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Lecon Absurde D'Ionesco

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Par   •  13 Mai 2013  •  457 Mots (2 Pages)  •  759 Vues

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Lancé il y a deux ans, Ionesco Suite fut d’abord présenté hors les murs, et notamment dans des lycées. D’où un dispositif scénique à la fois simple et intime, fidèle au projet itinérant : les personnages sont réunis autour d’un grand repas, sorte de cène post-biblique annonçant un sacrifice à définir. Et de cette étrange fête, les spectateurs sont « pris » à témoin comme des convives ou des otages, installés à même le plateau.

Entre une réunion familiale, un repas de mariage et une soirée d’anniversaire, nous voici confrontés sans répit à la plus quotidienne et la plus fascinante des folies : celle qui nous fait glisser tout naturellement du calcul vers le délire, de l’espoir vers la guerre, de l’amour vers la bagarre... La frontière qui sépare le normal du pathologique ne tient qu’à un fil, on le sait bien, mais Ionesco Suite propose une déambulation particulièrement poétique sur cette ligne de partage. Car loin de trahir les textes originaux, la forme fragmentaire donne de une étrange intensité à l’ensemble. Isolées de leur contexte parfois galvaudé, et associées à des situations complémentaires tirées d’autres pièces, les scènes particulièrement aiguës qui composent le spectacle font on ne peut mieux sentir combien, chez Ionesco, «l’absurde » n’est pas une fin en soi mais un outil pour examiner le monde. Dissimulant une construction d’orfèvre sous des airs de dispersion ludique, le spectacle fait entendre les échos qui traversent l’œuvre de Ionesco comme autant de rimes ou d’harmonies. C’est ainsi, par exemple, qu’un duo d’amour entre Jacques et sa jeune fiancée Roberte (dans Jacques ou La Soumission) est interrompu par la guerre sans merci que se livrent « elle et lui », les protagonistes de Délire à deux. Roberte explique à son compagnon que dans son royaume, tout s’appelle « chat » ; et lui de s’exclamer : « c’est facile de parler ! Ce n’est même plus la peine ». Pur morceau de poésie et de douceur théâtrale, suivi sans transition d’un crescendo hystérique : à force de « parler » (justement) et de refuser d’appeler un chat un chat (le couple se dispute sur la différence entre une tortue et un limaçon), « elle et lui » menacent de s’entretuer… L’œuvre de Ionesco est ainsi faite. Et la vie des hommes aussi.

Apparemment convaincus qu’il se joue dans cette partition quelque chose de profond et d’intime, les merveilleux comédiens de la troupe du Théâtre de la Ville se sont appropriés leur rôle avec une énergie viscérale. Une sorte de sincérité spectaculaire et saisissante. La facilité voudrait qu’on joue Ionesco en s’abritant derrière une distance plus ou moins conceptuelle ou comique. Ici, chacun fait de son texte un grand moment de jeu et, par là même, une promesse de sens.

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