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Dissertation sur une fable de La Fontaine

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Par   •  20 Avril 2013  •  Dissertation  •  4 199 Mots (17 Pages)  •  2 070 Vues

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Introduction

La Fontaine le dit et le répète à l’envi : Les Fables ne sont pas ce qu’elles semblent être.

Cette idée est également mise en évidence par Quintilien dans son Institution Oratoire dans laquelle il affirme que la fable n’a « rien de commun avec la vérité, ni pour le fond ni pour la forme ».

Ainsi pouvons-nous dire que le caractère mensonger de la fable est non seulement présent, mais qu’il participe en fait pleinement de l’esthétique du genre.

C’est qu’elles cachent, travestissent, simulent et dissimulent à la fois.

Or, si les fables de La Fontaine affichent leur sens caché au moment de la morale, elles ne laisseraient alors a priori, plus rien à interpréter.

Nous allons cependant tenter de démonter le mécanisme, l’architecture secrète et ainsi essayer de relever le défi exégétique que lance la fable que nous avons choisi : Le Laboureur et ses enfants.

En premier lieu, nous nous proposons donc d’aborder la pseudosémie du texte, consistant à penser que le trésor recherché par les enfants est de l’argent ; puis nous travaillerons sur l’orthosémie révélée par la morale, à savoir que le travail est un trésor ; enfin nous nous proposerons de lancer plusieurs pistes interprétatives relevant de la cryptosémie.

Plan

Développement

I- Pseudosémie ou l’illusion du sens :

Le trésor que les enfants doivent trouver est de l’argent.

V3 : Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,

V4 : Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.

D’emblée, l’histoire débute par le syntagme « Un riche Laboureur ».

Endoxalement, le terme « riche » renvoie à la notion de ressources financières et matérielles mais également par corrélation à l’idée de statut social élevé.

Issu du francique « riki » qui signifie « puissant », il renvoie en effet à la notion de patrimoine familial en étant également apparenté à l’allemand « Reich » qui signifie « empire ».

On suppose donc que le riche laboureur dont il est question a beaucoup de fortune, ou tout au moins qu’il possède de grands biens.

Cette piste interprétative est justifiée par la contiguïté de ce terme avec la dénomination du statut socioprofessionnel du personnage, un « laboureur ».

Sous l’Ancien Régime, les laboureurs sont en effet généralement des paysans qui se sont enrichit en réussissant à échapper partiellement au système de la féodalité : ils sont propriétaires de la terre qu’ils cultivent eux-mêmes.

Ils sont donc considérés comme des notables des campagnes, et sont très présents dans les assemblées villageoises.

Certains sont très riches, d’autres moins, mais ils représentent néanmoins l’élite de la paysannerie.

Par conséquent, la coexistence de ces deux termes en début de vers « riche » et « laboureur » est déterminante pour l’interprétation pseudosémique de la fable.

On pense en effet immédiatement que le père possède beaucoup d’argent, que c’est un riche notable de campagne qui, à l’approche de la mort, souhaite transmettre sa fortune et ses biens matériels à sa descendance.

Le père a souhaité qu’aucun témoin n’écoute son dernier discours, comme s’il allait dévoiler un secret considérable qui pourrait susciter de la jalousie si quiconque venait à l’apprendre.

L’intimité dont le laboureur s’entoure pour prononcer son dernier discours laisse donc à penser qu’il cherche à protéger sa parole de la cupidité d’autres hommes.

V5 : Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage

V6 : Que nous ont laissé nos parents.

Le verbe « vendre » participe encore ici de la pseudosémie.

Il est en effet issu du latin « vendere » qui signifie aliéner une chose, céder à quelqu’un la propriété d’un bien matériel pour un certain prix.

Le laboureur enjoindrait donc ses fils à avoir grand soin de ne pas vendre l’héritage transmis par leurs ainés.

Nous pensons alors encore immanquablement à ce moment que cet héritage qui est évoqué est le domaine agricole.

Nous avons bien là l’idée que ce que le père tient à transmettre à ses enfants est le patrimoine financier et matériel de la famille qui devrait par la suite leur assurer aisance financière et sociale.

V7 : Un trésor est caché dedans.

Issu du latin « thesaurus », le mot trésor connote immédiatement l’idée d’un objet caché convoité et secret sous le signe de l’inconnu.

Nous imaginons alors qu’il s’agit là d’un amas de choses de forte valeur ou de ressources financières précieuses, ce qui laisse à supposer de la grandeur de la richesse que les parents ont accumulée.

A force d’inférences induites par la sémantique, le lecteur est ici fin prêt à tomber dans le piège tendu par le fabuliste sans plus faire attention aux signaux herméneutiques qui aurait du l’alerter.

Aussi quand le laboureur poursuit :

V8 : Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage

V9 : Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.

Le lecteur se sent privilégié.

Il est lui aussi dépositaire du secret familial.

Cette connivence est en fait induite par le discours direct libre du père dont les paroles sont toute empreinte de confiance.

V10 : Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût.

V11 : Creusez, fouiller, bêchez ; ne

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