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Les trois dernières scènes de la cinquième journée Don Alvaro

Commentaire de texte : Les trois dernières scènes de la cinquième journée Don Alvaro. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Juin 2022  •  Commentaire de texte  •  3 780 Mots (16 Pages)  •  389 Vues

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L’extrait que nous allons étudier se situe dans les trois dernières scènes de la cinquième journée, ce passage suit les scènes précédentes dans les quelles Don Alfonso rencontre Don Alvaro, qui s'était caché dans le couvent, cherchant à se venger de son père et de son frère. Après l'avoir giflé, les deux se font face et Don Alvaro demande à Méliton d'ouvrir la porte. Les scènes IX, X et ultime constituent le dénouement de la pièce, venant donner le glas de l’intrigue de la vengeance et l’intrigue amoureuse, un duel final entre Don Alvaro et Don Alfonso sera mis en scène et annonce la finalité des deux héros et celle de l’héroïne Léonore. Ce passage peut se répartir en trois grands mouvements. Selon la version en Français, le premier commence au vers 2180 et se termine au vers 2271 où Don Alfonso révèle l’identité de Don Alvaro qui est le fils d'un vice-roi et d'une Inca et cela fait que ce dernier tombe dans un désespoir extrême ; le deuxième mouvement s’étend du vers 2272 à la ligne 11 de la page 271, Don Alfonso tombe blessé et demande à un prêtre de recevoir sa confession avant de mourir. Don Alvaro, sans le savoir, se rend dans la cellule de sa bien-aimée et reconnait sa voix. Enfin, le dernier mouvement, qui est compris entre la ligne 12 de la page 271 et la fin de cette pièce, Don Alfonso poignarde sa soeur, et par l’ultime chagrin, Don Alvaro se démasque devant les moines et se jette du haut de la montagne.

Nous allons donc essayer de comprendre comment ce dénouement tragique transforme-t-il une scène de duel et de meurtre, par la puissance du destin, en une scène sublime du suicide du héros tout en considérant l’esthétique du drame romantique ? Tout d’abord nous analyserons les caractéristiques de la mise en scène de cet épilogue. Puis nous relèverons les esthétiques dramatiques et romantiques de ce passage. Et enfin il sera question d’étudier le facteur de la conduite vers la mort tragique: la force du destin.

*** Dans un premier temps, nous allons étudier comment la mise en scène crée une tension du

dénouement de la pièce à travers les décors scéniques, le rythme de précipité et la dimension religieuse.

Commençons-nous par analyser les enjeux de l’espace scénique qui sont notamment présentés dans ce passage pour teindre l’atmosphère d’une finalité édifiante.

C'est une caractéristique du romantisme : il apparaît dans l'œuvre comme une expression des sentiments et des états d'esprit des protagonistes. La scène du duel présente « une vallée cernée de roches escarpées inaccessibles », les deux derniers adjectifs qualificatifs créent d’or et déjà une ambiance inquiétante, au demeurent, « le ciel est celui d’un coucher de soleil de tempête, il s’obscurcira lentement...les coups de tonnerre et les éclairs augmenteront », cela représente à la fois

la tension des deux protagonistes et l’environnement symbolique qui sert le spectateur à ressentir la finalité du duel. À la scène ultime, les coups de tonnerres et les éclairs deviennent plus violents, en effet, cette impétuosité de temps évoque l’état d'esprit tourmenté de Don Alvaro et son destin fatal imminent. En outre, nous remarquons également une attention portée par l’auteur à brosser de véritables paysages, disposant au moins deux plans, du plus proche au plus lointain, à la scène IX, le premier plan est la vallée de roches, mais dans le fond, il y a une grotte qui est en réel l’ermitage de Léonore, ici, il s’agit la fonction de l’allusion de l’intrigue des didascalies de décors, la mention de l’ermitage nous laissant prévoir la retrouvaille des amants; à la scène ultime, « on entend chanter au loin le Miserere par la communauté », cela annonce l’arrivée des moines et préfigure le point culminant de l’intrigue: le suicide du héros. Enfin, du point de vue de l’esthétique théâtrale, ces caractéristiques du théâtre romantique dans ce passage peuvent être considérées comme un cri de liberté face à la société traditionnelle enfermée dans les règles des trois unités néoclassiques.

