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Les Animaux Denatures

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Par   •  22 Octobre 2012  •  607 Mots (3 Pages)  •  772 Vues

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Le journaliste Douglas Templemore et une équipe de savants, partis en Nouvelle Guinée à la recherche d’une mandibule préhistorique, rencontrent des créatures inconnues jusqu’à lors, les tropis, qui pourraient être le fameux « chaînon manquant » et qui soulèvent bientôt la question jamais résolue de la limite entre l’homme et le singe.

Ce récit de 1952, interrogation sur la nature humaine alliée à une verve comique dans la lignée voltairienne, est d’une actualité toujours aussi brûlante lorsque l’on sait qu’aujourd’hui la théorie « créationniste » est enseignée, contre la logique la plus évidente, dans certains Etats américains à égalité de vraisemblance avec la théorie de l’évolution, et cela avec la bénédiction de Georges W. Bush. En janvier 2007 est même dangereusement arrivé aux portes des établissements scolaires français L’Atlas de la Création, un ouvrage ouvertement créationniste. Le roman Les Animaux dénaturés apparaît donc comme la réflexion nécessaire d’un homme à la pensée libre, éloigné de tout obscurantisme. Les tropis, certes inventés par Vercors, trouvent leur place dans une réflexion amorcée depuis le XVIème siècle au moment de la découverte de nouveaux mondes. Les voyages dans ces contrées lointaines, racontés dans des récits célèbres comme Histoire d’un voyage en terre de Brésil de Jean de Léry, sont l’occasion de la rencontre entre le monde occidental et des peuplades qui sont appelées « primitives », « sauvages » ou encore « barbares » par les colonisateurs. Ainsi Montaigne y consacre deux célèbres chapitres de ses Essais, « Des Coches » et « Des Cannibales ». Sa discussion avec trois cannibales à Rouen l’amène à s’interroger : sont-ils plus barbares que nous ? Nos coutumes sont-elles civilisées comme nous le prétendons ? Et quelle conduite tenir à leur égard ? Montaigne donne une vision positive de ceux que nous nommons trop rapidement « sauvages » grâce à un portrait moral et intellectuel élogieux, qui forme une parfaite antithèse avec celui des colonisateurs vils, violents et cruels. Ces peuples purs et innocents vivent en harmonie entre eux, avec simplicité, franchise et sagesse. Ce « monde enfant » préfigure un mythe idyllique du XVIIIème siècle : celui du « bon sauvage » dont parlent notamment Diderot dans son Supplément au voyage de Bougainville, Voltaire avec ses personnages faussement naïfs- tel le Huron - qui jugent la société occidentale pervertie ou Rousseau et son Discours sur l’origine des inégalités entre les hommes, lieu d’une réflexion sur l’homme originellement bon dans la Nature et perverti par la Civilisation .

Ce mythe idéalisé présente hommes et Nature en osmose. Aucune contrainte, tant sociale que politique, ne dirige leur vie et leur morale naturelle n’est pas subordonnée à l’idée de religion. Leur liberté, leur ignorance de la corruption et leur respect pour autrui font l’admiration des philosophes des Lumières.

Ce débat offre une belle leçon de relativisme et appelle à la tolérance. « Nous appelons [en effet] barbares ce qui n’est pas de notre usage ». Ces peuplades, aux mœurs différentes des nôtres, ne doivent pas être jugées inférieures pour autant. La valeur que l’on donne à leur mode d’existence est purement subjective et donc dangereuse. Elle pousse à la volonté farouche

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