LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Le théâtre

Dissertation : Le théâtre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Février 2019  •  Dissertation  •  2 418 Mots (10 Pages)  •  586 Vues

Page 1 sur 10

Dissertation

Vous commenterez et discuterez cette réflexion du metteur en scène Louis Jouvet qui écrit dans Témoignages sur le Théâtre (1952) : « Le but du théâtre ne peut pas être une recherche d’ordre intellectuel, mais plutôt une révélation d’ordre sentimentale ».

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, de 1947 à 1953, se révèlent à Paris, dans les petits théâtres de la rive gauche, des auteurs dramatiques qui vont révolutionner la scène européenne avec un théâtre qui fait bouger les conventions. C’est dans ce contexte en 1952 que le comédien et metteur en scène Louis Jouvet va publier un recueil de réflexion sur le métier de comédien, de metteur en scène, de critique et plus généralement sur le théâtre, intitulé Témoignage sur le théâtre. Au fil de sa réflexion, il affirme « le but du théâtre ne peut pas être une recherche d’ordre intellectuel mais plutôt une révélation sentimentale ». Dans cette affirmation, Jouvet s’insurge contre l’idée de son époque, la doxa selon laquelle le théâtre vise à faire réfléchir le spectateur sur le monde et aurait une fonction herméneutique et didactique. En tant qu’acteur et metteur en scène Jouvet nous donne ici sa conception de la réception d’une pièce de théâtre et l’effet qu’elle doit produire sur le public. Il souligne la primauté des sentiments sur la dimension intellectuelle en opposant avec un effet de parallélisme les termes « recherche » et « révélation » et les termes « intellectuel » et « sentimental ». Il en vient donc à opposer deux conceptions de la réception du théâtre. Les propos de Louis Jouvet ont une portée polémique au moment où il les écrit car ils se situent à contre-courant du théâtre de la seconde moitié du XXème siècle hérité des idées de Berthold Brecht. En effet Brecht affirme que le théâtre a avant tout de idées à faire passer au spectateur dont le rôle est de faire l’effort de « rechercher » ce que le théâtre a à lui dire. Louis Jouvet lui, s’émancipe de ses idées et prône un théâtre plus immédiat en mettant en valeur le primat des « sentiments » et des sensations. Il veut nous dire qu’il n’y a pas besoin d’être un intellectuel pour aller au théâtre car celui-ci doit simplement viser à faire ressentir. Par sa position Louis Jouvet réactive l’éternel débat sur le théâtre dit « sérieux » et le théâtre de « divertissement ».

Cette réflexion de Louis Jouvet nous incite à réfléchir sur le rôle du théâtre et sa réception par le public. Dans cette affirmation, Jouvet se pose en tant que metteur en scène car à partir du XXème siècle la part que la représentation fait au sens ou à l’esprit découle des choix du metteur en scène. En effet le texte théâtral offre au metteur en scène une marge de liberté qui lui permet de concrétiser son « interprétation » du texte.

Dans une première partie nous étudierons comment les auteurs et metteurs en scène se sont approprié les théories de Brecht en prônant une démarche active du spectateur puis dans une seconde partie nous étudierons le parti pris de Louis Jouvet qui pense que la représentation théâtrale a pour but premier de créer des émotions. Enfin dans une dernière partie nous verrons que le public peut être dans un « va et vient » qui lui permet de se divertir et d’être en même temps dans une démarche de recherche de sens.

Le XXème siècle a vu l’avènement de la mise en scène comme une activité créatrice et artistique. Dans les années cinquante le « théâtre critique » d’inspiration Brechtienne s’est imposé dans un contexte politique d’après-guerre. Ce théâtre s’est voulu un instrument d’éveil du public, un lieu de discours sur le monde, un outil politique et social essentiel.

C’est Berthold Brecht dramaturge et théoricien Allemand du XXème siècle qui va bouleverser la représentation théâtrale en refusant l’émotion et l’identification. Il va interdire au public de prendre le théâtre comme un pur divertissement. Il veut que le spectateur se souvienne qu’il est au théâtre pour réfléchir et veuille changer le monde quand il sort du théâtre. En France on parle de la distanciation Brechtienne. Brecht veut donner une place nouvelle au spectateur. Roland Barthes écrira dans ses Essais critiques en 1964 « Pour Brecht, la scène raconte, la salle juge, la scène est épique, la salle est tragique. Or c’est cela, la définition même du grand théâtre populaire ». Le public doit être actif, il faut que le spectateur soit avisé et ait un fonctionnement intellectuel. Brecht crée le « théâtre épique » qui implique intellectuellement le spectateur pour l’emmener jusqu’à la prise de conscience. Il lui oppose le « théâtre récréatif » qui suppose la participation émotionnelle du spectateur fondé sur la reconnaissance et qui le confine dans une passivité intellectuelle qui le fait « s’abandonner à des réactions affectives, sans éprouver son esprit critique ». Il est donc à l’opposé de la conception de Louis Jouvet et va mettre en avant l’artifice de la convention théâtrale en utilisant par exemple des pancartes à la place du décor. La distanciation conduit alors le spectateur à se défendre de ses émotions et permet ainsi l’émergence de l’esprit critique.

Avant le théâtre populaire de Berthold Brecht, le théâtre engagé a fermement affirmé sa vocation politique. En effet pendant la guerre et après la libération, le théâtre de Camus et Sartre par exemple a pour but de mener à une réflexion.

Émerge alors un théâtre engagé, didactique et politique, qui fait passer des idées et en fait un élément de réflexion. Sartre dans Les Mouches en 1943 envoie un message de résistance en reprenant un mythe antique.

Victor Hugo écrit dans sa préface de Lucrèce Borgia, pièce jouée en 1833 « Le théâtre est une tribune » le théâtre, domaine dans lequel il s’impose jeune, représente donc bien pour lui cette tribune d’où il peut se faire entendre de tous les publics et où il pourra faire passer ses idées à tel point que Hernani donnera lieu à la célèbre bataille.

Ainsi selon Jouvet ce théâtre « d’ordre intellectuel » qui invite davantage la réflexion que les émotions, la critique sous entendue c’est que l’on risque de glisser vers un théâtre hermétique, élitaire, inaccessible qui ne d’adresse qu’à un public averti et qui ferait donc fuir les spectateurs alors que l’essence même du théâtre est d’attirer tous les publics dont celui qui ne savait pas lire et qui venait se divertir au théâtre sans chercher à s’éduquer.

Jouvet veut revenir à une définition plus ancienne du but du théâtre en tant qu’expérience poétique.

...

Télécharger au format  txt (15.1 Kb)   pdf (106.9 Kb)   docx (14.5 Kb)  
Voir 9 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com