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La Lecon, Ionesco

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Par   •  8 Avril 2015  •  1 665 Mots (7 Pages)  •  1 913 Vues

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Commentaire de texte : La leçon - Eugène Ionesco (1951)

Introduction

[Amorce] Le xxe siècle est marqué par les traumatismes de l’histoire (deux guerres mondiales, régimes totalitaires) et la perte des repères (religieux, moraux…) traditionnels. Le théâtre de l’absurde, et notamment Ionesco, s’en fait l’écho. Prenant le contre-pied du théâtre traditionnel, il se caractérise par un mélange des registres très dérangeant : le spectateur se prend à rire, mais en même temps se sent mal à l’aise.

[Présentation du texte] Dans La Leçon (1951), Ionesco met en scène un vieux professeur qui reçoit chez lui une jeune élève : après l’avoir testée, il lui donne un cours d’arithmétique, puis passe à l’étude des langues. Au fur et à mesure de la leçon, le Professeur perd son calme devant son élève qui se déconcentre en raison d’un mal de dents opiniâtre.

[Annonce des axes] Le Professeur, personnage ridicule, fait rire le spectateur par son aspect caricatural. Mais la scène dépasse la dimension comique et installe une atmosphère inquiétante, débouchant sur une vision pessimiste de l’homme et du monde.

I. Le Professeur, un personnage ridicule et caricatural

1. Un tyran

Au lieu de se montrer affable et encourageant, il maintient froidement les distances : son adresse à l’Élève (« Mademoiselle »), si elle est polie, ne marque aucune cordialité. Le Professeur est en effet très peu enclin au dialogue : brusque et autoritaire, il multiplie les ordres et les défenses, et son mode favori est l’impératif. Il refuse de donner la parole à l’Élève et la réduit impérieusement au silence : « Taisez-vous », « ne m’interrompez pas ».

En dehors des relations pédagogiques, sur le simple plan humain, il est totalement insensible à la douleur de la jeune fille, et même méchant : aux plaintes de l’Élève, il répond sèchement : « Ça n’a pas d’importance », « Continuons ».

Il semble même vouloir la terrifier : l’expression « jusqu’à l’heure de votre mort » résonne comme une menace gratuite et peu opportune dans la situation. Son discours est émaillé d’allusions à la mort propres à créer l’angoisse : pour lui, les oreilles sont « les tombeaux des sonorités ».

À travers ce Professeur tyrannique qui tire profit de son statut, Ionesco dénonce la tyrannie entre les êtres humains.

2. Un faux savant, pédant, solennel et burlesque

Le personnage, sur le plan pédagogique aussi, est caricatural : il s’agit d’une grimace de savant.

Le fond de son cours est creux et absurde : il multiplie les affirmations évidentes, les lapalissades, comme : « toute langue n’est en somme qu’un langage ». Il énonce des idées simplistes, formulées avec des périphrases inutiles qui en compliquent la compréhension : ainsi, une idée aussi banale que « il faut écouter » est exprimée par « les sons doivent être saisis au vol ».

Le Professeur tente de masquer ce vide par une forme oratoire. Il multiplie les effets rhétoriques : phrases longues et pompeuses, rythme qui se veut ample et se perd dans du galimatias. Son discours est une parodie du langage pédagogique : assertif, il recourt au présent de vérité générale (« Seuls tombent les mots… »), aux affirmations péremptoires

(« Toute langue n’est en somme qu’un langage », il parle de « principe fondamental »). Il donne à son discours une allure de démonstration, multipliant les articulations logiques (« par conséquent, de cette façon, mais justement pour cela… »), mais celles-ci sont inadéquates et la démonstration est vide. Enfin, les mots compliqués (« phonèmes ») et les phrases jargonnantes rendent son cours tout à fait hermétique.

Ionesco s’amuse à dresser une caricature grotesque de cours. Les métaphores du Professeur ne sont que des amalgames de mots qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Ainsi, les « sons » deviennent des objets (ils sont « remplis d’air chaud ») puis, par le biais d’une métaphore filée farfelue qui complique inutilement une notion simple, des sortes d’insectes volants : « saisis […] par les ailes », ils « voltigeront, s’agripperont », etc. Quant à ses exemples, ils sont totalement inadéquats et illogiques : aucune des expressions fournies pour illustrer les règles de « liaisons » ne correspond aux lettres qu’il a mentionnées (l. 42-46).

3. Un personnage caricatural, un pantin

Sous ses dehors de savant, se cache un être vide, fait de mots et de gestes.

Le spectateur voit s’agiter devant lui un personnage qui n’existe que par ses gestes, ridicules et caricaturaux. Ses expressions mêmes indiquent un mime grotesque de la parole (l. 15-17, 20-22) et permettent d’imaginer la mise en scène et la gesticulation qu’elle nécessite : « vous voyez », « regardez », il lève « très haut le cou et le menton », « sur la pointe des pieds », le tout dessinant une sorte de volatile qui prend son envol.

Il donne l’impression de retourner en enfance : ses mots n’entretiennent aucun véritable rapport logique, mais il s’en gargarise comme un enfant qui apprend à parler. La séquence « papi papa » (l. 22) fait-elle écho au « pipi caca » ? C’est un personnage qui n’a pas grandi.

À travers le Professeur, Ionesco fait la satire des pédants, des faux savoirs.

[Transition] Mais ce personnage ridicule est aussi inquiétant, et ce, d’autant plus qu’il a le pouvoir, notamment celui de la science et du savoir.

II. Une scène inquiétante à jouer

Cette

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