa mère racontait même que c’était un enfant difficile et remuant et que la seule solution pour le faire rester tranquille c’était de lui donner une feuille et un crayon ! Il se met ensuite à dévorer tous les grands écrivains : Victor Hugo, bien sûr, Céline, Kessel, Cioran et tant d'autres, sa passion de la lecture renforce son amour de l’écriture.

4. La Trilogie :

Alors, pourquoi, me direz-vous parler de Louis Nucera lors de l'anniversaire de ce quartier Saint Roch ? Eh bien, tout d'abord bien évidemment parce qu'il y est né, mais pas seulement… Surtout parce que Louis Nucera a fait de Nice son personnage principal et particulièrement du quartier Saint Roch auquel il a rendu ses lettres de noblesse et qu’il a fait entrer en littérature. Il n'a jamais cessé de chanter ce quartier dans ses romans, parce que ce quartier fut pour l'écrivain une source inépuisable d'inspiration. Cet exposé se cantonnera à trois romans, sur les sept qui composent l’œuvre littéraire de l’écrivain : Avenue des Diables-Bleus2, Chemin de la Lanterne3 et Le Kiosque à musique4. Il m’a semblé en effet qu'il était pertinent de s’en tenir à ces trois romans qui s’inspirent véritablement de cette ville de Nice et plus principalement du quartier de l’enfance, le quartier Saint-Roch, même si nous aurions pu également parler du Ruban rouge qui se passe également à Nice. Mais les trois romans retenus composent tous trois une trilogie populaire du temps passé, la trilogie d'un âge d'or perdu mais ressuscité par la magie des mots. Louis Nucera, lui-même, avait pour habitude de les réunir en un même projet, une même œuvre qu’il intitulait « la série niçoise […] ce sont […] des livres puisés dans ce qui m’est proche »5, écrit-il. Nous nous en tiendrons donc à cette « série niçoise ».

Et puis justement le premier roman de la trilogie porte le nom même d’une rue du quartier Saint-Roch : « Avenue des Diables-Bleus ». Livre dans lequel l’écrivain y raconte la Nice ouvrière, sur la rive gauche du Paillon, loin des fastes de la Promenade des Anglais en mettant un soin particulier à rendre hommage aux minuscules «héros de son existence», «habitants de Saint Roch ou de Riquier, de Carras ou du port, de Garibaldi ou de la Place du Pin », comme il l’écrit.

5. Source d’inspiration :

Louis Nucera a toujours puisé son inspiration dans sa ville natale :

« Il me fallait aussi pour satisfaire mon projet montrer la ville où je suis né et les petites gens qui la peuplent. C’était un travail de mosaïque ou de puzzle – comme on dit promenade des Anglais – qui s’offrait à moi. » 6

Permettez-moi une petite anecdote avant d’entrer dans le vif du sujet pour répondre à ceux qui seraient tenté de continuer

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