Les Fables, Une Poésie Libérée ?

Les fables, une poésie libérée ?

La poésie s’inscrit dans son temps, tantôt codifiée, tantôt libérée des règles et contraintes, elle est orientée par les aspirations qui traversent les différents mouvements littéraires. Le XVIIème siècle est le temps de l'art et de la littérature « classique » comme le théâtre de Racine et de Molière et les fables de La Fontaine.

I. Les fables, une poésie libérée des règles

1) La poésie au XVII : du baroque au classicisme

Le XVIIe est un siècle de « fermentation littéraire », et l'on y voit revivre tous les genres antiques.

- les odes comme celle sur la prise de Namur de Boileau. Empruntée à l’Antiquité, assez souple consiste en une série de strophes de même longueur, en octosyllabes, décasyllabes ou alexandrins. L’ode à Cassandre de Ronsard, « Mignonne, allons voir si la rose.. » comporte trois sizains d’octosyllabes.

- les épigrammes (Martial ou d'Ovide). En Grèce, tout poème assez court pour être gravé sur une pierre. Chez les latins, petit poème satirique très bref forme sous laquelle il est demeuré en France.

- les épîtres ou les satires du style d'Horace. Lettre en vers sur des sujets variés : confidences, récits d'aventures, thèmes moraux etc. Le ton souple du genre épistolaire et varié, suivant le sujet, du badinage au sérieux, sans atteindre l'éloquence ni la rigueur du discours.

- renaissance de l'épopée de type Homérique ou Virgilienne. (grec : « action de faire un récit ») poème héroïque, par opposition au roman qui, à l'origine, ne s'en distinguait pas. Elle est conçue selon les règles tirées d'Homère et de Virgile.

Mouvement baroque se développe entre les XVI° et XVII°. Thèmes récurrents = instabilité du monde, mort, eau… classicisme se développe en réaction au Baroque. Mouvement marqué par une exigence de clarté et de mesure et met en place de nombreuses règles. François de Malherbe (au début du siècle) et Nicolas Boileau, dans son Art poétique (1675) prônent une écriture poétique sous le signe de la technique et de la raison. Jean de la Fontaine dans ses Fables utilise son écriture poétique pour porter un regard satirique sur l’homme et la société de son temps.

Ex : Les deux Coqs

- La fontaine : pas de forme fixe (odes, épigramme, épopée…) mais s’en inspire : s’inspire d’Esope (= imitation des anciens) + critique de l’arbitraire du destin

2) Les fables : une poésie en vers libres

Ecriture en vers libres (un énoncé poétique dont les mètres sont inégaux et sont déterminés, non par une règle, mais par la recherche du rythme le plus adapté à la création du poète)

- nombre des syllabes (vers de longueurs différentes) mais vers traditionnel français

 octosyllabe ou hexasyllabe

 décasyllabe (donne à la fable une forme de conte)

 alexandrin (pour faire parler les dieux et les rois, pour développer le récit, les descriptions et la moralité)

ex : Les deux coqs v. 1 : alexandrin, v.2 : octosyllabe

- vers impairs qui créent des rythmes de chanson.

- effets de rythme Les deux Pigeons.

Rimes

- ne s'en tient pas aux systèmes traditionnels des rimes plates croisées et embrassées (redouble les rimes, faisant rimer ensemble trois vers ou davantage Le Curé et le Mort. Le Rat et l'Éléphant).

- vers riment toujours, respecte presque toujours la règle de l'alternance.

3) Les fables ou la liberté du ton et des registres

Fables caractérisées par une extrême mobilité du ton. Les passages du comique à l'émotion sont constants.

- Le burlesque = plaisanteries diverses. Très présent dans les Fables (expressions inattendues, réflexions insolites). + procédé burlesque inverse qui emploie un style "bas" pour des sujets nobles (évocations de la guerre de Troie à propos de poulaillers dans Les deux Coqs) + utilisation des animaux

- Le registre didactique présent surtout dans les discours + expression de la morale.

- le lyrisme : pas rare dans les Fables. ex : Un animal dans la lune(à propos de la paix), Les deux Amis (sur l'amitié), Les deux Pigeons(sur l'amour),Le Songe d'un habitant du Mogol(sur la retraite spirituelle).

II. Les fables, une poésie libérée par le message qu’elle fait passer

1) Les fables une critique libre de la société : de la critique du pouvoir arbitraire du Roi à celle de la Cour.

• La Fontaine dresse un large panorama de la société de son temps.

- Le pouvoir arbitraire du roi est critiqué : incarné par le lion = orgueilleux, tout puissant, injuste, cruel, excès

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