Le jeu de l'amour et du hasard fiche de lecture

Martha Myotte-Duquet

Fiche de lecture Français

20/10/2021

Le jeu de l’amour et du hasard

MARIVAUX

Paru en 1730, la pièce de théâtre Le jeu de l’amour et du hasard est une comédie en trois actes et en prose de Marivaux.

Elle traite de sujets traditionnels de la comédie tels que le mariage, le déguisement ou la découverte des sentiments amoureux. La pièce reprend un certain nombre de procédés traditionnels de la comédie italienne. Elle a en effet été jouée pour la première fois sur la scène du Théatre-Italien.

Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, dit Marivaux, est né à Paris dans une famille de petite noblesse. Marivaux est un dramaturge et écrivain qui illustre admirablement la vie en société du XVIIIe siècle dans ses écrits : il est un parfait témoin des nuances de l’amour à son époque.  

Son style peut parfois être considéré comme superficiel et frivole.

Son nom a donné naissance au terme de marivaudage qui a par définition deux significations :

• soit une galanterie délicate et recherchée. On peut lui trouver comme synonyme « le badinage ». C'était l'une des principales distractions des nobles au XVIIIème siècle.

• soit le raffinement du style (précieux) et de l'expression amoureuse, comme par exemple le marivaudage d'un écrivain.

On peut retrouver des caractéristiques du Marivaudage dans l’œuvre Le jeu de l’amour et du hasard : des apartés (pour montrer presque malgré soit un début d'inclination), des tirades (pour montrer au spectateur combien le personnage se trompe lui-même, ou au contraire combien il maîtrise la situation), du badinage amoureux (avec l'emploi de figures de style comme des hyperboles et des jeux de mots), et également des discours ambigus.

Analyse de l’action :

L’acte 1 est l’acte des leurres : On observe la mise en place des déguisements respectifs qui sont

l'effet d’un hasard initial.

Silvia confie à Lisette ses inquiétudes à l’idée d'épouser un inconnu (sc.1) et son père, Monsieur Orgon, l’autorise à prendre la place de sa servante pour observer son « futur » mari potentiel (sc.3).  Orgon explique à son fils que Dorante a eu la même idée que sa fille (sc.4). Silvia se promet de plaire à Dorante même sous son déguisement (sc.5).

Marivaux fixe ici le défi des classes sociales et pose la problématique de son roman.

Dès leur première rencontre Silvia et Dorante se plaisent mutuellement et badinent malgré leur surprise mutuelle à voir l’autre s’exprimer au-dessus de sa condition (sc.6).

Arlequin, de son côté, fait mauvaise impression à Silvia et se fait disputer par Dorante. Il s'efforce de faire bonne impression à Orgon (sc.10).

L’acte 2 est l’acte des rencontres et des contrariétés.

Lisette reçoit l’autorisation d’épouser celui qu’elle prend pour Dorante et rapporte que le “vrai” Dorante et Silvia ne sont pas indifférents l’un à l’autre (sc.1). Arlequin courtise Lisette avec empressement malgré les recommandations de son maître (sc.3, 4, 5). Silvia interrompt le tête-à-tête d’Arlequin et Lisette et ordonne à sa servante de rejeter les avances du “faux” Dorante (sc.6, 7). Lisette refuse et fait remarquer à sa maîtresse qu’elle s'intéresse un peu trop au valet de Dorante. Silvia n’accepte pas l’idée d’être amoureuse d’un domestique mais finit tout de même par avouer à Dorante que sans sa condition sociale elle aurait pu lui marquer de l’affection. (sc.9). Silvia vexée déclare à son père qu’elle souhaite en finir avec la comédie. (sc.10). Dorante lui révèle sa véritable identité mais la maîtresse décide de prolonger son déguisement pour mieux tester son amant.

L’acte 3 est celui de l’épreuve et de la probation.

Dorante donne son accord, à contre-coeur, pour que son valet épouse Lisette (sc.1). Mario attise la jalousie de Dorante en feignant d’aimer Silvia (sc.2, 3). Silvia expose son plan à son père et son frère : obliger Dorante à lui déclarer son amour en dépit de sa prétendue condition de servante. (sc.4). Lisette obtient d’Orgon la permission d’épouser Arlequin et les deux amants finissent par se dévoiler leur identité (sc.6). Arlequin se venge de Dorante en lui faisant croire que la fille de M.Orgon tient à l’épouser (sc.7). Dorante, jaloux de Mario, menace de partir mais Silvia parvient à le retenir. Il finit par lui demander sa main sans connaissance de cause. Silvia termine en déclarant à son père qu’elle accepte le mariage avec Dorante comme promis au début. (sc.9)

Écriture de la pièce :

        La pièce de Marivaux s’inscrit dans un contexte culturel : le siècle des lumières. Cette période se caractérise par un désir de progrès dans tous les domaines : politique ( la monarchie  absolue est remise en question ), religieux, culturel et plus globalement par le déclin de l’aristocratie et l’essor de la bourgeoisie.  

Dans le domaine du théâtre, le siècle des lumières en France est principalement marqué par deux auteurs (si l’on excepte Voltaire) : Marivaux et Beaumarchais (Le mariage Figaro). Ces deux dramaturges s’éloignent du classicisme de Molière et, à leur façon, réinvente un genre théâtral plus léger : le badinage amoureux.

Le jeu de l’amour et du hasard appartient au genre de la comédie.

La comédie est un genre dramatique visant à faire rire (pour mieux dénoncer les vices de la société). Il est par définition opposé à la tragédie.

La pièce subit majoritairement les influences de la Commedia dell’arte née au XVIème siècle en Italie.  Ce mouvement se caractérise principalement par des plaisanteries burlesques, des jeux de scène comique, des gestes grotesques, des acteurs spécialisés dans un seul rôle. On y trouve aussi l’utilisation de masques et de costumes traditionnels ainsi que des personnages connus et emblématiques comme Arlequin, Scapin, Silvia ou Polichinelle.

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