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Lorenzaccio Alfred Musset

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Par   •  27 Mars 2013  •  964 Mots (4 Pages)  •  609 Vues

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On a coutume de considérer Lorenzaccio comme le prototype du drame romantique. Si l'on s'en tient aux règles du genre (énoncées plus haut), il nous faut y regarder de plus près, car la pièce de Musset manifeste avant tout une grande liberté. Le poète, d'ailleurs, se résignait mal au clivage qui s'installait alors dans les lettres entre romantisme et classicisme, ce que la lecture de son article De la Tragédie (1838) manifeste clairement : « Pourquoi a-t-on opposé ces deux genres l'un à l'autre ? Pourquoi l'esprit humain est-il ainsi rétréci qu'il lui faille toujours se montrer exclusif ? Pourquoi les admirateurs de Raphaël jettent-ils la pierre à Rubens ? Pourquoi ceux de Mozart à Rossini ? Nous sommes ainsi faits ; on ne peut même pas dire que ce soit un mal, puisque ces enthousiasmes intolérants produisent souvent les plus beaux résultats ; mais il ne faudrait pourtant pas que ce fût une éternelle guerre. »

Cette liberté concerne d'abord la couleur locale. Avant que Jean Pommier (op.cit.) n'ait établi que Lorenzaccio est une pièce composée à Paris, on a prétendu y retrouver des « choses vues », des impressions recueillies sur place par le voyageur de 1833-1834. Mais le texte résiste de lui-même à une telle lecture. Il n'y a aucune recherche du pittoresque dans Lorenzaccio. On y trouve même des anachronismes et des manquements, certainement volontaires, au principe de la couleur locale, - exactement le contraire de ce que l'on trouverait sous la plume de Victor Hugo ou de Gautier. Musset dédaigne donc de montrer à son lecteur une Florence pittoresque, mais il lui offre une Florence morale gangrenée par la tyrannie et son cortège de violence et de débauche, d'asservissement et de lâcheté : ceci se manifeste par des répliques et des situations plus que par des tableaux, une couleur locale plus psychologique que matérielle. Derrière Florence, c'est aussi Paris que nous devinons, à certaines allusions : « Que voulez-vous que fasse la jeunesse sous un gouvernement comme le nôtre ? » (I, 5), et même certains anachronismes : le bonnet de la liberté (I, 3), la limonade du prieur (I, 5)

Sur le plan du mélange des genres, Lorenzaccio offre une variété de nuances plus conforme à l'esthétique romantique. Drame grouillant de vie et parsemé de tableaux sanglants, c'est aussi une tragédie parfois, aux accents philosophiques et politiques, et une comédie où les traits satiriques viennent sans cesse rappeler la médiocrité des êtres : on rit par exemple de la vaine agitation des Strozzi, de Pierre qui a tout d'un Matamore, de Philippe même qui, par la solennité de ses attitudes et de ses propos, par une certaine façon de s'écouter parler et de se regarder agir (ou plutôt ne pas agir), apparaît comme une sorte de Don Diègue un peu prudhommesque, affligé en outre d'une disgrâce pour laquelle Musset a peu d'indulgence : il est vieux. - On rit aussi d'un comique supérieur qui stigmatise l'hypocrisie politique ou l'inconséquence morale : les passages le plus éloquents concernent les contradictions de la marquise Cibo ou du peintre Tebaldeo (II,2), celles aussi de Bindo et Venturi, tout nimbés de pureté républicaine et que Lorenzo fait cyniquement distinguer par Alexandre (II, 4).

Dans la technique du dialogue,

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