Le roman les particules élémentaires de Michel Houllebecq critique l’héritage de Mai 68, à la lumière d’une génération qui prônait le règne de la jeunesse et qui maintenant, souffre de son propre vieillissement.

Thèse : Le roman les particules élémentaires de Michel Houllebecq critique l’héritage de Mai 68, à la lumière d’une génération qui prônait le règne de la jeunesse et qui maintenant, souffre de son propre vieillissement.

Mai 68 est avant tout une révolte étudiante qui a bouleversé la France en ce qui concerne ses aspects : social, culturel et politique. Cette crise a été une réelle libération sociale et elle a remis en cause les valeurs traditionnelles du pays. À l’époque, la société, encore encadrée par des valeurs traditionnelles strictes et fermées, laissait peu de liberté à la nouvelle génération qui tentait tant bien que de mal à faire sa place dans celle-ci. Le roman les particules élémentaires de Michel Houllebecq, critique l’héritage de Mai 68 à la lumière d’une génération qui prônait le règne de la jeunesse et qui maintenant souffre de sa propre ascension vers la mort. Pour ce faire, deux idées du roman seront analysées : d’abord, la lutte contre la vieillesse, plus particulièrement chez les femmes, qui évoque le désir d’une jeunesse éternelle; puis les conséquences liées au sentiment de dégoût des personnages associé à la vieillesse.

Dans le roman Les particules élémentaires, la critique de l’héritage de Mai 68 vient premièrement de la lutte acharnée contre la vieillesse qui évoque, surtout chez les femmes, le désir d’une jeunesse éternelle. D’une part, il est dit que la société tente de retarder les signes de vieillesse à l’aide de la chirurgie esthétique : « Ils vivaient donc des revenus de la clinique de chirurgie esthétique fondée par son ex-mari — c'est-à-dire finalement du désir de certaines femmes aisées de lutter contre la dégradation apportée par le temps […]» ou : « En arrivant chez mon père, poursuivait Bruno, je me suis rendu compte qu’il n’allait pas très bien. (…) Il avait complètement raté le marché émergent des seins siliconés, pour lui c’était une mode passagère […] C’était évidemment idiot. 2 ». Dans la première citation, l’utilisation de l’expression : « Ils vivaient donc des revenus de la clinique de chirurgie esthétique » laisse sous-entendre que la clinique fait beaucoup de profits et que donc beaucoup de gens utilisent cette méthode pour contrer les aspects néfastes du vieillissement. D’ailleurs, dans le reste de la citation, il est explicitement dit que certaines femmes, celles qui en ont les moyens, penchent pour la chirurgie esthétique dans le but d’assoupir leur désir de rester jeune, ou du moins, d’avoir l’air jeune plus longtemps. En effet, comme la citation le démontre, il est question d’une « lutte contre la dégradation apportée par le temps » c’est-à-dire une lutte contre le vieillissement. Dans la deuxième citation, l’utilisation du mot « idiot » par Bruno pour caractériser la pensée de son père, insiste sur le fait qu’il était évident que ce ne serait pas qu’une mode passagère. Les soixante-huitards, qui aujourd’hui doivent faire face à leurs animosités d’autrefois contre l’âge mûr, sont désormais à la merci de cette technologie qui semble leur offrir une jeunesse superficielle malgré la dégradation de leurs corps. D’autre part, Janine, par différents moyens, adopte un mode de vie jeune : « Janine, qui avait changé de prénom pour se faire appeler Jane. […] Elle avait déjà quarante-cinq ans […]» et « Elle a voulu rester jeune, c’est tout… dit Michel, d’une voix lasse et tolérante. Elle a eu envie de fréquenter des jeunes, et surtout pas ses enfants, qui lui rappelaient qu’elle appartenait à une ancienne génération. 2 ». Dans le premier exemple, Janine, quarante-cinq ans, a changé son prénom pour Jane. À plusieurs reprises dans le roman, l’interlocuteur met l’accent sur ce fait. Cette récurrence apporte une certaine ironie à l’action. En fait, l’auteur veut démontrer comment lamentable est cette génération de soixante-huitards qui aspire à un mode de vie branché et jeune pour essayer de plaire à la relève. Malgré le fait que Janine ne fasse pas partie de cette génération dans le roman, elle ressent le besoin de se fondre avec eux. Elle représente cette génération, qui aujourd’hui fait la même chose. En fait, le nom Janine, selon son étymologie, signifie : Dieu accorde sa grâce. La coupure de son prénom Janine pour Jane, un nom beaucoup plus tendance, peut être une métaphore entre la rupture de l’ancienne mentalité et la nouvelle idéologie du règne de la jeunesse et de la libération sexuelle. De plus, dans le deuxième exemple, Michel dit de Janine qu’elle a eu envie de fréquenter des jeunes autres que ses enfants, car ils lui rappelaient qu’elle appartenait à une ancienne génération. Une génération qui prônait des idées différentes, une génération haït par cette nouvelle vague de proclamation de la jeunesse. Enfin, ces deux idées appuient bien que le roman Les particules élémentaires critique l’héritage de Mai 68 et de son penchant pour la jeunesse en démontrant la lutte acharnée pour contrer les effets néfastes du vieillissement, une vieillesse qui rapporte à l’ancienne génération qui était fortement haïe. 

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