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Les liaisons dangereuses, Laclos

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Par   •  16 Janvier 2017  •  Commentaire de texte  •  3 256 Mots (14 Pages)  •  5 504 Vues

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Commentaire composé

Les liaisons dangereuses – Choderlos de Laclos

Lettre CV – La Marquise de Merteuil à Cécile Volanges

Introduction

Cette lettre se situe environ à la moitié de l’œuvre. Cécile a écrit quelques jours auparavant à la Marquise pour l’informer du fait que malgré quelques résistances, elle a cédé aux avances du Vicomte de Valmont. Elle est complètement désemparée face à ce qu’elle considère comme un drame et demande les conseils de la Marquise. Cécile précise qu’elle ne veut pas entretenir de relation avec Valmont car elle ne l’aime pas.

Dans cette lettre, la Marquise répond à Cécile en se moquant ouvertement de sa candeur et en lui prodiguant les conseils « réfléchis » d’une amie plus expérimentée.

Cette lettre est une habile manière de la part de la Marquise de rabaisser Cécile le plus bas possible pour ensuite la manœuvrer à sa guise en se faisant passer pour une âme généreuse, pleine de compassion, qui pardonne les « étourderies » de la jeune fille par pure bonté et lui donne une dernière chance de bien se comporter. La marquise doit faire très attention à ce moment-là de l’histoire car si sa lettre ne convint pas Cécile du bien-fondé de ce qu’elle dit tout son projet de destruction des Volanges mère et fille, peut s’effondrer. Cette lettre est véritablement un passage charnière dans lequel la Marquise tente le tout pour le tout pour mener à bien son défi. L’enjeu de cette lettre est le retournement du monde et de ses idéaux. Faire passer le blanc pour le noir, la vertu pour le péché, le mal pour le bien. En effet, la résolution qu’a pris Cécile de ne plus laisser Valmont entrer dans son lit ne va pas du tout dans le projet de Madame de Mertueil et cette dernière doit absolument faire disparaître cette résolution.

Pour comprendre comment Madame de Mertueil construit sa lette dans laquelle tout se joue pour elle, et comment elle parvient à tout inverser, nous allons d’abord voir comment elle s’y prend pour rabaisser Cécile, ensuite nous nous attarderons sur la manière dont elle détourne ce qui les entoure pour tromper la jeune fille et finalement avec quelle habileté elle tente d’amener la demoiselle Volanges à provoquer sa propre perte et à fermer seules ses échappatoires.

1) Comment Madame de Merteuil s’y prend-elle pour rabaisser Cécile ?

a) Elle la traite d’enfant

Dans la lettre que Cécile envoie à Madame de Merteuil, elle explique clairement qu’elle s’attend à être grondée pour avoir cédé aux avances du Vicomte de Valmont.

« Vous avez tant de bonté pour moi ! Mais n’en ayez pas dans ce moment-ci ; je n’en suis pas digne : » (p.302)

Cécile Volanges, du haut de ses quinze ans, donne, sans le vouloir, un excellent moyen à la Marquise de commencer sa manipulation. En effet, en se plaçant sous la peur d’être grondée, Cécile donne implicitement l’autorisation à la Marquise de la gronder certes, mais surtout de la traiter comme une enfant car ce sont bien les enfants qui se font gronder.

« Petite, vous voilà donc bien fâchée, bien honteuse ! » (p. 332)

« Voyez donc, la pauvre enfant, comme elle est à plaindre ! » (p.332) « Ah ! petite fille, vous mentez, » (p.334)

« Vous écrivez toujours comme un enfant. » (p. 336)

Le vocabulaire utilisé par Madame de Merteuil tout au long de sa lettre pour s’adresser directement à Cécile, appartient toujours au champ lexical de l’enfance. Cette manière de ramener la jeune fille à son rang d’enfant et non de jeune femme, permet également à la Marquise, de briller par son rôle d’adulte qui peut se permettre de juger un comportement comme étant enfantin et donc de se placer en tant que référence dans la tête de la demoiselle.

La contradiction quant à l’utilisation des termes liés à l’enfance tient dans le fait que d’un côté Madame de Merteuil a besoin que Cécile se sente une enfant afin de mieux pouvoir la manipuler, car en tant qu’enfant Cécile aura besoin d’un repère et la Marquise a déjà acquis ce rôle, d’un autre côté Madame de Merteuil fait en sorte que Cécile pense que cette lettre est destinée à la faire grandir et devenir adulte.

Dans le passage du film « Sexe intentions » basé sur le roman « Les Liaisons dangereuses », et qui reprend cette lettre, l’expression utilisée est « société secrète ». Et cela convient parfaitement à l’idée de la lettre. Cécile en tant qu’enfant ne peut pas savoir que tout le monde a des aventures comme celle qu’elle a eu avec Valmont (« Croyez-moi cependant, s’il en était ainsi, nos Femmes, et même nos Demoiselles auraient le regard plus modeste » (p.333)) et que donc, selon Madame de Merteuil, tout ceci est normal est fait partie de la vie de femme. D’ailleurs le seul moment dans le texte où l’expression de femme est utilisée pour faire référence à Cécile est le moment où Madame de Merteuil parle de la manière dont Valmont l’a traitée.

b) Elle utilise l’ironie

Afin d’ajouter un caractère blessant aux termes liés à l’enfance vu plus haut, Madame de Merteuil utilise également l’ironie. La première partie de sa lettre de « Hé bien ! Petite, vous voilà donc bien fâchée » (p. 332) jusqu’à « et Valmont, à coup sûr, n’aurait pas été troubler votre douleur par de contrariants plaisirs. » (p. 333) n’utilise que l’ironie afin de prouver à Cécile que sa honte et son mécontentement n’ont pas lieu d’être.

Le ton de l’ironie est donné dès le départ du texte :

« Comment ! il ose vous traiter comme la femme qu’il aimerait le mieux ! » (p.332)

L’ironie se perçoit immédiatement par l’opposition du début de la phrase : « il ose vous traiter » que l’on imagine aisément suivie de termes tels que « aussi mal », « de la sorte », etc. mais la suite de la phrase est toute autre « comme la femme qu’il aimerait le mieux ! ». Cécile est « traitée » premièrement, comme une femme, ce qui serait une première pour elle qui sort de l’enfance, et de plus comme celle que Valmont aimerait le plus. On voit bien là l’opposition qui créée l’ironie de la phrase et qui donne le ton pour toute la première partie de la lettre.

Cette manière d’utiliser l’ironie est totalement humiliante pour Cécile car on lui

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