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Les Liaisons dangereuses, Laclos (1782) – L.A. n°2

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Par   •  13 Mars 2018  •  Commentaire de texte  •  1 900 Mots (8 Pages)  •  690 Vues

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Les Liaisons dangereuses, Laclos (1782) – L.A. n°2

« Lettre II de la Marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont au Château de... »

extrait de la ligne 20 « Mme de Volanges marie sa fille » à la fin.

Problématique : Comment, à travers un réquisitoire polémique, se dégage le portrait de la Marquise de Merteuil en libertine assoiffée de pouvoir ?

Formulation alternative : En quoi, à travers le discours de Merteuil, se dégage le portrait en creux de la Marquise ?

[Rappel : I-Qu'est-ce que c'est ? (texte, forme, ton, première lecture etc.)

II-De quoi ce texte parle-t-il au fond ? ]

I-Un réquisitoire polémique.

A/Rigueur classique au service du discours de Merteuil.

La lettre de la Marquise s'inscrit dans l'art de l'éloquence et suit les parties du discours selon les règles de la rhétorique classique :

-l'exorde (introduction qui s'attache à obtenir la bienveillance de l'auditoire)  apparaît dans les quelques lignes précédents l'extrait : la Marquise inscrit son projet dans une tradition épique et héroïque où Valmont deviendrait un véritable « Héros ».

-la propositio (présentation du sujet de manière générale) : de « Madame de Volanges marie sa fille » à «j'en suis dans une fureur !»( l.1 à l.4) : la Marquise annonce le sujet de sa lettre.

-la narratio (exposé des faits) : de «Eh bien ! » à « rassérène mon âme » (l.5 à l.8) : la Marquise expose les griefs qu'elle et Valmont partagent au sujet de Gercourt.

-la confirmatio (exposition des arguments) : de « Vous avez été ennuyé cent fois » à « la fable de Paris » l. 9 à 21) : la Marquise expose les différents arguments contre Gercourt

-la refutatio (on prévient les objections de l'auditoire) : de « Au reste » à « m'obéir » (l. 22 à 28) : la Marquise prévient une objection possible de Valmont quant à l'attrait de la cible proposée (Cécile)

-la péroraison (conclusion générale) : de « Vous recevrez cette lettre » à la fin (l. 29 à la fin) : la Marquise, ici, effectue une péroraison tronquée : au lieu de proposer une conclusion générale de son discours, elle la passe sous silence au profit d'une avalanche d'ordres à l'encontre de Valmont. Ce silence exprime de manière paradoxale, pour la Marquise, la certitude d'être obéie et donc l'efficacité de son discours, puisque les verbes au futur de l'indicatif« vous reviendrez »(l. 36), par exemple, expriment la certitude et ne laissent donc pas de place pour un refus.

B/Le procès de Gercourt.

Le discours de la Marquise fait le procès de son ancien amant. Il s'inscrit donc dans le genre rhétorique judiciaire : à travers ce qui est reproché à Gercourt, se construit un véritable réquisitoire où la polémique sert l'argumentation.

La thèse à défendre (et qui justifie son attaque) est que Gercourt « n'est qu'un sot » (l. 16). L'insulte sert non seulement à montrer l'inanité des idées du personnages mais aussi le mépris qu'il évoque et qui sert déjà de justification à son futur traitement. En soi, par sa vacuité et son peu de valeur, Gercourt mérite qu'on l'humilie. La Marquise alors propose une distorsion des valeurs : la condamnation de Gercourt sert de justification à une entreprise de séduction qui piétine toutes les valeurs morales.

L'art argumentatif de la Marquise s'appuie sur deux stratégies : le convaincre et le persuader.

D'abord, elle propose une série de quatre arguments destinés à convaincre par la raison. Ici, le système des valeurs morales étant inversées, cela transparaît aussi dans les arguments. Ainsi, Gercourt mérite leur vengeance à tous les deux car :

-il pèche par arrogance : « Vous avez été ennuyé cent fois(...) de l'importance que met Gercourt à la femme qu'il aura et de la sotte présomption qui lui fait croire qu'il évitera le sort inévitable. » (l. 9 à11)> la périphrase « sort inévitable »= cocuage, il y a crime de la part de Gercourt de se croire au-dessus du pouvoir des séducteurs (comme le sont la Marquise et Valmont), comme le montre la connotation négative de « présomption », croyance absurde ici d'oser se mesurer aux libertins.

-il pèche par sa promotion de l'ignorance : « Vous connaissez ses ridicules préventions pour les éducations cloîtrées » (l. 11 et 12) : ici « cloîtrée » renvoie au cloître des religieuses, mais le terme fait surtout référence à l'enfermement physique et intellectuel des jeunes pensionnaires qui y reçoivent une éducation. Cette dévalorisation des valeurs chrétiennes, puisque « cloître » fait intrinsèquement référence à la religion, participe du paradoxe des arguments à l'encontre de Gercourt.

-il pèche par ses préférences physiques : « et son préjugé, plus ridicule encore, en faveur de la retenue des blondes » (l. 12 et 13) : outre le cliché véhiculé à l'époque (blondeur = innocence), l'association par la coordination « et » entre ses préférence en matière d'éducation et d'esthétique physique montre de Gercourt une certaine hypocrisie et une fainéantise d'esprit (il s'inscrit dans un cliché et il s'attache au paraître, ce qui va à l'encontre des préceptes religieux qu'il attend chez son épouse)

- enfin, il pèche par son intransigeance : «malgré les soixante mille livres de rente de la petite Volanges,  il n'aurait jamais fait ce mariage, si elle eut été brune, ou si elle n'eût pas été au couvent » (l. 13 à 16) : reprise des arguments évoqués et illustration par l'exemple de la stupidité de Gercourt : il serait capable de préférer sa superstition à une véritable fortune.

Dans un deuxième temps, la Marquise tente de persuader Valmont : après l'utilisation d'appel à la logique, elle semble vouloir obtenir sa complaisance par les sentiments. Pour cela, elle fait appel à leur complicité «  comme nous nous amuserions » (l. 19) où l'alliance joyeuse s'exprime par la 1ère pers du plur et la référence à la légèreté et à la plaisanterie :

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