Puis, il s’avère que cette scène du dénouement est profondément dramatique au niveau de son intensité.

En effet, une tension et un empressement dominent le passage. Le dévoilement de l’identité de Don Alvaro provoque une certaine détresse. Cette teinte dramatique rythme littéralement la scène. Ainsi, nous pouvons observer une réelle poétique dramatique théâtrale. Ce qui saute aux yeux est avant tout une longue tirade sans cesser de Don Alfonso qui se contente à démasquer Don Alvaro et l’humilier. Don Alvaro est révoltée par la situation qui lui apparaît. Il est frappé par cette réalité et tente à maintes reprises d’interrompre son interlocuteur mais en vain. Don Alvaro s’exprime à travers une série de phrases interrogative et rhétorique aux vers 2245, 2246 et 2265. Une fois le combat commence, les ponctuations devient exclamatives aux vers 2273, 2274 et dans les répliques en prose suivantes, notamment après que Don Alfonso tombe blessé, la ponctuation s’accompagne de termes forts et lourds de sens tel que la gradation « Ciel!...Mon dieu!...du sang de Vargas » à la deuxième réplique en prose de la page 267. Les mots prennent davantage de poids et d’intensité et les sentiments ici sont exacerbés. Au moment de la retrouvaille de frère et soeur, les points de suspension et le point d’exclamation sont omniprésente, les apostrophes ainsi que les exclamatives « Oh rage ! » sont également significatives, tout cela tient le spectateur en haleine, il sera absorbé par la vivacité de la scène qui se déroule sous ses yeux: le frère poignardera sa propre soeur. À cela s’ajoute les didascalies qui elles aussi permettent la dramatisation de la scène: « Se précipitant dans les bras de son frère » à la ligne 10 et « il sort un poignard et en frappe à mort Léonore », les didascalies apparaissent comme indispensables, cette limpidité permet au lecteur de ressentir la joie et l’inquiétude de Léonore de revoir son frère et au contraire, la haine et la cruauté de son frère contre elle, les didascalies apportent une dimension plus réelle voire de la vraisemblance notamment grâce au présent, la scène devient accessible et dynamique, ainsi, un fort contraste entre frère et soeur est captivé par le spectateur.

Finalement, il est important de noter que la teinte dramatique du passage est portée par la dimension religieuse.

Rappelons-nous que Rivas a vécu une période de crise religieuse. Tout d’abord, cette cinquième journée de la pièce a lieu au couvent de Saints-Anges et dans ses environs, où Don Alvaro s'est caché pour purger ses fautes et vivre le reste de sa vie en pénitence, malgré son souhait de rachat sincère, ce choix est interprété d’une façon méprisante par Don Alfonso qui le considère comme un déserteur, du vers 2250 au vers 2256 : « Les voeux religieux éternels qui vous lient à ce désert...un déserteur qui a échappé à l’infâme supplice... », pourtant, quant à lui-même, étant à l’agonie, il crie : « Mon Dieu! Confession! Je suis chrétien... ». Nous pourrions constater que cette scène crée un effet de visualisation particulièrement efficace de pathétisme chrétien sur les spectateurs. Nous remarquons également que la signification finale de la religion a heurté le public à cause de la porté édifiante de la pièce, notamment la façon dont le christianisme est présenté, les moines s'approchent de l'endroit où Léonore est morte, elle meurt à côté de son ermitage où elle a passé des années pour se faire pardonner par le Dieu, Don Alvaro se démasque devant les moines, se jette du haut de la montagne et dénonce : « Que le ciel s’écroule! Que périsse la race humaine ; extermination, destruction! » à la ligne 2 de la page 273, cette posture finale de Don Alvaro et le défi qui lance à la foi chrétienne crée un véritable choc chez les spectateurs. Les frères terminent l'histoire en disant : « Miséricorde, Seigneur! Miséricorde! », si le héros se retire au couvent pour se purger, sa finalité montre que cela est un échec car il est devenu encore plus coupable d’avoir tuer en tant qu’homme église.

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