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Le malade imaginaire analyse linéaire

Fiche : Le malade imaginaire analyse linéaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Mai 2022  •  Fiche  •  1 924 Mots (8 Pages)  •  478 Vues

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Extrait 1 : Le Malade Imaginaire, scène 5, acte I. Du début de la scène jusqu’à « Il faut qu’il ait tué bien des gens pour s’être fait si riche. »

Méthode APE –argumentation procédé exemple-

Intro selon méthode :

Au XVIIème siècle, le théâtre est marqué par l’intronisation du classicisme où les principes de la bienséance et de la vraisemblance priment. La pièce –le théâtre- doit amener le public à réfléchir mais rien ne doit nuire à la moralité. Molière « châtie les mœurs en riant » -castigat ridendo mores- et dépeint dans sa comédie-ballet, Le malade imaginaire une société dans laquelle le patriarcat est prégnant. En utilisant divers procédés comiques, il inverse les valeurs jouant sur les situations de quiproquo, changeant les rôles et tournant en dérision les mœurs de l’époque.

Projet de lecture: Dans l’extrait soumis à notre analyse acte I scène5, on peut donc voir comment Molière utilise les ressorts comiques en vue d’une satire sociale jouant sur des mises en situation scéniques allant du quiproquo à l’affrontement des personnages révélant leur personnalité.

 Le projet de lecture aurait pu être focalisé sur ce que la scène révèle des personnages- avec un projet de lecture légèrement différent : En quoi le projet de mariage est-il révélateur des personnages et du comique de la scène ?

Les deux mouvements de l’extrait -

1 Premier mouvement : le quiproquo comique

Le conflit autour de la question du mariage constitue le schéma traditionnel de la comédie. Présent dans la comédie antique puis dans la commedia dell’arte, il est décliné sous différentes formes par Molière : intrigue simple dans Le Malade imaginaire comme dans Le Médecin malgré lui, doublement de l’intrigue dans Les Fourberies de Scapin, réunion en un seul personnage du barbon et du rival dans L’École des femmes ou dans L’Avare.

-Le quiproquo : un comique de situation classique utilisation de pronom indéfini « on vous demande en mariage. Utilisation de la négation « ne vous attendez-vous pas ? » « il n’y a rien de plus drôle ». Le père pense surprendre sa fille mais le public sait qu’Angélique a un prétendant...La scène précédente est justement l’aveu du penchant amoureux d’Angélique pour Cléante à Toinette par cette première. La coïncidence laisse à penser que les vues du père sont ceux de la fille. Or, tel n’est pas le cas.

Le procédé employé, qui relève du comique de situation, est un procédé spécifiquement théâtral car, dans la réalité, il est impensable qu’une telle erreur puisse ainsi se prolonger. L’enfermement de chacun des deux personnages dans un point de vue unique – la maladie pour Argan et l’amour pour Angélique – rend ici crédible le malentendu : impossible pour l’un comme pour l’autre d’imaginer une position différente de la leur. À partir de ce principe fondateur, le dramaturge nous divertit en multipliant les répliques qui maintiennent le malentendu.

-Le public victime comme Angélique découvre la vérité avec elle. Utilisation de verbes attenants à la morale « je dois faire, mon père… », « suivre aveuglément toutes vos volontés », image de la jeune fille soumise et obéissance du XVIIème siècle.

On voit qu’Argan n’a pas attendu d’avoir l’approbation de sa fille pour la marier. Le passif « est conclue » est un présent qui pourrait nous laisser penser que le père avait besoin de connaître les sentiments de sa fille ; mais le passé composé « ai promise » marque l’antériorité par rapport à la scène et montre que la décision échappe totalement à la jeune fille. Autorité absolue d’un côté et soumission aveugle de l’autre: ce passage illustre ce qu’est le mariage au XVIIe siècle.

Nous sommes bien dans l’univers de la comédie, celui d’une famille en crise. Au milieu de l’acte I cette crise n’a pas encore éclaté et ni Argan ni Angélique ne la pressentent. La bonne entente semble régner : le père et la fille rivalisent de propos aimables : « Je suis bien aise », « C’est à moi ».

-Le jeu sur les désignations ambiguës des personnages (« on », « la personne », « ils », « grand jeune homme »..), installe de façon lente le doute…  

- intervention de Toinette de façon sibylline dans ce dialogue entre père et fils qui nous en apprend davantage sur les personnages qui pour l’instant ne sont pas apparus (comme Béline et les médecins).

Seule Toinette semble avoir cerné les conflits latents. Ses répliques sont comme extérieures au dialogue, elles sont, à destination du public, une invitation à adopter un recul vis-à-vis de la situation. Dans les deux cas, Toinette sait manier l’implicite et faire preuve de discernement : « La bonne bête a ses raisons » : le substantif « bête » montre ce que Toinette pense de Béline ; associé à l’adjectif « bonne », il indique au spectateur que la servante a démasqué l’hypocrisie de la seconde épouse d’Argan.

-Le rythme de la scène : accélération, répliques courtes, affirmatives composées de qualificatifs « bonne physionomie » « bien né » « fort honnête » jusqu’à « Qui parle bien grec et latin »,

Ainsi, dans un premier temps, l’énumération des qualités du prétendant ralentit la révélation de l’identité sans nous préparer à ce qui va éclater : « grand jeune garçon bien fait », « De belle taille », « Agréable de sa personne », « De bonne physionomie», « Sage, et bien né », « Fort honnête ». Angélique ne peut qu’exprimer (de façon mécanique) son approbation.

-Comique de mots : la stichomythie enchaîne des répliques nominales ainsi que la répétition de la structure (qualité nommée par Argan, approbation d’Angélique) sur laquelle se tissent les variations lexicales : « bien fait », « belle », « agréable », « bonne », etc., pour Argan et « Oui », « Sans doute », « Assurément », « Très bonne », etc., pour Angélique.

Puis Dans un second temps, pour le plus grand plaisir du spectateur qui se demande quand la vérité va éclater, la mécanique du consensus commence à se gripper. Après avoir énuméré les qualités du jeune homme choisi, Argan donne en effet des informations qui ne semblent pas correspondre à Cléante : « Qui parle bien latin, et grec », « Et qui sera reçu médecin dans trois jours », « qui a Monsieur Purgon pour oncle ». Puis les désignations deviennent précises, et les noms apparaissent (« le latin et le grec », « médecin dans trois jours », « Monsieur Purgon », « Cléante, neveu de Monsieur Purgon ? ») souligner l’importance des noms propres.

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