Lorenzaccio, Alfred de Musset

PURETE ET CORRUPTION

LORENZACCIO, ALFRED DE MUSSET

III- Pureté et corruption dans le personnage de Lorenzo

1. La Pureté dans le personnage de Lorenzo

Acte I, scène 6, Lorenzo associera le meurtre du Duc avec sa pureté il dira « Songes-tu que ce meurtre est tout ce qu’il me reste ? ». Par opposition au Duc, Lorenzo est un intellectuel. On a ici donc, un contraste entre la forme (qui est belle) et le fond (qui est immoral) Ce décalage amène à penser si le vrai Lorenzo est un intellectuel ou un débauché.

Lorenzo explique à Philippe son parcours moral: comment en est-il devenu à être débauché et perdre sa pureté. Pour arriver à ce but de Brutus moderne, il se renvoie à son statut d'étudiant cultivé, en expliquant ce moment-charnière où il bascule du statut d'étudiant à celui de débauché: «Quand j'ai commencé à jouer mon rôle de Brutus moderne» ; «Ô Philippe, j'entrais alors dans la vie». (Acte 3, scène3)

Il n'y a pas de repère chronologique précis, on imagine juste qu'il a été un étudiant vertueux durant «vingt années» mais c'est un chiffre rond donc uniquement symbolique. Lorsqu'il fait son monologue, il n'a que 22/23 ans. Cependant, on a l'impression que ce temps de pureté est extrêmement loin. Il se souvient de cette période au présent et parle au passé composé, plus que parfait, passé simple et à l’imparfait. Il utilise donc presque tous les temps, mais surtout le passé composé et l'imparfait, puisqu'il y a des conséquences sur le présent, toutes ses actions sont toujours en lui.

Acte III, scène 3, « Suis-je un Satan ? »/ « le jour de mes noces. »

Cette scène a une importance capitale au sein de la pièce car c’est elle qui révèle la vraie nature de Lorenzo, là où le masque tombe car jusqu’ici le lecteur ignorait qui était réellement Lorenzo, même si Musset y laissait quelques indices. Il n'y a plus d'ambiguïté, Lorenzo est un jeune républicain ayant tout sacrifié, jusqu'à sa pureté. Lorenzo est, au sein de la pièce, une preuve que se confronter au pouvoir mène à la corruption. Ainsi, il commettra le meurtre car «Le meurtre, c'est tout ce qu'il me reste de ma vertu.», ce qui est assez paradoxal.

Il suffit donc de dire, que le meurtre du Duc Alexandre, par Lorenzo, lui permet de retrouvée sa pureté, presque enfantine, mais l’acte en lui-même prouve qu’il est corrompu par sa propre volonté de vengeance .

« Suis-je un Satan ? […] Quand j’ai commencé à jouer mon rôle de Brutus moderne, je marchais dans mes habits neufs de la grande confrérie du vice, comme un enfant de dix ans dans l’armure d’un géant de la Fable. Je croyais que la corruption était un stigmate, et que les monstres seuls le portaient au front. J’avais commencé à dire tout haut que mes vingt années de vertu étaient un masque étouffant ; ô Philippe ! j’entrai alors dans la vie ; et je vis qu’à mon approche tout le monde en faisait autant que moi ; tous les masques tombaient devant mon regard ; l’humanité souleva sa robe, et me montra, comme à un adepte digne d’elle, sa monstrueuse nudité. J’ai vu les hommes tels

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