Lecture Analytique

Madame de La Fayette a eu un mariage noble qui lui a permis d’intégrer les salons littéraires et au contact d’écrivains et d’intellectuels reconnus, elle décide d’écrire son œuvre : La Princesse de Clèves, 1678. L’extrait en question, figure dans les premières pages du roman et figure après une description de la cour sous Henri II représenté comme le monde des masques et de l’hypocrisie. Apparait alors Mademoiselle de Chartre futur princesse de Clèves pour la première fois aux yeux de la cour du lecteur. Nous allons donc nous demander en quoi ce portrait peut être considéré comme l’idéal classique du personnage. Nous nous intéresserons dans un premier temps aux caractéristiques du portrait physique de cette jeune femme qui trouve écho dans le portrait moral mené par Madame De La Fayette.

I- Le portrait physique, un passage obligé dans le roman (c’est la 1ère apparition de l’héroïne éponyme dans le roman donc le lecteur attend un certain nombre d’informations sur le personnage) a- Le portrait physique retardé

On a un effet de suspens qui est ménagé dès la première phrase avec la beauté qui est répété trois fois, avec un personnage pas encore défini notamment avec la périphrase : « Il parut alors une beauté à la cour ». Le nom même de l’héroïne n’est mentionné qu’après celui de la mère. L’identité de ce personnage n’apparait qu’à la fin (ligne 23) avec sa caractéristique principale, « une grande beauté ». Son apparition est progressive et l’on peut remarquer les verbes de perceptions au début du texte : « parut », « voir », « surpris »… Tout le monde semble voir ou avoir vu Mademoiselle sauf le lecteur : cela participe à une stratégie narrative.

b- Il s’agit d’un portrait laudatif (qui vise à faire l’éloge d’un personnage)

Le texte débute sur le thème de l’admiration. Le portrait intervient dans le 2ème paragraphe, il donne les grandes caractéristiques du personnage mais ce n’est pas un portrait détaillé. Elle a « des cheveux blonds » ligne 24, « un teint blanc » ligne 23, cette blancheur est symbolique. Le portrait donne les grandes caractéristiques sans former un portrait abouti. Conformément à l’esthétique classique, héritée du Moyen-Age, l’héroïne possède des « cheveux blonds » (l24), son teint est marqué par la « blancheur » (l23) symbolique de sa noblesse et de sa pureté ; elle a « tous ses traits […] réguliers ». Conforme aux canons de la beauté classique, une sorte d’idéalisation qui enlève toute singularité, voire toute personnalité. Aux antipodes des portraits réalistes du XVIIIème et surtout du XIXème siècle. La beauté physique du personnage est mise en avant, Cf. répétition de  « beauté » (l1), « beauté parfaite » (l2), « grande beauté » (l23), « éclat »(l24), « traits […] réguliers » (l25), « grâce » et « charme » (l25)… Le champ lexical de l’admiration est aussi omniprésent dans ce texte comme témoignent les verbes de perception permettent de souligner la « beauté », et des expressions comme « attira les yeux » (l1), « admiration » (l2), « il fut surpris » (l20). Enfin, cette beauté est mise en exergue par l’utilisation d’intensifs, comme le superlatif (l4) « une des plus grandes héritières » ou (l19) «  une des plus grandes héritières de France ». Reste une esquisse, avec des attributs comme la « grâce » et le « charme » qui demeurent indéfinis ; l’assonance en [a] vise à les suggérer par une harmonie sonore, non à les décrire …

c-Une grande attention accordée au statut sociale

Noblesse implicite dès les départ car l’héroïne est admise à paraître à la cour (l1). Le narrateur souligne ensuite sa parenté avec des nobles personnages (l3-4), noter l’emploi du superlatif « une des plus grandes héritières de France ». Le rappel à deux reprises du mot « héritière » signale la jeunesse du personnage, sa nubilité et annonce son mariage. Le portrait ouvre sur l’intrigue

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