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Les effets de la musique

Synthèse : Les effets de la musique. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Novembre 2021  •  Synthèse  •  1 929 Mots (8 Pages)  •  624 Vues

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BTS

Culture générale et expression Corrigé BTS Blanc

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  • Après ces quelques pistes pour la construction du tableau synoptique, voici un exemple de synthèse rédigée.

Les anthropologues qui s’intéressent à nos sociétés n’ont pas manqué de se pencher sur le rôle de la musique. Quels sont ses effets sur la société et les rapports entre les individus ?

Les quatre documents mis à notre disposition font écho à ces recherches et trois d’entre eux examinent cette question en mettant plus spécifiquement l’accent sur les mouvements musicaux apparus à partir des années 1950, grâce aux médias audiovisuels et aux jeunes générations.

Après avoir étudié dans une première partie l’attrait universel de la musique, le corpus amène à réfléchir à l’importance de la musique pour le renforcement du lien social.

Tous les documents du corpus mettent en évidence un aspect anthropologique majeur : en tant que langage des émotions, la musique parle à tous. Elle procure un plaisir immédiat et des sensations uniques que détaille Francis Wolff dans son introduction à Pourquoi la musique ?, essai philosophique publié en 2015. Pour l’auteur, l’art musical est d’abord un espace émotionnel, à la fois corporel et culturel. Chacun ressent dès la petite enfance ce besoin de s’exprimer en musique : crier, battre des mains, danser engendrent des sensations fortes qui éveillent notre être-au-monde. Ces aspects se retrouvent dans la chanson « Un, deux, trois » composée en 1990 par Jean-Jacques Goldman (pour les paroles françaises), qui donne immédiatement envie, par son tempo très rythmé et sa musicalité communicative, de chanter, de danser ou de faire la fête.

Si les émotions musicales traversent toutes les époques et habitent tous les lieux, comme le rappelle Francis Wolff, les formes spécifiques de ce mode d’expression artistique reflètent en partie la structure sociale. Dans les démocraties modernes, les capacités fédératrices de la musique renforcent la cohésion sociale, par-delà des différences de classes, de milieux ou de cultures. Dans un essai sur l’esthétique des musiques populaires, Dialectique de la pop (2018), la philosophe et auteure-compositrice Agnès Gayraud montre comment le système des hits, selon elle constitutif de la pop, implique le développement d’un goût musical partagé, et donc non élitiste. De même, la sociologue Béatrice Mabilon-Bonfils souligne dans

un ouvrage collectif publié en 2004, La Fête techno, que les grands rassemblements autour de la techno témoignent d’une volonté collective d’aborder la musique sans préjugés.

Ce phénomène de démocratisation des genres musicaux et de standardisation des pratiques culturelles soulève néanmoins des interrogations qui mettent au jour toute la complexité de la musique et font réfléchir à ses profondes ambivalences. Pour Francis Wolff, elle est l’alliance du naturel et de l’art, du corporel et du spirituel. À travers l’exemple de la fête techno, Béatrice Mabilon-Bonfils souligne l’étrange paradoxe de cette musique, à la fois très individuelle et source de cohésion sociale, apte à suggérer une nouvelle forme de participation politique. Agnès Gayraud montre quant à elle que la musique pop serait tiraillée entre expression individuelle et industrie culturelle, expressivité personnelle et reproduction collective, d’où cette expression de « dialectique de la pop » qui oriente tout son ouvrage. La chanson de Jean-Jacques Goldman exprime parfaitement cette dualité, par son mélange de musique à la fois authentique et commerciale, personnelle et consensuelle.

Grâce à sa richesse, à son universalisme et à l’immédiateté du plaisir qu’elle procure, la musique possède un pouvoir rassembleur. Béatrice Mabilon-Bonfils insiste sur cet aspect dans le cas des fêtes techno, où elle observe l’expression d’un rapport nouveau entre l’individuel et le collectif : bien que les participants dansent seuls, ils sont unis dans une expérience commune par la musique. En étudiant le développement de la pop, Agnès Gayraud suggère que son succès serait intimement lié aux nouvelles technologies de diffusion, comme la radio, la télévision puis Internet. Le caractère populaire de ce courant musical serait alors essentiel et non accidentel : appartiennent à la pop les morceaux qui sont produits dans le but de plaire au plus grand nombre. La chanson de Jean-Jacques Goldman évoque aussi le rôle des moyens de communication : rédigée sur le mode de l’autofiction, elle nous fait ressentir l’émotion d’un adolescent découvrant le rock’n’roll grâce à la radio. La présence physique n’est alors plus requise pour que se produise le rassemblement des auditeurs : il suffit que des individus géographiquement éloignés écoutent la même chanson pour qu’ils se trouvent spirituellement réunis.

Pour les auteurs, la musique a un rôle majeur à jouer dans l’organisation sociale. Francis Wolff voit ainsi dans les rassemblements musicaux la marque la plus

prégnante de notre humanité : cette dépense d’énergie contribue à la construction des identités symboliques. En ce sens, la musique, comme le rappelle le philosophe, permet le lien social : les chants, les danses et les fêtes participent en effet à l’être-ensemble. Béatrice Mabilon-Bonfils vient également appuyer cette thèse quand elle parle d’« ébullition fructueuse », pour évoquer la communauté qui se crée le temps d’une fête techno: un « être-ensemble fondé sur le plaisir, la spontanéité et le partage ». Elle souligne combien l’adhésion des participants au groupe est source de cohésion, voire de communion. Aspect que l’on retrouve dans la chanson de Jean-Jacques Goldman, qui apparente la musique à une « religion laïque ».

Ce caractère fédérateur de la musique lui permet de traverser les frontières et de renverser les barrières culturelles. Agnès Gayraud en prend note : la pop serait l’expression d’un idéal esthétique et social qui puise ses racines dans toutes les cultures. Prenant l’exemple historique de La Flûte enchantée de Mozart, elle montre que la musique pop est réconciliatrice en reliant les hommes à une même communauté esthétique. La musique pop apparaît donc comme la vision enchantée et quelque peu utopique de l’universalisme occidental. Cette « utopie de la popularité » se retrouve particulièrement bien illustrée par la chanson de Jean- Jacques Goldman, dont les nombreuses allusions au blues, au gospel et à la folk soulignent l’aspect syncrétique du rock, qui puise à toutes les sources. « Un, deux, trois » est à ce titre un exemple de mixité culturelle comme en témoignent les références à Sam Hopkins, Jimi Hendrix ou Aretha Franklin qui sont autant d’hommages, à travers les revendications de la communauté afro-américaine, à la musique dans ce qu’elle a d’universel, c’est-à-dire mise à la portée de tout le monde dans un esprit de tolérance.

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