Les Faux Monnayeurs - Famille Vedel Azais

                                            La famille Vedel-Azaïs

        La notion de famille est omniprésente dans le roman de Gide. En effet, les personnages principaux appartiennent à trois différentes familles dont celle des Vedel-Azaïs qui est composée du grand -père Azaïs qui tient la pension, des parents le pasteur Vedel et Mélanie puis des enfants dont 3 filles : Rachel, Laura et Sarah et 2 garçons : Armand et Alexandre.

Le récit "liste" en quelque sorte les personnages de la famille : Laura vient en premier, puis vient Armand, ensuite Rachel et Sarah et enfin, indirectement Alexandre, qui apparaît à travers une lettre qu'Armand fait lire à Olivier (III, 14) ??

Par ailleurs, il nous est difficile de faire une description physique des personnages puisque Gide se garde de toutes descriptions et préfère les réduire à leur voix.

Une bonne partie de l'intrigue se déroule dans la pension Azaïs.

• Les personnages

Tout d’abord parlons du plus jeune de la famille, Armand. Il pratique le cynisme et le nihilisme ; c’est-à-dire qu’il se moque des convenances, de l’opinion et nie toutes valeurs ou croyances ; jusqu'au moment où il se laisse prendre lui aussi par la vanité de la proposition de Passavant, ce qui le métamorphose, tout en jouant devant Olivier un numéro de provocation (CHAP 16 PARTIE 3).

Ensuite vient Sarah : couple avec elle et Bernard, qu’il va quitter à cause de Rachel. Une relation marquée par la fausseté puisqu’ils ne montrent qu’une partie de leurs intentions.

        Puis il y a Rachel Vedel qui incarne le sacrifice, elle en vient même à s'oublier elle-même pour le bien de sa famille et la survie de la pension. Ce qui amènera à la compassion d'Edouard, le respect protecteur d'Armand, la pitié de Bernard mais le rejet de Sarah; l'auteur n'en fait pas un exemple  moral, car sa conception intolérante de la religion prive les autres (et elle-même) de leur liberté. (p.341 des Faux-Monnayeurs)

        Ensuite, Alexandre Vedel qui est considéré comme étant un  "figurant" puisqu' il  ne surgit que selon la nécessité de l'intrigue ou de l'argumentation du romancier et ne parait qu'une ou deux fois : Alexandre est le lien qui permet d'avoir des nouvelles de Vincent, par exemple.

        Et pour finir Laura, qui incarne un amour manqué et dont son histoire est marquée par une succession d’échecs. Mais nous laisserons à Pauline et Lucie Le plaisir de décrire le personnage de Laura.

Parmi les membres de la famille, on peut constater, sans compter Laura, qu’Armand, Sarah et Rachel apparaissent essentiellement en troisième partie.

        Les personnages de la famille, même en n'étant que secondaires, ont quasiment tous un lien avec des personnages principaux, par exemple avec les relations amoureuses de Bernard qui s'entiche d'abord de Laura dont il est amoureux puis passe finalement une nuit avec la sœur de Laura, Sarah.

Mais c’est surtout Edouard qui fait le lien entre toutes les familles. Olivier et Armand sont amis malgré leur différence : Armand affiche en effet un cynisme que les deux ne partagent pas. Edouard et Laura ont été amants mais Edouard l'a poussée à épouser Felix Douviers; elle semble tout de même éprouver des sentiments à l'égard d'Edouard qui ne seraient pas réciproques, du moins lui ne ressentirai que de l'amitié pour Laura.

Armand et Sarah Vedel, les révoltés : ces deux adolescents de la famille Vedel partagent la même rébellion contre l'emprise protestante de leur père le pasteur Vedel et la naïveté mais aussi l'hypocrisie dont cela s'accompagne. Ils choisissent deux modes de révolte différents.

Sarah, après avoir été quittée par Bernard peu après le début de leur liaison, rend responsables les remontrances morales de sa soeur Rachel envers Bernard et choisit de retourner vivre librement en Angleterre. Ces deux jeunes gens représentent alors l'échec d'une éducation religieuse protestante, sévère et étriquée, qu'ils ont reçue, et les conséquences de la privation de liberté morale.

• La pension

        La pension Vedel est une institution privée d’un autre temps où les maîtres, les surveillants et les élèves vivent en cercle fermé et est dirigé dans les faits par Rachel, sœur de Laura, qui engage ses propres fonds tandis que la pension est en péril. Le vieil Azaïs, sorte de pasteur idéaliste et rigoriste, est tenu dans l’ignorance de ces faits tandis que Sarah, file le parfait amour avec Bernard et que les élèves de la pension jouent à de drôles de jeux dont en a fait les frais le petit Boris. Mais c’est aussi une sorte de prison où les gens étouffent, comme en témoigne la question d'Olivier à Edouard qui lui a dit y avoir été pensionnaire : "Et vous n'étouffez pas dans l'atmosphère de cette boîte ?" (Chapitre 12, partie1). Même les enfants de la famille veulent la fuir : Alexandre décide de s'installer en Afrique, Armand, Sarah fuit pour partir en Angleterre et aussi fuir Bernard, même Laura enceinte n'ose y retourner. Rachel, l'aînée, sans jamais se plaindre, y est exploitée, assumant responsabilités et tâches ingrates. Des personnages s'y font maltraiter par les pensionnaires comme La Pérouse qui les craint ou encore Boris qui s'y suicide.

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