Les personnages de roman nous permettent-ils de mieux comprendre l'homme ?

A la Rochefoucauld qui déclare «  Il est plus nécessaire d’étudier les hommes que les livres » George Sand semble répliquer lorsqu’elle recommande comme un moyen de formation « l’étude des lettres, qui n’est autre que l’études des hommes ».

Les personnages de roman nous permettent-ils de mieux connaitre l’Homme ?        

« Les livres font les époques et les nations, comme les époques et les nations font les livres ». Disait Jean-Jacques Ampère.

Cette question de savoir si les livres sont le reflet de notre société ou si nous sommes le reflet de ce que nous écrivons revient au paradoxe de savoir lequel est arrivé en premier : l’œuf ou la poule ? Cependant, une fois toute considération d’ordre d’arrivée écartée, la question de la place des personnages de roman et leur rôle dans l’interprétation de nos sociétés peut en effet être de mise. Nous allons donc essayer de déterminer si oui ou non, les personnages de roman nous permettent de mieux connaitre la nature humaine.

Voyons pourquoi et comment les personnages des romans permettent la compréhension de l’homme.

Premièrement,  la majorité du temps, les auteurs s’efforcent de décrire un univers «  réaliste », se rapprochant de la réalité. Leurs personnages ne sont pas basés sur rien mais le sont en revanche souvent sur des personnages de la vie de l’auteur (voir l’auteur lui-même quand il s’agit de romans autobiographiques tel que Vipère au poing  d’Hervé Bazin) ou sur des personnages typiques représentant des aspects de la nature humaine tels que Scapin dans les fourberies de Scapin de Molière qui représente la fourberie et la ruse humaine, ou encore Gilgamesh de l’œuvre éponyme l’épopée de Gilgamesh qui représente parfaitement l’entêtement et le caractère têtu de l’homme que nous connaissons tous si bien. C’est pourquoi une analyse des personnages, de leur tempérament ou de leur symbolique permet une compréhension de la nature humaine.

Ensuite, décrire des personnages proches de la réalité, ayant des caractéristiques semblables à l’Homme réel, permet une identification plus rapide et plus importante du lecteur avec les personnages du roman. Ainsi, si l’on prend le monde comme il va de Voltaire, un lecteur de notre époque, totalement étranger aux us et coutumes de l’époque, n’a aucun mal à s’identifier à Babouc qui part visiter une contrée qui lui est totalement inconnue. Ainsi, décrire des personnages réalistes, permet à l’auteur de créer une plus forte intégration du lecteur à l’histoire et une meilleure assimilation des personnages car le lecteur y reconnait des traits de caractère qu’il connait.

Cependant, le personnage ne permet de connaitre l’homme dans tous les cas et ce, pour plusieurs raisons.

La première d’entre elles (que l’on ne prend pas souvent en compte) c’est le fait que la culture, l’origine et le vécue des auteurs influe énormément sur le contenu du roman et la biographie des personnages, c’est un fait inéluctable. Ainsi, un auteur d’orient ou d’Amérique latine n’écrira pas de la même façon qu’un auteur européen et aura une vision totalement différente de celui-ci (surtout si l’on considère le concept d’Umwelt mais là n’est pas le sujet). Prenons l’exemple de Son wu Kong, le personnage principal de La pérégrination vers l’ouest écrite par Wu Cheng ’en qui pourrait être considérer dans notre culture comme un anti héros, tant il est situé à l’opposé des héros classiques des romans du 16éme siècle, mais qui ne l’est pas en chine. La culture de l’auteur joue donc bien un rôle important dans la caractérisation des personnages et la vision qu’ils nous donnent du monde dans lequel il vit.

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