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Les âmes Grises

Note de Recherches : Les âmes Grises. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Avril 2012  •  439 Mots (2 Pages)  •  957 Vues

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Hiver 1917. Une petite ville de province V., à quelques encablures du front où les hommes tombent un par un au rythme des obus tirés sur la terre caillée. Une fillette de 10 ans est retrouvée morte dans l’eau. Une victime de plus sur l'autel du meurtre universel. Qui a fait le coup ? Le procureur, ce veuf infiniment triste muré dans la solitude de son château et beau comme un personnage d'Edgar Poe ? Ce porc de juge Mierck, qui commande des oeufs mollets pour se rassasier à deux pas de la dépouille ? Une brute abrutie par l'alcool — il y en a tellement dans ce village aux allures de zoo humain — en proie à quelque tourment sexuel ? À moins que ce ne soit un déserteur fuyant cette terre hostile, embaumée vivante par le froid et l'Histoire ? Fouillant sa mémoire blessée longtemps après les faits, un homme consigne dans de petits cahiers les souvenirs qui lui restent de cette affaire-là et de la vie au village à l'époque. Oh, ce n'est pas un grand écrivain ! Non, c'est seulement un homme tout juste instruit qui nous livre ses souvenirs de la maison des morts à lui.

Fidèle à lui-même, Philippe Claudel continue sa quête de vérité en explorant l’homme et ses rapports à la vie, à la mort, à autrui. Il passe au peigne fin la comédie sociale qui se joue entre les notables que la guerre ne semble pas avoir bousculés dans leurs positions, leurs conventions, leurs hiérarchies, et les petites gens misérables au cœur d’or, persécutés et poussés à la folie, voire au suicide. On retrouve des caractères, des personnages, des noms et des lieux déjà rencontrés dans ses œuvres précédentes, et, bien sûr, la rivière qui ne cesse d’alimenter la plume de l’auteur. Philippe Claudel est un conteur qui envoûte par ses plongées psychologiques subtiles et noires du fond de chaque être, du fond de l’absence. Il me semble qu’au fil de ses œuvres, l’auteur parvient à livrer une écriture moins diluée en évitant les digressions littéraires pour se centrer sur le cœur de l’élégance. Un très beau roman ! Seul regret ou coïncidence peut-être ( ?), j’ai le sentiment que la presse se décide à se pencher sur son œuvre, seulement le jour où l’auteur est primé. Est-ce à dire que les maisons prestigieuses qui ont eu le nez de dénicher et de publier ce talent encore jeune ne seront jamais récompensées de leur travail par la critique, comme c’est l’usage dans l’hexagone depuis trop longtemps ? Tant mieux pour Philippe Claudel et pour Stock, dommage pour Balland et La Dragonne…

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