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Lecture Analytique David Diop Le Renégat

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Par   •  20 Mai 2015  •  1 129 Mots (5 Pages)  •  5 365 Vues

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Lecture Analytique : Coups de Pilon David Diop (1956)

Situer L'auteur : David Diop est un poète sénégalais engagé, également professeur de lettres classiques. Il est né le 9 juillet 1927 à Bordeaux et meurt le 29 Août 1960. David vit une partie de son enfance dans les hôpitaux en France à cause de sa santé fragile et notamment pendant la période d'occupation et de guerre. Il se découvre alors une passion pour la littérature et ne tarde pas à écrire pour exprimer ses sentiments.

Situer le poème :L'auteur David Diop entretient des liens de proximité et d'intimité avec le destinataire de son poème, il le tutoie et il l'appelle "Mon frère"car il partage avec lui les mêmes origines africaines. Mais cette proximité prend rapidement un ton de reproche avec l'ajout de l'adjectif dans l'anaphore qui devient : "mon pauvre frère".

Comment l'auteur montre-t-il la solitude du personnage ?

Tout d'abord nous étudierons le portrait du renégat puis le rapport de force entre les deux mondes et enfin la position du narrateur.

1/Le portrait du Renégat

2/Le rapport de force entre deux mondes

3/ La position du narrateur

I.a Le renégat

D'emblée on le qualifie d'un titre péjoratif « renégat »

L'auteur appel « Mon frère » le renégat car ils sont tout deux d'origines africaines

le renégat serait alors un Africain ayant quitté / renié  sa terre natale.

L'antithèse des mots « soleil » et « ombre » Vers 7 montre qu'il a oublié son pays : « Le soleil de ton pays n'est plus qu'une ombre ».

Vers 9 à 10 l'auteur montre que le renégat à honte de ses origines : « La case de ta grand-mère / Fait rougir un visage… »= le rouge de la honte sur le visage du renégat, qui se veut  « civilisé » (V.8) = donc occidentalisé

b. Son portrait physique

-L'auteur dresses le Portrait du renégat par métonymies :ligne 1 « dents », ligne 2 « lunettes », ligne 3 « yeux », ligne 8 « front », ligne 12 « épaules »

Diop montre l'Insistance sur les signes extérieurs de richesse : lunettes d’or  (V.2) ; smoking à revers de soie (V.4)  (en relief en fin de vers) => réussite sociale en Occident

Or – soie – dents qui brillent (V.1) => tout ce qui brille ; cela montre l'importance de l’apparence

Faire le beau dans les salons évoque le monde bourgeois: « Piaillant et susurrant et plastronnant dans les salons » (V.5) – long vers peu harmonieux (mots longs +  assonance en « ant » des participes présents ) ; bavardage inutile (piaillant)  // mots sonores et vides (V.11) = se faire remarquer sans rien avoir à dire.

Dans ces salons le renégat est un pantin ridicule. L'auteur en fait la Caricature

c.Un être dénaturé

Des signes extérieurs de richesse appartenant tous aux sociétés occidentales (ex.smoking) ; le mot « revers » (V.4) suggère le revers de la médaille : la nature du renégat  est autre.

C'est un Mimétisme stupide (copier les Blancs) au point de vouloir changer de faces : « visage blanchi » (V.1O) ; « yeux rendus bleus » (V.3) = se  fondre  dans le décor

Ou bien un Noir qui rejoue la caricature du Noir :  « dents qui brillent sous le compliment »(V.1) = sourire légendaire de  Banania ; correspondre à ce que veulent les Blancs

=>  Un seul but = plaire aux Blancs. →  « susurrant »(V.5) = leur dire des paroles doucereuses, pour s’en faire accepter

En oubliant ses racines, le Noir a perdu son âme. Il choisit une culture au détriment d’une autre,  valorisée par Diop.

