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Lecture analytique, Le Cageot

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Par   •  6 Décembre 2017  •  Commentaire de texte  •  1 847 Mots (8 Pages)  •  1 099 Vues

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LECTURE ANALYTIQUE N°2 : Le Cageot

Introduction :

Lorsqu’il publie, en 1942, Le Parti pris des choses, Francis Ponge rompt avec la tradition de la poésie lyrique, qui plaçait au cœur de l’écriture poétique le « je » du poète, sa sensibilité et ses émotions.

Bien au contraire, Le Parti pris des choses se concentre sur la matérialité du quotidien : le recueil se présente comme une suite de poèmes descriptifs, chacun étant centré sur un objet familier (le pain, la cigarette, la bougie, le cageot), ou sur un élément minéral (la pluie), végétal ou animal (l’huitre, l’escargot).

« Le cageot » propose ainsi la description d’un objet banal et insignifiant. Saisi par le langage poétique, il prend pourtant vie pour acquérir un sens nouveau.

Questions possibles sur « Le cageot » à l’oral de français :

♦ Comment le cageot est-il transformé par l’écriture poétique de Ponge ?

♦ Pourquoi peut-on considérer que le texte « Le cageot » est un poème ?

♦ Qu’est-ce qui est nouveau dans le regard que Ponge porte sur les choses ?

♦ Dans quelle mesure Francis Ponge « prend-il parti » pour le cageot ?

Le cageot, objet trivial et familier (I) devient une réalité réenchantée par le langage poétique de Ponge (II) qui fait du cageot le symbole tragique du caractère éphémère de toute chose (III).

I – La définition d’un objet trivial et familier

Le poème de Ponge est singulier : il se présente comme la brève définition d’un objet prosaïque.

A – Un « poème-définition »

Le poème « le cageot » fournit une définition de l’objet appréhendé.

Le titre, où le nom commun « cageot » est introduit par l’article défini « le », le dit bien : il s’agit de décrire « le cageot » en général, et non un cageot parmi d’autres ; il s’agit donc bien de saisir l’essence de l’objet.

Le présent de vérité générale, employé tout au long du texte (« Il ne sert pas deux fois », « il luit »), souligne également cette volonté de définir la réalité générale de l’objet.

En ce sens, le texte joue avec la forme de la notice de dictionnaire ou de l’article d’encyclopédie. Très bref, il se structure autour de trois paragraphes :

♦ Le premier fournit une courte définition du sens du mot « cageot », « simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits » ;

♦ Le second s’attarde sur sa fonction et son utilité ;

♦ Le troisième, enfin, nous offre une image du cageot « en situation », abandonné sur la chaussée, comme une illustration de la définition.

D’ailleurs, Francis Ponge part du mot et de sa réalité phonétique. « A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot » : le poète semble ici feuilleter les pages du dictionnaire pour y sélectionner le mot, d’abord appréhendé à travers sa réalité sonore (phonétiquement, « cageot » semble être le mélange de « cage » et de « cachot »).

B – Le cageot : un objet prosaïque

Ce « poème-définition » se concentre sur un objet trivial et prosaïque : le cageot. L’ensemble du poème insiste sur son insignifiance et sur sa modestie.

Le cageot est en effet décrit comme une « simple caissette », le suffixe « -ette » insistant ici sur la petitesse de l’objet.

Son « éclat sans vanité » lui confère un caractère particulièrement humble, celui de ces choses que l’on peut trouver « à tous les coins de rues ».

Il est avant tout appréhendé sous l’angle de l’utilité. Le cageot est d’abord fonctionnel : il est « [voué] au transport » des fruits, il a un « usage », il « sert ».

Surtout, le cageot est un objet jetable, détruit après utilisation : « il ne sert pas deux fois », et son existence est si brève qu’il dure moins longtemps encore que les « denrées » pourtant périssables qu’il transporte.

Objet rebut, il est « à la voirie jetée sans retour », et devient ainsi déchet aussitôt qu’il a cessé d’être utile.

Il faut noter à quel point la forme du texte s’accorde avec son sens : abandonnant le poème en vers qui a longtemps été la forme privilégiée de la poésie, Ponge choisit ici le poème en prose, plus proche du langage courant et mieux à même de saisir cette réalité familière et quotidienne.

Transition : Le poème « le cageot » se présente donc comme la définition très brève d’un objet prosaïque, et se rapproche en cela de l’article de dictionnaire.

L’enjeu n’est pourtant pas de se contenter d’une description objective de l’objet, mais bien de saisir le « parti pris des choses », la façon dont elles s’animent et s’engagent dans le réel. Il s’agit donc de renouveler le regard porté sur l’objet.

II – Le cageot réenchanté

A – Révéler la beauté singulière du cageot

Objet trivial et insignifiant à première vue, le cageot va devenir une réalité surprenante, réenchantée par le langage poétique.

Un ensemble de notations contribuent en effet à en révéler la beauté insoupçonnée.

Ainsi la locution « à claire-voie », employée pour qualifier la « simple caissette », pourrait être simplement destinée à souligner le fait que le cageot est composé d’un assemblage de planches disjointes et écartées les unes des autres. Cependant, l’emploi du terme est surprenant : on parle plutôt d’une fenêtre ou d’un volet « à claire-voie », pour désigner une structure qui laisse passer le jour. La réalité grossière du cageot acquiert alors une dimension tout autre : on ne voit plus une simple structure en bois, mais un assemblage quasiment aérien où circulent l’ombre et la lumière.

De même, la foule des cageots abandonnés sur la

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