Lecture linéaire, Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves, page 40-41

Lecture linéaire, Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves, page 40-41

Le roman de Mme de Lafayette, la Princesse de Clèves, publié en 1678 est considéré comme le premier roman psychologique. Ce texte fait revivre la cour des Valois sous le règne d'Henri II, nous pouvons lui attribuer le titre de roman historique; on y retrouve un héritage du mouvement précieux. Malgré l'exactitude des faits, la précision des allusions, l'auteure n'a pas fait oeuvre d'historienne. Bien loin d'afficher l'objectivité historique, Mme de Lafayette affiche au contraire dès l'incipit un parti pris d'idéalisation en dressant le portrait d'une cour emplie d'hypocrisie et de faux semblants.

Dans l'extrait étudié, les deux personnages principaux, la Princesse de Clèves et le Duc de Nemours se rencontrent lors du bal donné en l'honneur du mariage entre le Duc de Lorraine et Claude de France.

Nous tenterons de voir de quelle manière l'auteure met en scène la rencontre entre les deux personnages à travers un véritable jeu de regards.

Dès le début du texte, nous pouvons observer l'importance de l'apparence, les protagonistes ont apporté le plus grand soin à leur tenue: "Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer", (l.1) "lorsqu'elle arriva, l'on admira sa beauté et sa parure" (l.2 → l.3). À son arrivée au bal, tout le monde admire la Princesse, elle est le sujet d'une émulation générale, la cour admire sa beauté et sa parure. Ainsi la narratrice parvient à nous suggérer l'exceptionnelle beauté de la Princesse sans pourtant lui donner une description physique précise. À part la parure qu'elle porte, nous n'avons aucune autre indication sur son aspect physique.

Sa beauté nous est donc suggérer de manière implicite.

L'arrivée du duc de Nemours juste après que la Princesse ait finie de danser avec le Duc de Guise, apparaît comme véritablement théâtralisée avec un effet de surprise. L'utilisation de l'indéfini "quelqu'un" (l.4) appuie l'effet de surprise. Mme de Clèves ne veut pas montrer qu'elle connaît le Duc de Nemours sans l'avoir jamais vue, sûrement par peur que cela soit mal interprété. "Elle se tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que M. de Nemours" (l.7 → l.8)

La beauté de M. de Nemours est largement soulignée dans cet extrait, son apparition provoque un certain effet. "Ce prince était fait d'une sorte qu'il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu". Ainsi, son apparition retardée et théâtralisée, est remarquée de tous.

Tout comme la Princesse, le Duc a pris le soin de se parer afin de soigner son apparence. " [...] surtout ce soir-là, ou le soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne" (l.10 → l.11). Cela révèle encore une fois, l'importance de l'événement, d'où le soin apporté aux tenues.

L'auteure insiste sur la beauté exceptionnelle des deux protagonistes, "l'air brillant qui était dans sa personne" et "difficile

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