II.Un rapport de force entre deux mondes

a. L’Opposition de deux mondes

A partir du vers  6 → second mouvement dans le poème : confrontation des  deux  univers

Antithèse : « salons »   (V.5) opposé a  « case » (V.9) – lieux bourgeois opposé a la pauvreté ;   lieu du paraître opposé au lieu des sentiments vrais (grand-mère), des origines ; lieu qui sonne faux  opposé au lieu des vraies valeurs  => l'auteur valorise  l’Afrique

Autre valorisation de l’Afrique :  pays lumineux →  soleil  (V.7) ; l’ocre « rouge » des terres (V.13)   ≠ « ombre »(Occident). Hommage à l’Afrique  « rouge »  = pays martyr où le sang a souvent coulé. Il y a deux présences humaines : l’Occident, le « maître » (V.3) opposé a l’Afrique la « grand-mère » (V.9)  => rapport de domination (héritage de l’esclavage)qui est opposé au rapport affectif.

b.Une mauvais relation instaurée entre les deux civilisations

Les Blancs vis-à-vis du  renégat : en apparence, acceptation dans leurs « Salons » (V.5) ; « compliment hypocrite »(V.6) ; en réalité, mépris (« condescendance »-V.5)

Le  Noir vis-à-vis des Blancs : naïveté / crédulité : « yeux rendus bleus par la parole du maître »(V.3) ; croire les mensonges des blancs ; manipulation par le langage (faire croire qu’ils sont pareils) –  « Un visage blanchi par les années d’humiliation et de Mea Culpa » (V.10) : inconsciemment,  l’humiliation subie (ref a l'esclavage, la colonialisme) marque encore le comportement du Noir   -  « Mea Culpa » signifie qu'il se sent fautif (et non victime) → poids du discours religieux des Blancs  (évangélisation de  l’Afrique) ; les Noirs sont coupables d’être païens.=> Maître  = terme connoté à l’esclavage : malgré l’abolition de l’esclavage, le Blanc est dominant ;  le Noir accepte de le voir comme tel.

Condamnant le racisme des Blancs, Diop fustige tout autant l’attitude servile du renégat qui croit en sa propre infériorité et idéalise le modèle blanc.

III.La position  du narrateur

a.Evolution  du ton

- Evolution de l’anaphore :  « mon frère »  (V.1/2) → « mon pauvre frère »  (V.4) : ton de pitié ? le plaint-il ?

« Pauvre ≠  or ; smoking »=> richesse matérielle  /  misère morale

- »Tu nous fais pitié »(V.6) montre le mépris

Vers court, cinglant = mis en relief (interruption du bavardage creux des  salons  – cf. vers précédent)

Passage du  « je » (mon frère) au  « nous »  => déception de  toute la communauté africaine

-Condamnation de son attitude servile : moquerie de l’auteur  :  « yeux rendus bleus »(mensonge trop gros pour être cru) ;

… « fait rougir un visage blanchi »…. :  mélange du clown auguste  (rouge) et du clown blanc

-Condamnation de la bonne conscience   du  renégat  : ton front serein de civilisé (V.8) → trahison la paix dans l’âme

- Poème = éveil de la conscience : apostrophe (mon frère) + marques de 2ème personne (ton pays – ton front – ta grand-mère – tes épaules…) = l’interpeller ; l’accuser ; lui ouvrir les yeux

b. La prédiction

Futur : « tu  fouleras » (V.13) – « rythmeront » (V.14) => prédire le châtiment

Retour fatal au pays : « repu de mots sonores et vides » (V.11) = lassitude de cette vie fausse ;  repu  = dimension animale ; âme perdue → prise de conscience trop tardive

 Image de l’apatride errant  : « ta marche » : « tu fouleras »  + fardeau de « la caisse qui surmonte (ses) épaules »(V.12)

Echec : … « vides / comme la caisse qui surmonte tes épaules » (V.11/12) = bagage  vide ; aucun bien matériel

Souffrance : « mots angoissés » (V.14) , à la place des « mots sonores et vides ; marche inquiète » (V.14) Remords ?

Afrique = personnification (allégorie) : « terre amère et rouge » (V.13)  → « amère » = elle lui en veut / vengeance

V.15 = finir sur les paroles du renégat => faire entendre son désespoir : « Je me sens seul si seul ici ! » (ponctuation forte = émotion + adverbe intensif « si » + répétition de l’adjectif « seul » + allitération en « s ») = cri de souffrance : renié à son tour par son continent

De cette analyse, il ressort que D. Diop fustige les déracinés qui, privilégiant la réussite sociale, s’occidentalisent et perdent leur âme en se laissant naïvement duper par les Blancs qui les méprisent, tout en feignant de les accepter. Reniant leurs origines, ils restent inconsciemment convaincus de leur infériorité et perpétuent ainsi la servilité de leurs ancêtres esclaves. Le poète, assuré de la grandeur de l’Afrique, leur prédit une vengeance terrible de la part de leur terre natale. Il assigne à sa plume la haute mission de libérer les esprits et apporte ainsi sa pierre à l’édifice de la décolonisation.

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