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Les Liaisons dangereuses, œuvre perverse ou didactique ?

Dissertation : Les Liaisons dangereuses, œuvre perverse ou didactique ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Avril 2014  •  2 375 Mots (10 Pages)  •  1 598 Vues

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Les Liaisons dangereuses, œuvre perverse ou didactique? Dans quelles mesures pouvons nous affirmer comme B.Fontana que ‘Les liaisons dangereuses’ se constitue essentiellement d'une œuvre perverse et non-moralisatrice ?

Les liaisons dangereuse est une œuvre remarquable du siècle des lumières qui a fait et fait toujours scandale. Dans ce roman épistolaire intemporel, nous assistons au duel pervers de deux dignes représentants des libertins du 18eme siècle : Mme de Merteuil et Valmont. Le roman repose sur la double narration de leurs intrigues. À travers les confidences des personnages, nous assistons en première loge au récit de leurs aventures libertines respectives, nous voyons leurs stratégies et leurs péripéties. Nous verrons dans un premier temps que la perversité et l’immoralité sont deux aspects qui dominent effectivement à travers le roman. Pour cause, le libertinage, la vanité, la cruauté des femmes envers leur semblable, la perversion et le cocufiage sont les thèmes principaux sur lesquels se fonde l’intrigue de ce roman épistolaire. Toutefois, il ne faut pas oublier que ce roman de Laclos s’inscrit dans le mouvement littéraire des Lumières. Dans un second temps, nous allons donc aussi voir comment à travers ces lettres Laclos fait une critique de l’éducation de son siècle et s’évertue à faire lui-même une éducation sociale et morale et à mettre en garde le lecteur.

D’une part nous ne pouvons nier que la perversité de ses deux personnages principaux et le libertinage sont les maitres-mots du roman de Laclos. D’ailleurs, il a choisi à juste titre le style épistolaire pour son œuvre. Les lettres se prêtent parfaitement à la perversion puisque le libertin est un pervers débauché qui agira sans se compromettre et donc manipuler à distance. Les lettres échangées entre les 2 protagonistes principaux, Mme de Merteuil et Valmont, se concentrent sur l’exécution des projets pervers des libertins notamment la corruption de Cécile et la séduction de Mme de Tourvel. Les émotions et les intentions des personnages sont décris de façon cru à travers leurs lettres ce qui a certainement contribuer au scandale entourant les liaisons dangereuses.

Dès la seconde lettre, qui fait partie de l’incipit, l’auteur lève le voile sur les intentions machiavéliques de la marquise et de son ancien amant et sur leur cruauté. Nous découvrons le visage d’une femme cruelle et dominatrice qui veut à tout prix se venger. Dans cette lettre, elle va lancer un projet immoral auquel elle veut faire participer Valmont. Puisque le compte de Gercourt a délaissé la marquise et pris séduit la maitresse de Valmont, elle décide de le ridiculiser aux yeux de tout Paris. Sachant l’importance que Gercourt accorde à la pureté de femmes, la marquise demande à Valmont de séduire et de pervertir la jeune Cécile, future épouse de Gercourt qui vient juste de sortir du couvent. Cela montre toute l’étendue de son immoralité car pour elle la naïve Cécile est une proie, dont elle va sacrifier l’innocence pour assouvir son désir de vengeance. Nous découvrons dans cette lettre 2 libertins pour qui la sexualité est une arme. Nous voyons à travers tout le roman que les personnages qui gravitent autour d’eux sont uniquement des jouets entre leurs mains, leur servant soit d'instruments de vengeance ou encore uniquement à donner du plaisir et ils sont tous sacrifiés à leur cruauté et leur vanité. « Les sots sont ici bas pour nos menus plaisirs » (lettre 63).

La lettre 4 de Valmont contribue d’avantage à mettre en lumière leur perversité. « Vous connaissez la présidente Tourvel, sa dévotion, son amour conjugal, ses principes austères. Voilà ce que j'attaque ; voilà l'ennemi digne de moi ; voilà le but où je prétends atteindre ». Cet extrait nous montre que Valmont va s’attaquer à tous les symboles de la morale : le mariage, l’amour conjugal et les principes religieux et moraux de Mme de Tourvel. Cette lettre montre que pour Valmont la perversion est un art et qu’il planifie tout dans le moindre détail pour arriver à ses fins « je lui en prépare de plus efficaces » Ce qui l’intéresse ce n’est pas la femme elle-même mais le fait de la dominer et de la pervertir : « J'ai bien besoin d'avoir cette femme, pour me sauver du ridicule d'en être amoureux : car où ne mène pas un désir contrarié ? » Il répète plusieurs fois « je veux cette femme et je l’aurai ». Le besoin de posséder, de manipuler, d’assujettir est pathologique chez lui.

De plus, la lettre 48 de Valmont à la Mme de Tourvel est aussi une illustration de la débauche et du libertinage. Les circonstances même dans lesquels la lettre a été écrite est tout à fait contraire à toute décence. Valmont écrit une ‘lettre d’amour’ adressée à la présidente sur le dos de sa maitresse Emilie avec qui il passe une nuit d’amour. Il utilise dans cette lettre un double langage et sous couvert de mots d’amour il va raconter une expérience érotique à Tourvel. Il s’amuse du fait que la présidente ne comprenne pas ce qu'il sous-entend. Il fait un jeu pervers sur les mots à son image. Si nous prenons l’extrait « j'ai peine à conserver assez d'empire sur moi pour mettre quelque ordre dans mes idées ; et déjà je prévois que je ne finirai pas cette Lettre, sans être obligé de l'interrompre. ». À la lecture de la lettre, Tourvel va penser qu’il parle du trouble immense qu’elle lui cause en réalité il évoque le fait de ne pas pouvoir finir la lettre pour faire l’amour avec Emilie. « Une nuit orageuse”, “ l'agitation d'une ardeur dévorante” « Jamais je n'eus tant de plaisir en vous écrivant » ne sont pas les évocations d’un tourment amoureux comme il veut le faire croire à sa destinataire mais bien la description de sa nuit sexuellement agitée. Son double langage est tout à fait immoral et c’est un pervers narcissique.

Ce texte semble vraiment faire l’apologée du libertinage et Laclos semble montrer que le désir charnel l’emporte sur la raison et l’amour puisque malgré l’amour que Cécile et Danceny ont l’un pour l’autre et les efforts de Madame de Tourvel et son respect pour son époux, ils vont tous succomber aux libertins. Nous assistons à plusieurs duels libertins vertueux où les libertins gagnent toujours. La jeune Cécile qui au début est innocente et ne connait rien de la vie va aussi apprendre à manipuler (notamment sa mère) et à dissimuler sa vrai nature. « Dans ce court intervalle, l’écolière est devenue presque aussi savante que le maître. Oui, en vérité, je lui ai tout appris, jusqu’aux complaisances ! » Lettre 110.

Néanmoins la perversité et l’immoralité

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