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Le portrait de Philémon, Les Caractères, La Bruyère

Commentaire de texte : Le portrait de Philémon, Les Caractères, La Bruyère. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  1 352 Mots (6 Pages)  •  4 540 Vues

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COMMENTAIRE LITTÉRAIRE

Support: Le portrait de Philémon, Les Caractères, La Bruyère

La remarque 27 du chapitre « Du mérite personnel » extrait des Caractères fait partie des nombreux portraits dressés par La Bruyère, basés sur les vices et les travers de l’humanité. L’auteur s’y emploie à faire œuvre de moraliste : Sa charge de précepteur auprès des Condé lui ouvre les portes de la cour de Versailles et lui permet d’observer les courtisans en action.

Ce blâme met en scène le personnage de Philémon dont le trait dominant est de briller en société par ses biens et non par son être. Le travail du moraliste consiste non seulement à user de la caricature pour souligner l’illusion dans laquelle ce personnage vaniteux évolue, mais aussi celle de leurs admirateurs dupes qui contribuent à la maintenir et à conforter cette confusion entre avoir et être.

La méprise de ces individus suscite le mépris de La Bruyère : celui-ci ironise sur l’aveuglement des courtisans et des flatteurs, expose avec clarté et objectivité la primauté de l’être sur l’avoir et le paraître ; il s’ingénie simplement à rappeler l’inadéquation de cette formule : « j’ai donc je suis ».

Pourtant La Bruyère ne vise aucun de ses contemporains en particulier mais indexe un défaut de la nature humaine sur lequel il porte un jugement sévère et lucide. Philémon est le nom choisi par l’auteur pour incarner un type : c’est une allégorie de la vanité chargée des traits de tous les vaniteux d’hier, de demain, d’ici ou d’ailleurs, parfois jusqu’à la caricature. La portée est donc universelle.

Premièrement, “Philémon”, étymologiquement signifie “le seul qu’on aime”, n’existe que dans le regard admiratif des autres. Nous pouvons aussi remarquer l’anaphore du pronom “il”: “il éclate”, “il est habillé”, “il a”, “il fait”. Ces deux choses nous montrent à quel point Philémon est le sujet du texte et de tous ses admirateurs.

Nous allons maintenant évoquer la cause de cette admiration.

L’auteur dépeint le personnage en utilisant le vocabulaire de la perception visuelle “éclate, montre, briller aux yeux, parure, voir, brillant” et le jeu sur les champs sémantiques “habit/habillé”, “briller/brillant” ceux-ci soulignent l’importance de l’apparence soutenue par l’avoir et le goût clinquant de Philémon.

Ce dernier possède des biens d’une grande valeur, nous pouvons voir le champ lexical de l’opulence traduit par les matières nobles et précieuses : “or, onyx, diamant “ et par les longues périphrases pleines d’expansions “un gros diamant qu’il fait briller… parfait” et les accumulations “ce carrosse brillant … équipage” qui soulignent l’abondance des biens.

Le champ lexical de la vanité est aussi présent: “habits, montre, épée, bijoux, carrosse”, l’auteur nous fait comprendre que l’avoir equivaut la vanite. Même les deux premiers mots du portrait: “L’or éclate” nous illustrent l’importance de la richesse matérielle du personnage.

Cette somptuosité est au centre des préoccupations, est l’objet de tous les regards des “coquins” qui suivent Philémon.

Ces derniers sont dupes expriment leur émerveillement avec des adjectifs mélioratifs et superlatifs : “des plus belles, si précieuses, parfait”, ce dernier constituant une hyperbole qui exprime bien l’impact de cet étalage de richesses. L’utilisation de verbes d’opinion “tu penses...croit” a aussi pour conséquence de nous indiquer l’illusion du personnage et le fait que lui et son personnel domestique sont dupes.

Mais tout le monde n’est pas dupe, en réponse à la tromperie dont ses admirateurs font l’objet, Philémon est pris à parti par une apostrophe directe et franche du locuteur qui lui déclare que c’est lui qui se trompe en voulant tromper les autres.

 La distinction entre avoir et être est présente, soulignée par une multitude de procédés comme l’opposition des pronoms “vous/je”, l'opposition verbale: “il a/qui n’es”, l’opposition lexicale: “chose/personne” et l’opposition entre les périphrases et les pronoms personnels: “ce grand nombre de coquins qui te suivent” / “tu te”.

Cette dissociation claire entre les objets et le possesseur est également accentuée par la construction inhabituelle de la phrase “Ces habits et ces bijoux de Philémon” avec des déterminants démonstratifs et un complément du nom, a la place de l’emploi des déterminants possessifs “ses habits et ses bijoux”. La symbolique des “yeux” qui sont le miroir de l'âme, révélateur de la vérité psychologique évoque “l'intérieur manquant d’esprit” de Philémon.

Deux figures de style manifestent le souci du personnage de dissimuler sa veritable personnalite derrière les apparences. Ce sont le parallélisme et l'antithèse dans “qui te suivent/qui te traînent”.

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