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Les spécificités du roman Mopassan

Analyse sectorielle : Les spécificités du roman Mopassan. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Février 2015  •  Analyse sectorielle  •  2 253 Mots (10 Pages)  •  550 Vues

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DISSERTATION sur un sujet littéraire

A propos de la spécificité du roman de Maupassant, on a pu écrire : « La destinée catastrophique du personnage n’a pas de causes externes et n’est pas tant due à son milieu social ni à l’époque dans laquelle il vit qu’à son statut d’homme ».

Commentez cette réflexion d’après votre lecture d’un roman de Maupassant. [Une Vie]

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Les titres surlignés sont juste des indications : ils n’ont pas à apparaître dans le devoir

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Le réalisme et le naturalisme sont avant tout une réaction contre le romantisme, contre son idéalisme, contre ses excès de lyrisme. Ainsi les réalistes se tournent-ils vers des héros du quotidien, leur intérêt se porte sur la vie politique, sociale ou religieuse de leur siècle. Les naturalistes à leur tour cherchent à expliquer la vie de leurs personnages par l’hérédité, le milieu social, et ils s’inspirent en cela des découvertes des sciences expérimentales, de la médecine et de la psychiatrie. Pourtant l’on a pu dire de Maupassant : « La destinée catastrophique du personnage n’a pas de causes externes et n’est pas tant due à son milieu social ni à l’époque dans laquelle il vit qu’à son statut d’homme ».

Nous verrons que cette déclaration semble de prime abord contredire la composante essentielle du naturalisme. Nous pourrons pourtant nous demander si le caractère de certains individus ne programmerait pas leurs échecs. Enfin nous nous demanderons si cette écriture (qui choisit de raconter une aventure d’autant plus catastrophique qu’elle déploie une conception pessimiste de l’homme) n’est pas propre justement à Maupassant qui dépasse par là le strict dogme naturaliste.

I LE MILIEU SOCIAL ET L’EPOQUE COMME REPOUSSOIRS

A/ Une éducation idéaliste

La question que nous nous posons est : en quoi le rousseauisme du baron a-t-il éventuellement favorisé les malheurs de sa fille ? La personnalité de cet homme qui croit au progrès, qui veut « laisser faire la vie », qui voit dans le monde entier une force bonne et généreuse « produisant sans but, sans raison et sans fin dans tous les sens et dans toutes les formes à travers l’espace infini, suivant les nécessités du hasard et le voisinage des soleils chauffant le monde » dans un XIXe siècle dépourvu de tendresse, que sa générosité conduira à mourir ruiné, n’explique pas à elle seule l’implacable destruction de la vie de Jeanne. Force est de constater pourtant qu’il a, en toute bonne foi, aidé le loup à entrer dans la bergerie. Avant le mariage, il dit de Julien : « il sera pour nous comme un fils ».

Les mièvreries de la baronne, qui trouve ce dernier « très comme il faut », qui refuse d’être explicite dans le domaine de l’éducation sexuelle, sont un facteur aggravant.

Sans doute plus lourde de conséquences, la réclusion conventuelle, qui interdit aux jeunes filles de faire l’expérience de la vie : pendant cinq années, Jeanne a été « sévèrement enfermée, cloîtrée, ignorée et ignorante des choses humaines ».

Ces aspects permettent au romancier une satire de ceux qui croient au progrès et de ceux qui s’enferment dans les conventions sociales. Mais l’ingénuité de Jeanne n’explique pas tous ses échecs, loin de là.

B/ L’évolution historique

Les Briseville, rencontrés en 1819, symbolisent la déliquescence de l’aristocratie rurale. Vingt-cinq ans plus tard, Paul cherche à créer une compagnie de paquebots. Entre les deux : RIEN ! Rien sur la révolution de 1830, rien sur la révolution de 1848. Maupassant peint une société cloisonnée et égoïste, un monde qui se défait. Les hobereaux normands vivent selon des normes qui n’ont plus cours. Les paysans sont mal éduqués, grossiers. Cette vie de province a sans doute évidé un peu plus la vie de la jeune fille, mais le sort de Jeanne eût-il été meilleur à Paris?

C/ L’hypocrisie des mœurs

Elle recouvre tout le XIXe siècle (adultère, , prostitution, pratique religieuse …). Ce fiasco éthique explique-t-il celui de Jeanne ?

L’amour est une illusion. Aux exemples offerts par Julien, Rosalie, Gilberte, il faut ajouter les amours ancillaires du baron (« qui sait même si vous n’avez jamais tâté d’une petite bobonne comme celle-là. Je vous dis que tout le monde en fait autant » déclare l’abbé Picot au baron) et les relations secrètes entre Adélaïde et Paul d’Ennemare.

Dans le peuple, c’est la même façon d’obéir à un instinct aveugle : « A tout moment on apprenait une grossesse nouvelle, ou bien quelque fredaine d’une fille, d’une paysanne mariée et mère de famille ou de quelque riche fermier respecté ». Le mariage et la famille font faillite et la maternité est un piège.

Au gâchis sentimental s’ajoute la défection des valeurs chrétiennes. Tolbiac piétine la chienne en gésine : sa religion fanatique est celle de la haine et de la vengeance. Quel salut Jeanne peut-elle attendre de lui? Picot est le raccommodeur de porcelaine conjugale. Avec « sa nature grivoise de prêtre campagnard prêt à fouiller dans ces mystères du lit qui lui rendaient plaisant le confessionnal », il n’est pas moins dangereux. Mais l’hypocrisie des mœurs n’explique pas non plus à elle seule le saccage méthodique de la vie de Jeanne Le Perthuis des Vauds.

Conclusion partielle :

La peinture de cette société en plein déclin ajoute donc à la vraisemblance et n’échappe évidemment pas à la satire. Une Vie fonctionnerait comme un anti-manuel d’éducation à l’usage des jeunes filles. Jeanne prend conscience que le bonheur conjugal, l’épanouissement par la maternité, la pureté des figures paternelle et maternelle sont des illusions. Un anti-manuel d’éducation oui, mais indépendant de l’époque. Un appel semblable à la lucidité pourrait être lancé à la fin du XIXè siècle (cf. Bel-Ami).

II UNE VIE : LE MALHEUR INHERENT A LA CONDITION HUMAINE

A/ Le parcours de Jeanne

Jolie, riche, en bonne santé, bien élevée, Jeanne peut sembler bien placée dans la course au bonheur. Las, après quelques brefs moments de bonheur en Corse, la jeune femme fera rapidement ses premiers « apprentissages »

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