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Le roman d'enquête

Commentaire de texte : Le roman d'enquête. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Janvier 2018  •  Commentaire de texte  •  1 670 Mots (7 Pages)  •  583 Vues

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Nombreux sont ceux qui pensent que l’enquête est une procédure qui mène toujours et presque inévitablement à la vérité, à une solution au mystère, c’est-à-dire qu’elle cherche à rétablir les liens de causalité. C’est que dans l’esprit collectif, on croit que l’enquête permet de rétablir le récit du mystère et y réussit systématiquement. Toutefois, dans le roman d’enquête, le mystère reste en fait entier, l’enchaînement n’est pas rétabli en réalité. C’est l’enquête elle-même qui est minutieusement examinée. C’est que le déficit narratif du départ, ce vide, reste complet à la fin. Etymologiquement le mot ‘enquête’ vient du latin «inquaesita » qui signifie rechercher. Ceci prouve que le substantif « enquête » met d’emblée l’accent sur le processus de la recherche plus que sur le résultat lui-même qui, dans la plupart des cas, reste non dévoilé. Effectivement, ceci est également le cas dans le roman La Belle Amour humaine de Lyonel Trouillot. C’est que le thème principal de cette œuvre est le thème de l’enquête. Lyonel Trouillot, né en 1956, à Haïti dans la capitale Port-au-Prince, est un romancier et poète qui s’exprime en langue créole et en français. Son œuvre est très variée, il a écrit des romans, des nouvelles, des récits, de la poésie française et créole, des textes qui ont été mis en musique ainsi que des articles. Dans son œuvre, il aborde le registre de l’intimité et du sentimental en affirmant un engagement social comme dans L’Amour avant que j’oublie, qu’il a publié en 2007. De plus, il se bat pour la démocratie et pour la résistance qui se révolte contre la dictature oppressante, comme on le constate dans Bicentenaire, paru en 2004. De même, il dénonce le contrôle des sectes religieuses, surtout évangélistes dans son roman Kannjawou écrit en 2016. Ceci fait de lui l’une des plus grandes voix de la littérature haïtienne au niveau politique comme au niveau poétique. L’un de ses romans les plus célèbres et reconnus est La Belle Amour humaine paru en 2011. Débutant comme un conte populaire, ce roman se déroule loin du bruit assourdissant de la capitale dans un village côtier « Anse-à-Fôleur » où des hommes et des femmes vivent simplement. Toutefois, un incendie qui a lieu pendant la nuit et qui enflamme les villas des Belles Jumelles avec leurs propriétaires vient perturber le calme de ce village serein. Depuis, le mystère reste entier autour de ce drame jusqu’au jour où Anaïse, la petite-fille d’un des propriétaires des deux villas débarque au village avec l’intention de percer le mystère, ce que nous voyons dans l’extrait objet de notre étude. Ceci laisse place à une atmosphère de mystère et de silence, ce qui nous pousse à en étudier les motifs.

Pour commencer, dans l’extrait objet de notre étude, nous pouvons remarquer le règne d’une atmosphère de mystère et de silence, ce qui nous pousse à en analyser les motifs. Ce silence et ce mystère apparaissent d’abord comme habituels, une sorte de norme. C’est que le second chapitre de cet extrait s’ouvre sur la phrase déclarative suivante, doublée du présentatif : « Voilà ce qu’ils te diront, s’il leur vient l’envie de parler ». Par cette affirmation, l’auteur sous-entend déjà les cachoteries des habitants d’Anse-à-Fôleur, ce qui contribue d’emblée à la construction de cette ambiance de mystère. C’est que cette phrase suppose qu’il serait possible que les habitants choisissent de ne pas répondre ce qui accentuerait le silence autour du mystère de l’incendie. Elle suppose également qu’ils peuvent choisir de répondre par un mensonge, aussi mystérieux qu’une réponse silencieuse, sinon plus parce qu’il nous pousserait à nous questionner sur ce choix de s’abstenir d’être authentique. De plus, nous pouvons relever une locution verbale qui corrobore le mystère : « mettre des mots sur leurs pensées » qui pourrait être remplacée par un seul mot qui est le mot ‘s’exprimer’ précédée par le privatif « sans ». Cela met en exergue le fait que le narrateur tente d’atténuer d’une part le silence habituel des habitants du petit village d’Haïti et d’autre part, de s’en moquer peut-être, de faire le réquisitoire de ces cachoteries qui accentuent le mystère qui devient la norme. De plus, nous relevons l’usage répétitif de l’adverbe « rien » quand il s’agit du village ce qui contribue à prouver que le mystère devient norme, cette obsession du rien qui matérialise le silence. A cela s’ajoute le fait que Trouillot écrit : « il convient pour être heureux de les laisser à leur mystère. ‘Laissez les choses à leur mystère’. » Le mystère deviendrait-il l’essence de l’existence des habitants d’Anse-à-Fôleur ?

Par ailleurs, le silence vient s’opposer au bruit. Il serait intéressant de se pencher sur l’interprétation du champ sémantique du bruit puisque l’auteur consacre des parties entières à la description de la ville de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti et également le lieu de sa naissance.

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